Magazine Culture
Editions J'ai Lu440 pages7,90 euros
Résumé :
Avec sa petite blouse à fleurs et son air timide, Valentine Vendermot et son histoire de fantômes ne sont pas de taille à mobiliser une brigade parisienne. Pourtant, le commissaire Adamsberg a très envie de s'intéresser à cette chevauchée nocturne dans le bocage normand. Il délègue l'enquête en cours et se rend sur les lieux : Ordebec, son église, son bistrot, son chemin de Bonneval, ses crimes atroces.
L'avis de Dup :
Je vous présente aujourd'hui mon auteur préféré de polar : Fred Vargas. Et non, ne cherchez pas dans la bibli de ce blog, vous ne trouverez aucune chronique la concernant. C'est une auteur que j'ai découvert dans les années 2000 avec L'homme à l'envers. Cela a été le coup de foudre immédiat et je me suis empressée de combler mes lacunes en lisant TOUS les romans déjà parus de cette grande dame. Tant et si bien que je me suis créée toute seule une overdose...Donc, lorsque j'ai postulé récemment pour lire et chroniquer L'Armée furieuse, j'avais malgré tout une légère appréhension. Et bien, c'était sans compter sur la magie de la plume de cette auteur. Mes retrouvailles avec son illuminé de commissaire ont été un réel plaisir.Malgré une intrigue plus que tordue, hyper complexe, car avec des ramifications qui partent dans des directions vraiment différentes. Fred Vargas nous fait explorer la légende de l'Armée furieuse, cette horde de cavaliers mort-vivants constituant la Mesnie du Seigneur Hellequin qui hante certains chemins du nord de l'Europe, appelés Grimweld. Ils viennent parmi les vivants désigner des "saisis", des individus ayant commis un crime caché et qui seront à leur tour victime d'un meurtre à connotation médiévale. La moitié de l'action se passe à Paris, l'autre moitié à Ordebec, là où passe le fameux Grimweld. Et même si les enquêtes demandent un minimum d'attention au lecteur, cette lecture passe comme une friandise, avec légèreté et rapidité. Un plaisir intense essentiellement dû aux particularités intrinsèques d'Adamsberg. Enfin, c'est mon ressenti et je vais m'en expliquer.Ce personnage phare de Fred Vargas, il faut ABSOLUMENT faire sa connaissance au moins une fois. Je n'ai jamais vu un héros aussi atypique, aussi décalé et aussi agréable à suivre. Il est reposant, voilà le terme qui résume le mieux mon sentiment. Il est comme emplit d'une zénitude communicative, contagieuse.Adamsberg tira une chaise et s'assit en allongeant les jambes, fermant le petit cercle des trois hommes devant la cheminée.- Il n'empêche, commença-t-il - et sa phrase s'arrêta là, comme souvent, faute d'une pensée assez précise pour pouvoir la poursuivre. Danglard n'avait jamais pu s'accoutumer aux brumes indécises de l'esprit du commissaire, à son absence de suivi et de raison d'ensemble.Et dans cet opus, faire la connaissance de Zerk (son fils qu'il vient apparemment de découvrir alors qu'il a 28 ans ), et réaliser qu'il est la copie conforme du père est un véritable bonus. Notamment le regard :Les yeux d'Adamsberg étaient revenus à leur état presque normal, aqueux, "algueux" disaient certains, obligés d'inventer un mot pour décrire cet aspect fondu, indistinct, presque pâteux.Ils avaient un regard similaire, noyé, sans éclair ni précision, la prunelle indistincte et insaisissable.La découverte réciproque, l'apprentissage gauche, par tâtonnement, du lien affectif qui les lie est un délice.Mais Adamsberg n'est pas le seul bras cassé de l'équipe de la brigade parisienne. Car il faut le dire, il est entouré d'adjoints hors-normes eux aussi. Ils sont tous dans l'excès de quelque chose, un quelque chose qui ne cadre pas avec le fonctionnement "normal" d'un commissariat ! Le commandant Danglard, véritable encyclopédie sur patte mais alcoolique notoire qui voue une amitié indéfectible au commissaire.Quant aux différents lieutenants, l'un est narcoleptique, l'autre boulimique, un autre féru de zoologie et hyper pointu en poissons, mais d'eau douce... et il y a le lieutenant Violette Retancourt. Une tête de plus qu'Adamsberg, plus large que haute... Le seul élément fiable de ce commissariat, le pilier sur lequel se repose Adamsberg, sa grosse Berta en quelque sorte :)).Et tout ce monde là se sert les coudes et marche bon an, mal an, derrière les lubies de leur chef. Ils s'occupent de la veuve et de l'orphelin, du pigeon maltraité, et suivent avec ferveur notre "pelleteur de nuages". Comme ce dernier terme lui va bien !!!En soi, perdre du temps ne gênait pas Adamsberg. Insensible à la brûlure de l'impatience, il n'était pas prompt à suivre le rythme compulsif de ses adjoints, pas plus que ses adjoints ne savaient accompagner son lent tangage.Un régal mes amis ! Cet opus, comme les précédents. Je pense me procurer très bientôt Un lieu incertain, le volume précédent dans lequel Adamsberg découvre l'existence de son fils Zerk si j'ai bien compris. Puis j'attendrai bien sagement la sortie poche du suivant pour compléter ma collection de Fred Vargas qui sera ainsi au complet ! Bon, vous l'avez compris : Coup de coeur !