En effet, "Bambi", c'est est désormais également le titre d'un nouveau film réalisé par Lifshitz, et qui sort simultanément en DVD ( depuis hier, le 25 juin) et en salles , et que j'ai eu la chance de voir grâce à mon fidèle partenaire, Epicentre Films.
Sebastien Lifshitz, je vous en ai parlé très récemment lors de ma chronique du film Les Invisibles, ce très beau documentaire, césarisé cette année, dans lequel le cinéaste part à la rencontre de ces homosexuels sexagénaires (voire plus) qui avaient tant lutté pour vivre pleinement leur sexualité.
On pense d'ailleurs énormément aux Invisibles pendant la diffusion de ce Bambi, et cela est d'autant plus logique que le portrait de Bambi devait au départ former l'un des chapitres des Invisibles, mais que Sebastien Lifshitz a tellement été sous le charme de la personnalité et de la vie de ce personnage hors du commun qu'il a décidé d'en faire un film plus long, presque un long métrage, puisque le film dure 58 minutes, 58 minutes qui paraissent même trop courtes tant la compagnie de cette Bambi est des plus agréables et passionnantes qui soient.
Et puis, autre raison qui font que le film n'avait pas forcément sa place dans le long métrage précité, c'est qu'on ne parle pas ici de l'homosexualité, mais du transexualisme, avec des problématiques et des questionnements bien divergents.
Il faut dire que Bambi est née à Alger, et d'un sexe, le masculin, et d'un prénom, Jean Pierre, qu'elle récuse largement. Dès sa plus tendre enfance Marie-Pierre ne veut s'habiller qu'en robe et ne s'imagine pas autrement qu'en fille. A 17 ans, sa vie bascule lorsqu'elle découvre la revue d'un cabaret de travestis en tournée : le Carrousel de Paris. En quelques années, elle prend le surnom de « Bambi », et devient une meneuse de revues emblématique du monde de la nuit de la capitale, dans les années 1950, puis 1960.
Le film nous met alors dans les traces de cette personnalité si atypique, à une époque où le transexualisme était encore plus tabou que maintenant, et où les opérations se faisaient forcément dans des pays très lointains.
Personnellement, si, avant de voir ce film, je ne pensais pas avoir entendu parler de Bambi, je connaissais bien une autre transexuelle star du Caroussel, Coccinelle, qui a continué, au contraire de Bambi son métier de chanteuse danseuse tout au long de sa vie, et qui avait l'habitude de squatter les plateaux TV.
Comme pour les invisibles, le réalisateur alterne interviews (toujours un peu trop statiques, c'est le défaut-mineur- des deux films) de l'objet du documentaire, et montages d'archives extrémement bien choisis et judicieusement amenés.
Marie Pierre dit Bambi est une femme passionnante à écouter, d'une richesse et d'un recul sur soi exemplaire, et on aurait aimé l'écouter plus longtemps, regrettant notamment que toute la seconde partie de sa vie (et notamment les 25 années qu'elle passa simplement à enseigner) soient juste évoquées.
Un très beau film, sensible et émouvant, mais jamais larmoyant, et qui montre que décidement, Lifshitz est parfaitement à son aise pour témoigner de tout ce qui aborde les questions liées aux différentes sexualités existantes et aux différentes problématiques inhérentes.