Les poissons ne ferment pas les yeux, d'Erri de Luca
Publié le 25 juin 2013 par Onarretetout
Arrivé à « l’âge d’archive », Erri de Luca évoque ses dix ans. Sans nostalgie. Dix ans, un âge où son être est plus grand que son corps, un âge où il cherche comment faire pour que les deux coïncident. Il y a dans les livres des adultes « des phrases sismiques », mais ils en font trop avec l’amour. A dix ans, qu’est-ce qu’on connaît de l’amour, sinon ce qu’en disent ou écrivent les adultes et ils exagèrent les adultes, jusqu’à ce qu’on rencontre l’autre qui va dire le mot « amore » et que ça ressemble à du miel. Cet amour n’est pas encore sexuel. Il fait juste entrer dans l’attirance, une glace partagée, la rivalité, les histoires extraordinairement simples des animaux qui « ne perdent pas de temps ». L’auteur rencontre les livres, les jeux avec les mots et l’écriture, les phrases directes, l’amour, la violence et la justice. L’homme qui écrit cinquante ans plus tard ne fait pas que se souvenir, il replace ces dix ans dans sa vie d’homme. S’il y revient, c’est peut-être un peu à la recherche d’un prénom oublié, mais c’est surtout pour dire à celle qui lui a donné ces mots, justice, amour, qu’elle les lui a donnés pour toute sa vie, et maintenant au-delà puisqu’il en fait un livre dont le titre contient le nom d’un animal, ces poissons qui ne ferment pas les yeux. Et ce verbe : « Maintenir : c’était mon verbe préféré à dix ans. Il comportait la promesse de tenir par la main, maintenir. Ça me manquait. »