Grande fan de la littérature vampirique d’Anne Rice, j’étais curieuse de voir ce qu’elle était capable de faire en littérature érotique. Je reste très sceptique. Encore une fois, cette histoire met en scène une jeune femme innocente soumise au bon vouloir d’un maître tout-puissant qui ne trouve son plaisir que dans l’avilissement de celle qui l’aime. Si vous cherchez une ressemblance avec un certain Grey, passez votre chemin, Grey est une guimauve à côté de ce Prince-là: il accroche des clochettes aux bouts des seins de sa Belle, lui met une laisse, utilise des planches pour la fesser des heures durant, exige d’elle qu’elle ne se se serve jamais de ses mains et ce, même en public. C’est donc là un livre très violent, puisqu’on assiste d'avantage à la ruine de l’amour-propre d’une personne, à créer un curieux mélange d’être déshumanisé et d’être porté aux nues: c’est précisément parce qu’elle est précieuse, parce qu’elle est de sang royale, que cette Belle mérite d’être battu comme platre et soumise plus bas que terre, c’est précisément ce qui en fait sa qualité. De même, c’est à force d’humiliation, d’exposition plus intimes les unes que les autres à des êtres plus vils les uns que les autres, que le Prince obtient d’elle qu’elle recherche à tout prix ses bonnes grâces et que sa seule compagnie lui soit un grand bonheur. A mon sens, c’est l’histoire d’une manipulation dégradante, d’un véritable lavage de cerveau.
Et vous l’aurez compris, ce qui m’a aussi déçue, c’est que l’érotisme de l’histoire est largement mis au second plan, loin derrière la destruction de la volonté de la Belle. Bien peu de sensualité, donc, dans ce roman, ce qui, vous l’admettrez, en diminue grandement l’intérêt. La seule scène qui a trouvé grâce à mes yeux est celle où la Belle, après avoir attiré l’attention d’un autre esclave, parvient à le rejoindre la nuit dans un réduit et où ils se donnent l'un à l’autre librement, sans contrainte, pour le pur plaisir et l’attirance qu’ils ont l’un pour l’autre, scène ridiculement courte d’ailleurs. En somme, un roman assez superficiel et répétitif, même si on doit lui reconnaître le talent de décrire comment une personne peut être amenée à souhaiter ce que nous refuserions tous.
La note de Mélu:
Peu d’intérêt.
Titre original: The Claiming of the sleeping beauty (traduit de l’anglais)
Un mot sur l’auteure: Anne Rice (née en 1947) est une auteure américaine connue pour ses romans fantastiques. D’autres de ses oeuvres sur Ma Bouquinerie: