On a vu La Grande Boucle

Par Wtfru @romain_wtfru

Ce week-end débute le centième Tour de France, alors pour se mettre dans l’ambiance on a décidé de vous chroniquer le film La Grande Boucle de Laurent Tuel, que nous avons visionné, un soir de doute.

François Nouel (Clovis Cornillac), passionné de vélo, est marié à Sylvie (Elodie Bouchez). Rappelez-vous, les deux étaient déjà unis du temps où Cornillac incarnait Marius du Fréjus dans Brice de Nice. Alors qu’il lui avait promis des vacances en famille, il se fait engager pour suivre le Tour dans la voiture d’une équipe. Une joie pour lui qui rêve de vivre la course de l’intérieur.
Licencié par sa femme et quitté par son patron… euh non, licencié par son patron et quitté par sa femme, François ne se laisse pas abattre et décide de réaliser un rêve fou, parcourir les étapes du Tour un jour avant les coureurs. Sur sa route, il déchaîne les passions et deux personnages, pour lesquels le casting a probablement été fait à la sortie de la prison de Fleury-Mérogis, vont se prendre d’amitié avec lui. Rémi Pletinckx, ancien directeur sportif déchu et alcoolique, et Pierre Bojean, supporter, lui aussi peut-être alcoolique, décident de le rejoindre dans ce pari fou, et l’aident chacun à leur manière. L’engouement médiatique créé n’est pas du goût de Tony Agnelo (Ari Abitan), coureur favori du Tour. Celui-ci provoque François en contre-la-montre par équipe, l’occasion de voir l’apparition de Bernard Hinault et Laurent Jalabert, sortis d’on ne sait où pour venir l’aider. Bien sûr l’élément drame familial entre en compte. Rien ne va entre François et son fils qui écoute du rap et voit son père comme un loser. Le gamin fugue, son père doit le récupérer pendant la course… un beau bordel qui se termine en apothéose aux Champs-Elysées. François termine son pari incroyable, sa famille est de nouveau réunie, tout est bien qui finit bien, hourra !

Si l’idée du scénario et le timing de la sortie (juste avant le 100ème Tour) sont bien ficelés, il y a quand même un gros problème de crédibilité.
Parlons d’abord de Ari Abitan. En plus de pas être très bon dans le rôle de Toni Agnelo, le méchant adversaire à l’accent rital, il ne sait pas se mettre en danseuse et la maquilleuse a oublié de lui mettre des marques de bronzage cycliste, la base pour un coureur pro. De parole de coureur-figurant ayant tourné dans le film, lors de la scène de son sprint victorieux les autres coureurs étaient obligés de freiner pour ne pas dépasser ledit Tony Agnelo, complètement collé au parquet. Son personnage, favori du Tour et ennemi de Clovis Cornillac, est entouré de coéquipiers pas crédibles non plus. C’est-à-dire que quand on donne un rôle de cycliste à un acteur on évite de prendre des mecs qui ont presque la carrure de Vincent Debaty.
Niveau scénario, le tout est pauvre et naïf, c’est très niais et populaire. Le renforcement de certains clichés sont dérangeants dans ce film. Les méchants jeunes à casquette qui aiment le hip-hop, un Nelson Montfort dans son propre rôle en encore plus caricatural… Le tout ajouté à une série de situations improbables : un rappeur noir nommé Âme-Strong passionné de vélo, la patrouille de France qui vient saluer Clovis Cornillac en pleine campagne, un combat cyclistes vs CRS… On a envie de dire « toujours plus ».

Clovis Cornillac relève un peu le niveau, assez juste tout au long du film. Il a suivi une vraie préparation avec plusieurs milliers de kilomètres avalés, et a perdu plusieurs kilos pour le tournage, bravo à lui. Retenons aussi la belle histoire, qui n’est pas utopique puisqu’elle a déjà été réalisée en 2007 par Guillaume Prébois, journaliste au Monde et cycliste amateur, afin de montrer que faire le parcours du Tour était faisable par tout être humain un minimum entraîné, même sans se charger comme une mule.
La Grande Boucle est familial et gentillet et vient à point pour se mettre dans le bain du Tour. Un film grand public à éviter si vous êtes amateur de vélo, ou de cinéma en fait.
Moralité : n’allez pas voir ce film, sauf si vous avez deux potes qui sont figurants dedans. Si vous voulez voir du vélo devant un écran cet été, matez plutôt le Tour à la télé.

http://www.youtube.com/watch?v=FPXPjsyB3Ow