Chaque année, une question traverse mon esprit : face au nombre incommensurable de nouvelles séries, que regarder ? Et sur quelles créations puis-je faire l'impasse en toute sérénité ? Voici donc mon petit topo personnel – et naturellement non exhaustif parce qu'il est humainement impossible de regarder toutes les productions – qui, je l'espère, vous aidera à faire votre sélection.
Pour ma part, je n'ai pas vu (par manque de temps, d'intérêt ou simplement suite à un mauvais pressentiment) Zero Hour, Golden Boy, Hermlock Grove,Da Vinci's Demons, Derek, Seed, Zombieland, Do No Harm, Monday Mornings, Plebs, How to live with your parents et bien d'autres encore. N'hésitez donc pas à me donner votre avis sur ces séries ! Quant à moi, je vous laisse avec mon palmarès.
- House of Cards (Beau Willimon) Un thriller acide qui dissèque, à travers le quotidien d'un aussi brillant qu'abject politicien, les arcanes du pouvoir. Un fabuleux essai sur la manipulation, la trahison et l'hypocrisie, dénué de tout sentimentalisme et saupoudré de sexe et de drogue. Une mise en scène distanciée enfin, d'un raffinement extrême, des dialogues et des soliloques d'une rare intensité et deux têtes d'affiches (Robin Wright et Kevin Spacey) au sommet de leur art. Un must see, tout simplement.En deux mots : intelligente et bavarde.Pour qui ? Les acrobates de l'esprit.
Statut de la série : renouvelée.
- Utopia (Dennis Kelly)
Un ovni psychédélique qui relate le destin mouvementé de quatre inconnus traqués par deux tueurs à gages car en possession d'un manuscrit supposé révéler les secrets gouvernementaux. Bourré d'humour noir, un scénario jouissif sublimé par un montage impeccable et une photographie saturée (clin d'œil au graphic novel). Bref, une claque visuelle et scénaristique monumentale et, accessoirement, la meilleure série de 2013 selon moi.En deux mots : originale et violente. Pour qui ? Les complètement barrés
Statut de la série : renouvelée.
Les grosses pointures
- Hannibal (Bryan Fuller)
Un thriller goûtu qui retrace l'aussi dangereuse qu'inopinée amitié entre Hannibal Lecter et Will Graham, un profiler au FBI. Une série à l'ADN monstrueusement glauque qui, au moyen d'une violence constamment esthétisée – et addictive – teste les limites de ses spectateurs. Le dernier rejeton de Bryan Fuller (le papa de Pushing Daisies) est enfin transcendé par Mads Mikkelsen (Hannibal). Bref, 40 minutes d'un nauséeux délice. Aussi écœurant que jouissifEn deux mots : glaçante et troublante. Pour qui ? Les esthètes sado-masochistes.Statut de la série : renouvelée.
- In the flesh (Dominic Mitchell)
Un drame surprenant qui dépeint la réinsertion de zombies (ou, pour reprendre la terminologie de la série, de personnes atteintes du partially deceased syndrome) dans un monde postapocalyptique. Une mini-série singulière qui adopte une esthétiqueneutreet ainsi dénote avec le traitement habituel – "surgorisé". Un regard intelligent sur les maux de notre société (ineptie des instances politiques face à une mutation sociale, enfermement xénophobique etc)En deux mots : drôle et tendre.Pour qui ? Les zombiephiles sensibles.
Statut de la série : renouvelée.
- Top of the lake (Jane Campion et Gérard Lee) Une mini-série atypique qui évoque la disparition d'une fillette de 12 ans (enceinte de plusieurs mois) dans une communauté isolée. Un policier signé Jane Campion (!) qui, comme toujours, soigne sa réalisation (lente et presque cinématographique) mais aussi son atmosphère et qui, ici, privilégie les personnages (le casting est d'ailleurs irréprochable : E. Moss, Holly Hunter...) à l'intrigue un brin prévisible. Petit bonus : des paysages néo-zélandais à couper le souffler.
En deux mots : étrange et mélancolique. Pour qui ? Les curieux anti-adrénaline.
Statut de la série : achevée.
Les bonnes surprises
- My Mad Fat Diary (Tom Bidwell, Tim Kirkby et Benjamin Caron)
Une comédie dramatique surprenante qui retranscrit le quotidien d'une jeune obèse dans les années 90. Un portrait très juste – entre détresse, embarras et réapprentissage de la vie – de l'adolescence, agrémenté d'une BO de qualité (les 90's !) et de gribouillis narratifs fantaisistes (comme ici). Bien que naïf et un brin cliché, une série poignante, pétrie d'autodérision, qui touche en plein cœur. Et assurément le meilleur des teen-show depuis des années.En deux mots : authentique et émouvante. Pour qui ? Les mal dans leur peau.
Statut de la série : renouvelée.
- Orphan Black (Graeme Manson et John Fawcett)
Un thriller prometteur dans lequel une femme assiste au suicide d'une autre femme, qui lui ressemble étrangement, et emprunte son identité. Une série futuriste qui mêle clonage et complot avec intelligence et progresse de rebondissements en cliffhangers. Une création américano-canadienne parfois invraisemblable et caricaturale mais fort heureusement compensée par la remarquable prestation de Tatiana Maslany. Un excellent divertissement.En deux mots : haletante et étonnante. Pour qui ? Les allumés suspensoliques (c'est-à-dire accro au suspense).
Statut de la série : renouvelée.
- Rectify (Ray McKinnon)
Un drame singulier sur la difficile reconstruction d'un homme disculpé après dix neuf années passées en prison pour viol et meurtre. Un portrait dénué de pathos et non manichéen – à aucun moment on ne sait s'il est coupable – d'un homme pour qui la liberté devient prison. Enfin un rythme engourdi, presque contemplatif, qui permet une réflexion théolo-philosophique (la vie, la mort, Dieu, le libre-arbitre). La nouvelle perle des producteurs de Breaking Bad.En deux mots : intense et lente. Pour qui ? Les sages contemplatifs.
Statut de la série : renouvelée.
- The Americans (Joe Weisberg)
Une série d'espionnage innovante qui dépeint le quotidien de membres du KGB infiltrés dans la banlieue de Washington en pleine Guerre Froide. Si la reconstitution de l'époque n'est pas toujours aboutie – on attend plus que des voitures et vêtements d'époque –, la série n'en demeure pas moins bien ficelée et réalisée. Porté par un duo fabuleux, un thriller qui a le mérite d'aborder le renseignement du point de vue russe. Certifié sans gadgets high tech !En deux mots : habile et percutante.Pour qui ? Les esprits anachroniques.
Statut de la série : renouvelée.
Les PMFP ("Peux Mieux Faire à Potentiel")
- Bates Motel (Anthony Cipriano)
Une préquelle ambitieuse de Psychose qui reconstitue l'adolescence de Norman Bates et plus spécifiquement la relation ambiguë qu'il entretient avec sa mère. Bien que les intrigues secondaires ne soient pas toutes opportunes, un drame foncièrement sympathique parcouru par une tension palpitante et sublimé par l'incroyable prestation de Vera Farmiga dans le rôle de Norma Bates. Malgré un final décevant, de bonnes bases. Un motel 3 étoiles donc. En deux mots : tendue et névrosée. Pour qui ? Les Hitchcockiens laxistes (ou du moins, pas puristes).
Statut de la série : renouvelée.
- Broadchurch (Chris Chibnall)
Un policier classique qui retranscrit les conséquences d'un drame – le meurtre d'un garçon de onze ans – sur une petite ville touristique. Cette création britannique vaut toutefois plus pour son ambiance (les décors et la BO sont sublimes !) et son analyse des comportements humains (fêlures, drame personnel etc) que pour l'enquête qui s'avère, elle, prévisible. Le casting (D. Tennant, O. Colman) devrait enfin vous convaincre de regarder cette nouveauté.En deux mots : classique et esthétique. Pour qui ? Les spéléologues de l'âme humaine.
Statut de la série : renouvelée.
- Legit (Jim Jefferies et Peter O'Fallon)
Une comédie impudente qui relate l'amitié improbable entre un humoriste fieffé, son meilleur ami et le frère de ce dernier, cloué lui dans un fauteuil roulant. Une série diesel qui n'évite pas les poncifs du genre mais qui délivre, forte de son humour graveleux et politiquement incorrect, une belle leçon de vie. Qui plus est, un casting tonique qui laisse poindre une étonnante tendresse. En résumé, une série inégale mais éminemment grinçante et fraternelle. En deux mots : insolente et rafraîchissante. Pour qui ? Les cyniques émotifs.
Statut de la série : renouvelée.
- Vikings (Michael Hirst)
Une fresque historique qui retrace l'histoire semi-légendaire de Ragnar Lodbrok. En dépit de quelques incohérences et d'un acteur principal qui semble n'avoir que deux expressions faciales à son actif, une épopée singulière qui éclaire la mythologie et les coutumes vikings avec brio et qui confronte catholicisme et polythéisme. Parsemé de combats réalistes, une production réfléchie qui au demeurant ne se noie pas dans une adrénaline excessive.En deux mots : ensorcelante et brutale. Pour qui ? Les amateurs (ou passionnés) de culture nordique.
Statut de la série : renouvelée.
Mais aussi The Village (Peter Moffatt), qui retranscrit le quotidien d'un village de la campagne anglaise et plus particulièrement d'une famille pendant la Première Guerre mondiale et Mr. Selfridge (Andrew Davies) qui suit, elle, l'évolution du premier grand magasin londonien (ouvert en 1909). Pour ceux qui connaissent The Paradise, c'est une version plus aboutie et moins niaise (selon moi) de la série de Bill Gallagher (et avec Jeremy Piven dans le rôle titre en prime, ce qui n'est pas négligeable) !
Les séries qui cassent pas trois pattes à un canard (mais qui passent le temps)
- Banshee (Jonathan Tropper et David Schikler)
Un western contemporain qui brosse les aventures musclées d'un ex-détenu qui prétend être le substitut du shérif de Banshee. Un cocktail détonant de bagarres, courses poursuites et sexe au contexte intéressant (tout se passe en territoire Amish) – malheureusement, ce dernier n'est qu'effleuré. La production d'Alan Ball multiplie également les clichés (souvent sexistes) et ses interprètes sont plus que médiocres. Bref, du sous (sous) Justified.En deux mots : sexiste et survitaminée. Pour qui ? Les bourrins testostéronés.
Statut de la série : renouvelée (la saison 2, ce sera sans moi en tout cas).
- The Following (Kevin Williamson)
Un drame qui évoque la traque surréaliste d'un psychopathe, soutenu par une secte de serial killers qui l'idolâtre. Un scénario passionnant sur le papier (et inédit !)mais malheureusement desservi par des intrigues abracadabrantesques – prétextes à une surenchère de violence gratuite ? – et des non-sens scénaristiques (comme le rôle insignifiant de la police). Une bonne comédie en somme (un comble pour un drame qui se veut terrifiant).En deux mots : invraisemblable et étonnante. Pour qui ? Les illuminés irrationnels.
Statut de la série : renouvelée (idem, je passe mon tour pour la saison 2).
- Vicious (Gary Janetti)
Un truculent vaudeville qui relate les tribulations d'un couple homosexuel. Une écriture mordante à souhait, truffée de références caustiques (Downton Abbey, Doctor Who...), un décor rococo et un casting 4 étoiles (I. McKellen, D. Jacobi, I. Rheon et F. de la Tour) qui ne suffisent toutefois pas à combler les redondances de l'écriture (qui s'appuie constamment sur le même schéma). Une série qui pèche par manque d'audace et d'ambition ! En deux mots : drôle et lassante. Pour qui ? Les fans de Sir Ian McKellen (Le Seigneur des Anneaux, Le Hobbit), Derek Jacobi (Gladiator, Underworld 2), Iwan Rheon (Misfits) et/ou de Frances de la Tour (Harry Potter).
Statut de la série : en cours de réflexion (j'imagine).
Mais aussi The Bible, Defiance et Elementary.
Les déceptions
Elles sont au nombre de trois :
Cult (comme l'adjectif que j'aurais voulu utiliser pour les qualifier), Deception (comme l'adjectif qui s'est finalement imposé à moi) et Red Widow (comme le deuil que j'ai dû faire ensuite).De quoi ça parle ? Cult s'attarde sur une série télé qui s'avère être, officieusement, une secte, Deception suit les aventures d'une détective qui s'infiltre dans une famille richissime pour résoudre le meurtre de leur héritière (et accessoirement, autrefois, sa meilleure amie), quant à Red Widow elle relate l'immersion forcée d'une femme dans la mafia, suite à l'assassinat de son mari. Sur le papier, excepté Cult, rien de franchement folichon donc (à moins que l'on cherche une cousine de Revenge et un sous Weeds). Cela dit, je fais partie des sériephiles qui donnent toujours une chance... À mon grand dam.
Motifs de ma déconvenue ? Incohérences voire invraisemblances, clichés à gogo voire caricatures, interprétations plus que médiocres (oui, même toi Robert Knepper), sensation d'ennui profond et permanent, vacuité réflexive... Bref, pas les effets secondaires que je recherche.Statut de ces trois séries ? Annulées. La vie est bien faite (parfois).Bilan
Comme souvent, ABC (Red Widow) et CW (Cult) ne sont pas à la hauteur de mes attentes. CBS (Elementary), SyFy (Defiance), Cinemax (Banshee) et Fox (The Following) ne proposent rien de renversant. NBC surprend et déçoit à la fois avec Hannibal d'un côté et Deception de l'autre.
History (Viking,The Bible) est je pense une chaîne à suivre de très près. De belles surprises du côté d'ITV (Broadchurch, Mr Selfridge et Vicious), A&E (Bates Motel), BBC One (The Village) et BBC America (Orphan Black). Un vrai plaisir devant FX (Legit, The Americans) et BBC Three (In the flesh).
Et la palme à Channel 4 et Sundance Channel pour leurs séries respectives (Utopia et My Mad Fat Diary pour la première, Rectify et Top of the lake pour la seconde). À noter également, l'arrivée de Netflix avec House of Cards et également Arrested Development dont je ne parle pas ici car je vous en avais déjà dit le plus grand bien ici (bon et puis aussi car la nouvelle saison, dont je n'ai vu que 4 épisodes pour l'instant, ne comble pas tout à fait mes attentes).Rendez-vous en fin d'année pour un nouveau bilan (et peut-être à la fin de l'été pour une review plus succincte des nouveautés estivales) !