« Une fois que j'aime une personne, quoi qu'elle fasse, rien ne m'empêchera de l'aimer. »
L'histoire d'une naissance. Celle de Wayne et Annabel. Ni garçon, ni fille, les deux à la fois.
D'aucuns l'assurent. Nous naîtrions plusieurs fois dans une seule vie. Des moments clés, des étapes essentielles, des évènements qui nous changent pour toujours. Dans son premier roman, Kathleen Winter aborde les multiples visages de la naissance, les possibilités selon son sexe, l'influence inéluctablement genrée.
Si le sujet, au départ, aurait tendance à ne pas intéresser le lecteur ou pire, à le faire fuir, Kathleen Winter a su éviter les écueils de la facilité et du voyeurisme. La toile que l'auteure parvient à tisser possède de nombreuses ramifications. Elle les explore toutes avec profondeur et finesse.
L'écriture est lyrique, poétique, féerique, extrêmement foisonnante. Les mots sont habités, incarnés, élégants. La nature est double. La sienne et celle qui nous entoure. Les évocations de cette dernière sont vibrantes de beauté et de réalisme.
Un premier roman juste, solaire, élégant, d'une grande force. A découvrir !
Christian Bourgois, 453 pages, 2013, traduit de l'anglais par Claudine Vivier
Extrait
« Rares sont les moments, dans la vie des femmes, où elles peuvent sentir le soleil palpiter sur leurs paupières dans un endroit caché sans personne pour leur demander quoi que ce soit,. Leur demander où est le sel ou leur enjoindre d’attendre un homme qui peut rentrer dans trois mois ou ne jamais revenir. Les femmes de Croydon Harbour savent toujours ce qu’on attend d’elles, et elles se plient à ces injonctions, tout comme les hommes sont censés accomplir certaines tâches, eux aussi, ce qu’ils font, si bien qu’il ne reste jamais de temps pour autre chose. »
Pioché chez ICB qui propose également une interview de Kathleen Winter ici