Depuis qu’il est accusé de s’être dopé à l’EPO en 1998, la défense de l’ex-champion cycliste rappelle celle de Richard Virenque à l’époque. C’est dire...
Quelque part entre Paris et la Méditerranée, avant la grande traversée vers la Corse et les embruns du large, les suiveurs pénitents doivent déjà prendre la plume. Non pour glorifier avant l’heure la centième édition du Tour de France, mais bien pour passer une nouvelle fois un coup de chiffon sur de maudits souvenirs dont nous avons peine à croire qu’ils datent de plus d’une décennie. Jadis, nous rattrapions les « affaires » à force de ténacité et de coups reçus. Désormais, elles viennent à nous toutes seules, quand elles ne nous précèdent pas…
Depuis lundi soir, Laurent Jalabert se trouve donc au coeur d’un cyclone qui n’a pas fini de dévaster tout ce qu’il va effleurer. Selon le journal l’Equipe, des traces d’EPO synthétique auraient été retrouvées dans les urines du Français prélevées en juillet 1998.
Le quotidien sportif explique que l'Agence française de lutte contre le dopage (ALFD) a mené des tests rétroactifs en 2004, de manière totalement anonyme, afin d’assurer à l’époque « la robustesse de la méthode de détection urinaire de l’EPO ». Seulement voilà, la commission d’enquête sénatoriale sur l'efficacité de la lutte contre le dopage en France, qui officie depuis le 14 mars dernier, a eu l’autorisation d’exhumer les PV. Et ainsi de mettre des noms sur les échantillons testés. Le 18 juillet prochain, les sénateurs publieront d’ailleurs l’intégralité de leur rapport ; certains doivent trembler depuis leurs retraites dorées…
« Je suis tombé de l'armoire. » Les premières réactions de Laurent Jalabert ne nous ont guère émus, encore moins impressionnés. « Dopé peut-être, à l'insu de mon plein gréé », a-t-il ajouté, singeant jusqu’à l’absurde le Richard Virenque de la grande époque, celle du procès Festina. Sauf que nous ne sommes plus en 1998. Dès lors, quel crédit accordé à l’ex-numéro un mondial (95, 96, 97 et 99), l’un des leaders, pendant huit ans, de la sulfureuse équipe espagnole ONCE ? « Je ne peux pas dire que ce soit faux, je ne peux pas dire que ce soit vrai », a ajouté l’ancien vainqueur de la Vuelta (1995). Avant de s’enfoncer : « J'ai toujours fait confiance aux gens qui m'entouraient. Nous étions soignés, c'est vrai, il était très difficile ou impossible de savoir quels étaient les médicaments qu'on pouvait nous administrer parfois. » Hier, au grand soulagement d’une flopée d’hypocrites, Jalabert a renoncé à son rôle de consultant pour France Télévisions et RTL. D’autres prenaient déjà le bateau pour la Corse.
[Article publié dans l'Humanité du 26 juin 2013.]