En 2013, le monde entier connait QATAR ou du moins en a entendu parler. Tout le monde, du fin fond de l’Australie aux steppes de la Russie profonde, tout le monde se souvient de cette image de Joseph Blatter, le patron de la FIFA, brandissant le bout de papier magique sur lequel était inscrit le nom de QATAR, pays auquel est revenu l’immense honneur d’organiser la Coupe du Monde de Foot-Ball 2022.
Tout le monde connait le chaîne de télévision satellitaire AL JAZEERA, le fameux logo, les prêches rocambolesques de Cheikh Qaradawi et les reportages enflammés sur les révolutions tunisienne, égyptienne, yéménite, libyenne et syrienne! Mais tout le monde ignore ou feint d’ignorer son assourdissant silence sur la situation intérieure du Qatar!
Tout le monde a entendu parler des investissements colossaux de QATAR à travers le monde : de l’industrie à l’immobilier, du commerce de luxe au foncier agricole, de la Chine à l’Argentine, de l’Europe de l’Ouest à l’Australie, de l’Ukraine à l’Afrique du Sud! Même le sport n’échappe pas à l’appétit financier qatari : le P.S.G. français et le F.C.B. catalan sont passés dans l’escarcelle qatarie.
Tout le monde sait que le Qatar intervient partout dans le monde arabe, pour soutenir ici une révolution, là un soulèvement, là-bas une contestation, surtout si les auteurs ont des accointances avec les mouvements islamistes. Nos amis libyens en savent quelque chose et nos amis tunisiens, dans un moment d’égarement euphorique, ont failli céder aux sirènes qataries.
Bref, tout le monde sait ou croit savoir des tonnes de choses sur Qatar!
Qatar, ce bout de terre aride, sorte d’appendice rattachée par quelques kilomètres de frontière à l’Arabie saoudite, cette presqu’île sans attrait à part des réserves intéressantes de pétrole et des réserves faramineuses de gaz naturel cache bien des secrets!
Qui sait que Qatar abrite la plus grande base aérienne des U.S.A. hors du territoire américaine?
Que sait-on de l’influence exacte de l’épouse de l’émir qui vient d’abdiquer, la Cheikha MOUZA, connue surtout pour son élégance. Nulle part dans le monde arabe, une épouse de chef d’état n’aura été aussi présente et aussi exposée. Ce n’est pas une réflexion machiste de ma part, mais juste une remarque!
Elle est présente partout!
Pour la Coupe du Monde:
Avec les grands de ce monde !
Prenant parfois le pas sur son émir d’époux :
Que sait-on de ce nouvel émir, cheikh TAMIM, plus play-boy que homme politique et homme de pouvoir? Le quotidien français LE MONDE met en relief “le naturel posé et prudent du nouvel émir ainsi que sa relative inexpérience sur la scène internationale”.
Grand sportif, joueur de tennis émérite, organisateur de la diplomatie sportive de son pays qui va propulser le Qatar sur le devant de la scène internationale, l’émir cheikh Tamim ne semble pas être habitué des dossiers stratégiques.
Saura-t-il tenir le cap dans le dédale du problème syrien, dans les complications des affaires inter-palestiniennes, dans l’affrontement qui oppose ses grands voisins, la Saouidie sunnnite et l’Iran chiite?
Le cheikh Tamim, choisi par dans une fratrie de onze mâles issus de trois mariages, aura-t-il les épaules assez solides pour guider cet émirat auquel, il y a quelques lustres, personne ne s’intéressait et qui actuellement semble être devenu une pièce essentiel de l’échiquier moyen-oriental?
Pourra-t-il se libérer du joug plus que lourd que représente l’influence des américains qui garantissent, par leur présence militaire massive, l’existence même de ce micro-état sorti du néant?
Saura-t-il mener son pays, tellement moderne et tellement archaïque à la fois, vers une transition souple et acceptable par tous? Parviendra-t-il à faire reconnaitre les droits fondamentaux aux centaines de milliers de travailleurs étrangers qui permettent à Qatar et aux qatari(e)s de vivre dans un confort absolu?
Qatar est aujourd’hui, dix-huit ans jour pour jour depuis que l’émir sortant qui avait écarté son propre père hors du cercle du pouvoir, à la veille d”une ère nouvelle.
Continuera-t-il la folle équipée, rendue encore plus folle par l’incommensurable matelas de pétro-gazo-dollars, lancée par l’émir démissionnaire ou bien reviendra-t-il vers plus de retenue et de modestie, qui sied à un état parmi les moins étendus et les moins peuplés de la planète!
Qatar réussira-t-il l’improbable pari de tenir en équilibre entre le néant d’hier et l’être d’aujourd’hui!