Générations Y : travailler avec des cerveaux droits

L’homme pousse de deux manières : à la manière d’un végétal, il peut se constituer du sol vers le ciel ou du ciel vers le sol. C’est Marie-Françoise Neveu, psychologue clinicienne, qui fait la constatation de ce modèle. Ainsi, tout comme un végétal, il peut se développer à la manière d’une graine: son énergie rayonne alors de bas en haut, la sève monte dans les branches qui se déploient vers le ciel. Ou alors, il peut se développer à la manière d’une bouture, il se développe alors de haut en bas, la sève descend dans les racines qui se déploient vers la terre. Selon leur type, les personnes fonctionnent différemment, ainsi les personnes qui viennent “de la terre”, sont plus pragmatiques, analytiques, scientifiques, et elles se constituent par l’acquis et le passé; au contraire, les personnes qui viennent “du ciel” sont plus créatives, spontanées, inventives et elles se projettent dans l’avenir.

Cette classification en deux types correspond grosso modo à ce qu’on appelle l’asymétrie cérébrale, les cerveaux dits droit et gauche, c’est à dire les cerveaux créatif et cognitif. Ce qui est très intéressant dans cette histoire, c’est que la psychologue a perçu une tendance forte parmi les enfants modernes, ils tendent à être plus nombreux dans le groupe “céleste”, elle voit ainsi une recrudescence de “cerveaux droits". Les enfants modernes sont plus créatifs, plus curieux, plus intuitifs, ils sont plus agités également, et ils prennent des risques. C’est une tendance générale qui est constatée par beaucoup de psychologues et d’observateurs. Notre planète et nos sociétés modernes tendent donc à se peupler d’humains qui sont plus spontanés et intuitifs, plus susceptibles de suivre leurs propres envies, plus à l’écoute de leurs émotions et de moins en moins contrôlables.

Au sein des entreprises, ceci explique les tensions et les incompréhensions grandissantes entre les générations. Les salariés issus de la génération Y – "why" en anglais, pourquoi – les plus jeunes, sont dans la remise en question permanente, ils ont besoin de comprendre le sens de leur travail, ils fonctionnent à l’intuition, et surtout comme ils le veulent, ce sont des cerveaux droits! Dans les faits, les managers font face à des " jeunes" qui sont des électrons libres plus difficilement contrôlables, qui peuvent avoir des difficultés à suivre les règles ou de simples horaires de travail, et avoir des exigences jusque là inédites chez leurs parents. Face à la discipline de leurs aînés qu’ils perçoivent comme étouffante, ils n’hésitent pas à se rebeller, voire à quitter l’entreprise du jour au lendemain…

Cette tendance profonde qui imprègne le monde de l’entreprise et la société plus généralement est évolutive et sans doute inexorable, l’enjeu pour les organisations et l’entourage de ces nouvelles générations est de s’adapter à ces nouveaux modes de fonctionnement, de proposer des conditions de travail modifiées en conséquence faute de quoi elles risquent de se couper des ressources vives indispensables. Certaines entreprises bien connues mais également des PME et des startups l’ont déjà compris, qui mettent en place des structures et organisations allégées et agiles, et favorisent la créativité et le mouvement dans leur propre sein.