Vallée du Vénéon, Oisans, août 1927, Un groupe d’alpnistes trouvent dans une crevasse un corps gelé depuis 1887…
Scénario de Nelly Moriquand, dessin de Fabien Lacaf. Public conseillé : Adultes, adolescents
L’histoire
Vallée du Vénéon, Oisans, août 1927.
Pour commémorer les 50 ans de l’ascension de la Meije par Gaspard et le baron de Castelnau, un groupe d’alpinistes se lance à l’assaut de la montagne avec les moyens de l’époque. En redescendant, l’équipe découvre le corps gelé d’un jeune homme mort de froid dans une crevasse. En ramenant le sac du malheureux, ils découvrent qu’il s’agissait d’un alpiniste anglais, prénommé Edward, amoureux de la montagne et de l’ancienne institutrice du village. A travers la lecture de son carnet, l’institutrice revit cet amour de jeunesse qui a disparu à l’aube de leur fiançailles en 1887…
Ce que j’en pense
Mari et femme à la ville, le couple d’auteurs Fabien Lacaf et Nelly Moriquand nous embarquent avec « Les Amants de L’Oisans » dans une belle et triste histoire d’amour et d’alpinisme.
En choisissant un cadre superbe (l’ascension de la Meije en 1887), ils déclarent leur amour à cette région et à ses gens. Mot à mot, regards après regards, pas après pas, ils nous font aimer la rudesse et la simplicité de ce pays.
Si cette histoire simple (monter au sommet coute que coute) nous transmet le gout de l’effort et du dépassement de soi, c’est surtout les liens d’amitié et de solidarité qui unissent ces forçats de la montagne qui m’ont touché. Par petite touches, avec humilité, Nelly brosse un portrait vrai et rude, sans concession, de ce pays et de cette époque. Les dialogues sont vrais, sans fioriture, comme ses personnages.
Pourtant, Comme son titre le suggère, « Les Amants de L’Oissans » ne parle pas que d’alpinisme. C’est une belle relation amoureuse entre un jeune anglais venu chercher un défis sportif et l’institutrice du village. Plus qu’un fil conducteur, cette histoire d’amour racontée à la première personne, nous met à la place d’Edward. A travers ses yeux, ses écrits et ses dessins, nous ressentons toute la magie de son amour pour ce lieu et sa belle.
Et comme les plus belles histoires d’amour sont celles qui finissent mal, Nelly Moriquand clôt son récit sur une fin étonnante, entre souvenir et onirisme, qui n’a eu aucun mal à m’arracher des larmes.
Le dessin
Fabien Lacaf n’est pas un nouveau venu dans la BD. Depuis sa première réalisation « Les patriotes » avec Franck Giroud, il enchaîne les albums (Les pêcheurs d’étoiles, Monsieur M, Les Flammes de l’Archange…). Son dessin réaliste capte la beauté de l’instant et le retranscrit dans des cases aux couleurs subtiles. Même si son trait semble un peu rigide par moment (plus souvent dans les portraits), Lacaf est un esthète capable de nous émerveiller par la beauté de la nature et des hommes qu’il dessine.
Sa mise en page classique (trois ou quatre bandes) est au service du récit. Plutôt minimaliste dans la composition (pas ou peu de plongée ou de contre-plongée) il se permet quand cela est nécessaire, des plans panoramiques et verticaux qui mettent en valeur les paysages.
Enfin, mention spéciale à la délicate aquarelle qui magnifie ses planches. Des couleurs froides de la nuit tombée, jusqu’aux ciels saturés de couleurs (levers ou couchers de soleil) c’est une palette incroyable (et j’imagine réaliste) que Lacaf et Moriquand nous permettent de contempler le temps d’une BD.
Pour résumer
Avec « Les Amants de L’Oisans » Nelly Moriquand et Fabien Lacaf crient d’une même voix leur amour de la montagne. Cette histoire d’amour simple et triste qui unit un jeune anglais fou de sommet et une petite institutrice, ils nous la font vivre avec intensité. Des défis et des émotions dans un décors de montagne brut et beau (La Meije, dans l’Oisans), c’est la promesse que Moriquand et Lacaf tiennent dans cet album sensible et humain.