Marvel two-in-one #50 : une autre vision du voyage dans le temps
Publié le 25 juin 2013 par Universcomics
@Josemaniette
Pour revenir sur les voyages dans le
temps, et les risques inhérents à une mauvaise utilisation des
couloirs du temps, arrêtons aujourd'hui sur le numéro 50 de la
série Marvel Two-In-One, publié en 1979. On y découvre une
aventure en solo de la Chose, des quatre Fantastiques. Depuis sa
transformation en monstre rocailleux orange, Ben Grimm a tout de même
un peu évolué physiquement. Au départ, sa forme mutée
s'apparentait plutôt à un gros tas de boue séchée, puis elle
s'est affinée et affirmée, jusqu'à celle que nous lui connaissons
désormais. Un "léger mieux" esthétique qui ne va pas
sans un nouveau problème : l'antidote mis au point par Reed Richards
n'a plus d'effet sur l'épiderme actuel de Ben Grimm, alors qu'il
aurait vraisemblablement permis à la Chose "première mouture"-
c'est à dire dans les premières semaines qui ont suivi la mutation
- de reprendre son apparence humaine. Du coup, le sang du héros ne
fait qu'un tour. Il profite du fait que les Fantastiques ont
séquestré la machine à remonter le temps du Docteur Fatalis pour
tenter d'aller offrir l'antidote à sa version antérieure, et de le
lui faire absorber, afin de ne plus être ce monstre de pierre. Ben
Grimm est un simple pilote sans connaissance scientifique
particulière, mais il parvient, en quelques secondes, à faire
fonctionner l'engin et à obtenir un déplacement temporel réussi
l'amenant au moment précis et désiré. Dans un grand classique du
genre, le héros d'autrefois ne fait pas confiance à celui
d'aujourd'hui, et la Chose du passé et celle du présent se tapent
dessus brutalement, dans un combat ahurissant entre un homme et lui
même. C'est orchestré par John Byrne, qui donne une dynamique et un
impact fort à cette lutte, qui lui permettra d'ailleurs, quelques
mois plus tard, de devenir le dessinateur attitré de la série
Fantastic Four (puis le scénariste aussi, après le départ de
Wolfman). Le Ben Grimm moderne finit par avoir le dessus sur son
avatar d'alors, et lui fait ingérer de force la mixture, avant de
repartir dans les couloirs du temps. La morale? L'antidote de Reed
Richards fonctionne, et l'ancienne Chose redevient humain; mais comme
l'explique le leader des Fantastiques à son ami rocailleux, le temps
ne peut être changé. Il a juste fondé une nouvelle ligne
temporelle, un univers qui va commencer à varier par rapport au
notre au moment de cet acte fondateur et inconsidéré. Il faut
croire que les responsables de la saga Age of Ultron ne se
remémorent plus ce genre de détail, puisque Wolverine remonte le
temps pour aller trucider Hank Pym, mais ne parvient plus à
retrouver son continuum de départ inchangé, son geste ayant
modifier le cours de l'histoire. Je suis personnellement aussi
partisan de l'impossibilité de changer l'ordre établi des choses.
Revenir en arrière, et récrire l'histoire est un expédient peu
crédible et souvent affronté à la hache, sans aucune subtilité,
par trop de scénaristes. Si Marvel pouvait cesser de jouer avec ce
gimmick dans les prochaines années, je n'en serais que plus heureux
ainsi.