Rencontre dans les salons VIP du magazine ELLE au Salon du Livre

Par Nickyza

Le salon du livre, Porte de Versailles.

Un rendez-vous annuel que je ne manque jamais, -déformation professionnelle oblige -, et que cette année, tout particulièrement, je n’aurai loupé sous aucun prétexte !

Comment refuser une telle invitation lancée par le magazine ELLE ?

Comme les 120 autres jurées, j’étais conviée dans les salons VIP à une rencontre avec une partie des auteurs sélectionnés par le Grand Prix des Lectrices du magazine ELLE. Sélectionnés par le jury, nous, moi…

Rendez-vous dans les salons VIP, sur la mezzanine qui surplombe tout le salon du livre…

   Il est 10 heures du matin  

Ouverture des portes du Salon du livre.

Une marée humaine vient de se déverser sur l’esplanade du Parc de Versailles. Une foule qui, comme moi, se presse pour entrer.

Files d’attentes interminables.

Je lève la tête et repère le fameux escalier qui me laissera pénétrer quelques heures plus tard dans le Saint des Saints.   

« A gauche de l’entrée des visiteurs avec invitations »…c’était stipulé sur le courrier. C’est donc là ! Des personnes s’agitent là-haut…On prépare peut-être déjà notre arrivée…

Un type prend des photos de la marée humaine, du bétail parqué sagement devant les guichets.

Ma file d’attente à moi prend ses aises et son temps. J’avance d’un seul pas toutes les cinq minutes…alors j’observe les gens autour de moi. Mon passe-temps favori pour éviter l’ennui et calmer mon impatience. J’adore me raconter des histoires dans ces moments-là...

Cette fille-là, à ma droite, elle a une tête de jurée…si ça se trouve, on se retrouvera au même endroit cet après-midi…

Ce type-là, aux cheveux longs avec des dossiers plein les bras…à mon avis il va passer sa journée à vouloir rencontrer les directeurs littéraires des maisons d’édition afin de leur fourguer ses manuscrits…

Lui et elle…un couple illégitime…c’est sûr… qui vient se cacher parmi les livres. Une bobo aux nattes entremêlées sur le haut de la tête et aux lunettes d’intellectuelle éclairée scrute le plan du salon pour ne pas perdre une seconde à chercher le stand de son éditeur préféré. Elle aussi devant moi a une tête de jurée…

« Madame, s’il vous plaît, votre invitation ! » Prise dans mes pensées, je n’ai pas vu que mon tour était arrivé ! Un coup de pistolet sur mon carton, et pan, c’est parti !

Me voilà lancée dans les allées du Salon.

Un dernier coup d’œil au fameux escalier, - sans tapis rouge, néanmoins -, que je monterai à 15 heures 30 précises, tout à l’heure. Cela me laisse quelques précieuses heures devant moi pour arpenter les allées à ma guise.

J’assiste à une mini-conférence sur le Ebook…quelle horreur, cette chose glacée qui va remplacer le livre…aucun détracteur parmi les personnalités qui débattent; ça n'a donc aucun intérêt ! Je m’ennuie, m’énerve toute seule et m’enfuis.

Rendez-vous sur le stand de TheBookEdition où une bloggeuse amie (que je ne connais que virtuellement !) est présente pour dédicacer son livre « Papilio ».

Jolie rencontre. Belle surprise. Exclamations. Rires. On se parle comme si l’on s’était toujours connues.

Quichottine ressemble à la Quichottine que j'avais imaginée !

L’illustrateur du livre, Davy, est là aussi ; jeune, adorable et…doué !

On échange tous les trois des pensées sérieuses en évoquant le parcours du combattant du « jeune » auteur qui veut se faire éditer…

Il faut vous dire, en passant, à vous qui ne connaissez pas Quichottine que Quichottine est une star sur la blogosphère ! Et son livre, "Papilio", un conte magnifique qui fait rêver petits et grands.

Mais c’est pas tout ça…des kilomètres m’attendent encore ! Je laisse donc Quichottine et Davy à leurs dédicaces et file poursuivre mon marathon dare-dare.

Des clameurs emplissent soudain les allées. Des cris de cours de récré.

Une harde de petits nains lâchée !

Des lutins bruyants et dissipés qui n’écoutent pas les maîtresses et qui envahissent les stands de livres de jeunesse à la manière d’un cyclone ! Indomptables, ces nains, qui en moins d’une seconde vous retournent un rayon de livres ! Zut, j’avais oublié que le Vendredi était dévolu aux écoles ! Après avoir pris deux ou trois coups dans l’estomac et les orteils en compote, je renonce à acheter des livres pour enfants, -surtout à la vue des queues en caisse !-, et fuis loin des éditeurs-jeunesse !

Après avoir sillonné le salon de long en large, après avoir englouti un sandwich infâme et reposé mes arpions en écoutant l’interview d’un auteur…incohérent…(il n’a pas sucé que la glace, çui-là, me dit une dame au regard moqueur !), je jette un œil à ma montre : 15h 15 !! C’est l’heure…le temps d’y aller !

15h20 : je monte le grand escalier !

En haut, il y a déjà du monde. Des groupes de femmes qui font connaissance. Je m’avance, un peu intimidée. Mon nom est bien sur la liste, ouf ! A côté de moi, une jeune femme qui fait aussi partie du jury de Septembre.

C’est un signe, l’après-midi s’annonce sous les meilleurs augures ! On échange de suite nos impressions sur les livres lus et notés.

On nous prie de rejoindre le fameux salon VIP.

On nous y accueille chaleureusement. Un buffet de douceurs sucrées est dressé. Des tables rondes aux nappes blanches n’attendent que nous.

Je m’assois à côté d’une grande jeune femme brune au collier impressionnant fait d’innombrables anneaux en fer entrelacés. 

Elle se présente ; c’est Cécile Guilbert. L’écrivaine qui a écrit ce terrible et dur témoignage : « Réanimation ».

Je lui confie qu’une quinzaine de jours après avoir lu son livre, l’un de mes meilleurs amis était admis au service de réanimation…et que je n’avais pas cessé de penser aux phrases de son livre et que malheureusement cet ami n’avait pas connu le même dénouement heureux… Cécile Guilbert se montre tout aussi positive et drôle que dans son livre, ce qui allège quelque peu le drame en question…Les questions et les réponses s’enchaînent. Elle nous laisse enfin pour aller s’asseoir à une autre table.

C’est une auteure de polar qui la remplace : Brigitte Aubert vient nous parler de « La ville des serpents d’eau ». Un thriller que j’ai aimé. Elle nous raconte sa façon d’écrire, sans plan aucun, et comment cela l’amuse de découvrir au fil des mots sa propre intrigue, inconnue deux minutes plus tôt. Elle a un autre métier et donc écrit à mi-temps et …quand elle peut. C’est sa récréation !

Bernard Minier, autre auteur de polar et entre autres de l’excellent «  Cercle », avoue lui, écrire tout le temps, 7 jours sur 7 et même en vacances.

Il ne peut pas s’en passer, tout comme son inspecteur ne peut se passer de lui ! Une chose est sûre : Minier ne risque pas de tourner en rond dans son Cercle ! Quant à nous, on comprend mieux, à l’écouter, pourquoi on est « pris » dans ces ambiances dans lesquelles il s’attache toujours à nous rendre « accros ».

Vient ensuite à notre rencontre, Mickaël Ferrier.

Un homme charmant, plus nippon que français, tant il est imprégné du Japon depuis qu’il s’y est installé. Voilà pourquoi il sait si bien parler de ce qui s’est passé à Fukushima…surtout qu’il a tout vu « de ses yeux vus » et tout ça fait froid dans le dos. A défaut d’être irradié, Mickaël Ferrier irradie d’une certaine sagesse. Il parle avec le calme d’un sage qui a côtoyé l’horreur de très près. Il sait que le nucléaire n’est pas bon pour la planète.  

Arrive ensuite celui que j’attendais avec impatience : Arthur Dreyfus ! Un jeune, tout nouveau dans le métier mais qui ira loin, à coup sûr !

Excellent exercice que ce fait divers qu’il a mis à sa sauce à lui ! « Belle famille » ne remporte sans doute pas tous les suffrages mais il a le mérite d’ouvrir le débat sur les mères indignes qui peuvent ne pas aimer leur progéniture !

Le débat fut animé et Arthur avait réponse à tout, même s’il semblait parfois parti vers d’autres contrées…Aurions-nous déclenché chez lui une idée de sujet pour un prochain roman avec tous nos exemples de mères indignes et pas indignes ? Qui sait…Cela dit, Arthur semblait vouloir continuer ces échanges jusque très tard !

Mais il lui fallut laisser sa place à Sandra Kollender qui venait nous parler de « La tête à Toto ».

Après tous ces drames qui se sont succédés et cette vie entre parenthèses vouée à ce fils si malade…quel soulagement de constater que de bonnes choses semblent lui arriver enfin, après dix ans de galères !

Que sa joie d’être là fait plaisir à voir.

Sa surprise d’être reconnue comme un écrivain, alors qu’elle pensait avoir écrit un journal sans intérêt pour les autres…l’écriture qui va enfin lui permettre d’exister pour elle-même, et de voir l’existence sous un autre jour, la forçant à sortir de cet enfermement dans lequel la maladie de ceux que l’on aime peut parfois vous jeter.

J’ai bien aimé son humour noir, seul remède pour ne pas sombrer. Elle mérite d’écrire plein de romans drôles, Sandra, et c’est ce que je lui souhaite !

J’étais désolée que Colombe Schneck ne soit pas venue s'installer à notre table.

La fatigue l’avait, paraît-il, terrassée soudainement et elle souhaitait partir avant la fin…dommage, j’avais tant de questions à lui poser dont les réponses auraient peut-être effacé certaines ombres qui m’ont empêchée d’apprécier son roman à sa juste valeur.

J’ai apprécié tous ces échanges entre auteurs et entre jurées. Nous avions souvent des avis divergents sur tel ou tel livre, les unes aimant celui qui vous a déçue, les autres détestant celui que vous avez aimé…mais c’est probablement ce qui a fait la richesse de nos échanges !

19 heures ! Le temps a passé si vite ! Il est l’heure déjà de se séparer…

Au revoir. A bientôt. Ravie de vous avoir rencontrée. C’était si bien…oui, mais on se revoit bientôt…le 30 Mai !

Métro bondé. Cavalcade pour attraper le train qui filera dans la nuit vers la Champagne avec à son bord une jurée aux rêves plein la tête.

Ce fut une journée intéressante et une expérience très enrichissante !

Merci au magazine ELLE et vivement le 30 Mai prochain, le jour J, le grand jour :

le jour de la proclamation des résultats du Grand Prix des Lectrices du magazine ELLE !!

 

Ce texte-là, dans son intégralité, avait été écrit spécialement pour le magazine ELLE qui avait accepté ma proposition de faire un compte-rendu de ce bel après-midi.

Je fus ravie de voir que le magazine avait décidé de le publier sur leur site dédié au "Prix des lectrices de ELLE" !

Quelle déception cependant de constater que mon texte avait été réduit de moitié...La rédaction du magazine a jugé, à priori, que seul le passage concernant la réception dans les salons VIP était intéressant...et encore...la rencontre avec les écrivains a été quelque peu...édulcorée ! 

La rédaction a pris en fait uniquement ce qui concernait notre petite rencontre; jugeant que le salon du livre était hors sujet !

A propos de ce site, ce qui m'a le plus déçue dans l'histoire, c'est que je pensais que ce site existait afin de favoriser les échanges entre les jurées...que nous allions communiquer régulièrement, donner nos avis...en réalité, mise à part cette journée au Salon du Livre, pas une fois, nous n'avons eu l'occasion d'échanger nos avis...pas une fois, nous nous sommes rencontrées, et j'ai même le sentiment que les responsables du Prix ne cherchaient pas vraiment à nous mettre en contact...

Chacune a lu dans son coin...et puis c'est tout !

Un peu frustrant, non ? C'est en tous cas pas du tout ce que j'avais imaginé !

Jusqu'au jour de la proclamation des résultats, nous avons été tenues à l'écart...aucune de nous, jusqu'au dernier moment, n'a eu un seul indice sur les livres "potentiellement gagnants". Nous avons connu les lauréats, le jour même et comme tout le monde.

Du coup, je n'ai pas jugé bon de me déplacer...car tout était déjà joué d'avance finalement...(juste des calculs, une moyenne des notes et hop !)

Aller là-bas juste pour la photo de groupe et le cocktail, ne m'a pas semblé suffisamment intéressant...j'aurais eu l'impression de servir de "faire-valoir" et j'avais mieux à faire ailleurs !

J'avais rempli ma mission. Point !

L'expérience "jurée du prix des lectrices de ELLE" a, sur ces points-là, été très décevante !

MAIS je conseille néanmoins à chacune de vous de tenter l'expérience...si vous aimez BEAUCOUP lire et lire DE TOUT ! C'est du boulot et lorsque les livres sont médiocres, ce n'est vraiment pas une partie de plaisir !!

Voilà, vous savez tout de mon expérience de jurée dont je n'ai finalement pas grand chose à raconter !!

  J'avais cependant promis de TOUT vous dire; c'est chose faite   !