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On trouvera ci-dessous un commentaire de Wade Doak
daté d’avril 2013 à propos de cette rencontre exceptionnelle.
Un beau matin, un dauphin commun mâle est arrivé devant la localité de Whitianga, en Nouvelle Zélande.
Une mère delphine et son petit nageaient à ses côtés. Wade Doak et sa femme équipe vinrent leur rendre visite. Ils étaient bien équipés : une sorte de téléphone électronique submersible leur permettait de communiquer clairement dans les deux sens, d’entendre et de se faire entendre.
Rampal – le mâle – fut ainsi nommé car il adorait la musique de Bach et le son de la flûte traversière.
Il l’écoutait en extase, flottant à fleur d’eau dans l’axe des haut-parleurs suspendus sous la coque du catamaran. Mais là où vraiment, il ne se tenait plus, là où il pouvait rester au pied de la coque pendant des heures, en nageant contre un courant contraire, c’est lorsqu’il écoutait… la voix humaine !
Jan Doak – la femme de Wade – parlait dans un tuyau plongé sous la surface ou bien dans le "téléphone" et sans cesse, sur le mode du dialogue alterné, Rampal tentait d’imiter ces sons, en proposait d’autres similaires ou les mettait en regard de ses propres vocalisations. Diverses émissions de bulles nuançaient ses propos.
Lors des dernières séances de la dernière année – car ce petit jeu s’est poursuivi sur plusieurs saisons – le dauphin a montré une concentration absolument exceptionnelle pour un animal prétendument "sauvage".
Il arrivait droit sur le bateau, négligeait de scanner les baffles et le microphone, dont il avait compris le rôle depuis longtemps et se mettait aussitôt au travail. Le timing des séances, décidé par Rampal, était très régulier : deux fois par jour, chaque fois pendant une heure.
Et très systématique : lors de ces dernières séances, le cétacé a offert à ses auditeurs un véritable festival de langue delphinaise, un chatoiement inattendu de sons nouveaux et de gammes diversifiées, un peu comme s’il récitait une sorte d’alphabet ou une liste de phonèmes. Les tracés graphiques enregistrés attestent de l’exceptionnelle complexité des structures sonores sifflées à cette occasion, souvent de manière graduelle, des plus simples aux plus compliquées.
Ce récit nous apprend deux choses :
1. Les dauphins libres se prêtent bien volontiers à des " examens "en pleine mer. Pas besoin donc de les enfermer pour les faire participer à toutes sortes d’expériences, du moment qu’elles sont intéressantes pour eux et respectueuses de leur bien-être.
2. A en juger par les réactions de Rampal, celui-ci était au moins aussi étonné que Wade et son épouse. Il a du se rendre compte, en écoutant les Doak, que les êtres humains savaient parler, que le son de leurs voix véhiculait du sens. Dès lors, dans un deuxième temps, il a mis tout mis en oeuvre pour leur montrer que lui aussi possédait un langage !
Histoire complète dans "Encounters with Whales and Dolphins"
Wade Doak. Page 193 à 205
Rampal, sa femme et son enfant
En avril 2013, Wade Doak est revenu sur cette expérience bouleversante dans un courrier privé échangé avec plusieurs défenseurs des dauphins. Il ne nous en voudra pas d’en citer ici quelques extraits :
"Chers amis, je voudrais revenir sur les échanges sonores que ma femme Jan et moi avons eu avec un dauphin commun baptisé du nom de Rampal, durant un certain temps, dans l’estuaire de Whitianga en Nouvelle-Zélande.
Les circonstances étaient exceptionnelles.
Il s’agissait d’un couple de Delphinus delphis. La femelle avait eu plusieurs petits, mais un seul avait survécu. Ils étaient donc trois, ce qui est rare, car ces dauphins ne vivent généralement pas dans une structure familiale de type "père- mère- enfant ».
La population locale pensait que le trio vivait dans cette rivière soumise à la marée. Les dauphins communs habitent très rarement dans l’embouchure de nos fleuves ou le long de nos côtes. C’était pourtant le cas de Rampal et de sa petite famille.
Whitianga
Nous amarrions notre catamaran, l’Interlock, en cet endroit.
Chaque nuit, les dauphins quittaient l’estuaire et y revenaient tôt chaque matin. Nous avons commencé un échange sonore avec eux en leur diffusant la musique de flûte de Jean Pierre Rampal, par le biais d’un haut-parleur piézo-électrique immergé. C’était cet appareil qui rendait le mieux les hautes fréquences.
Ce qui s’ensuivit au cours de nos multiples rencontres et au fil des années, donne un aperçu du potentiel et de la souplesse comportementale des dauphins sauvages. Nous avons vu comment le dauphin Rampal a pris la situation en mains, s’approchant très près de notre hydrophone, lâchant une grosse bulle d’air chaque fois qu’il allait émettre une séquence sonore – un peu comme une sonnerie de téléphone avant la conversation – et produisant des sons d’une haute complexité que nous imitions ensuite en y ajoutant une variation.
Ceci afin de lui montrer notre propre créativité, dans une démarche communicative. Meilleures étaient nos réponses, plus intenses encore étaient nos récompenses !
Attention ! Rampal va parler !
Pourquoi un animal en liberté peut-il passer tellement de temps et développer tant d’énergie à se maintenir dans une rivière au cours rapide, juste pour émettre des sons et les échanger avec ceux d’êtres humains ?
Quelle était pour lui le bénéfice d’une telle activité ? Peut-être que cette simple question fait la valeur de tout notre travail.
Sans rentrer dans les détails, on ne peut nier que ces rencontres ont eu lieu. Et malgré le fait que le dauphin commun est présent dans toutes les mers du monde, c’est avec lui que nous avons le moins de contacts de ce genre. La plupart des échanges répertoriés ont eu lieu avec des Tursiops.
Nous avons accompli tout cela avec un budget de misère. Mes revenus d’écrivain et de photographe de la vie marine ne nous rendaient pas riches. Nous vivions dans des conditions dignes du tiers monde et nous étions finalement si fauchés que nous ne pûmes poursuivre ces expériences. Habitant au nord de la Nouvelle-Zélande, ces déplacements vers Whitianga furent les plus longs que nous ayons faits. Car nous sommes d’abord des plongeurs, ma femme et moi, pas des marins.
Rampal ne recherchait pas le contact physique
Aucun scientifique n’a jamais montré le moindre intérêt pour nos dialogues avec Rampal.
Même s’ils furent filmés et montrés quelque fois à la télévision, même si nous les avions documentés avec des photos, des enregistrements sonores et racontés dans un livre.
J’ai eu des échanges similaires avec un cachalot. Mais ce genre d’interactions n’est pas prise au sérieux par la science, actuellement.
Je comprends pourquoi. Peut-être un paradigme est-il en train de changer. Il ne faut donc pas espérer que des "chercheurs marginaux" soient financés par les canaux traditionnels. En outre, il y a le problème de la mouvance "New Age" qui croit tout et n’importe quoi à propos des dauphins. Cela gangrène la science. Pendant de nombreuses années, Jan et moi avons marché sur une corde raide entre les deux approches : le scepticisme sain et la crédulité aveugle.
Jadis, les gens étaient brûlés sur le bûcher si on les suspectait de parler avec les animaux. Je pense qu’il y a toujours des blocages dans notre culture scientifique, quand il s’agit de financer certaines recherches.
Pendant ce temps, ma femme et moi avons pourtant continué à dialoguer avec les cétacés de toutes les manières possibles. L’obscénité absolue que représente l’enfermement de ces créatures pensantes ou leur assassinat brutal, hante à la fois nos rêves et nos vies éveillées.
Il n’est pas surprenant que les étoiles restent silencieuses à nos appels.
Nous manquons d’un modèle de communication pour le projet SETI comme pour les cétacés. (…)
Lorsque des créatures aussi agressives que les humains tuent les autres espèces pensantes sur leur propre planète et se balancent des missiles atomiques, quelle civilisation extraterrestre pourrait-elle avoir envie d’entrer en contact avec nous ?
Peut-être que nous devons patienter…
Combler le fossé avec les cétacés serait une étape. Mais nous empoisonnons déjà leur monde avec nos déchets toxiques. Nous les obligeons à nager en rond dans nos bassins prisons pour notre seul divertissement.
Dans la vieille Angleterre, les gens payaient pour entrer dans une tente et voir un homme manger un chat vivant. Ah ! L’Homo sapiens !
Bon, maintenant je vous laisse, je dois partir pour aménager un lac de poissons indigènes".
Des droits civils pour les dauphins !