Éliminer la famine serait-il, pour un État, un signe de maturité? C’est la thèse que développe l’historien américain James Vernon dans son dernier livre. Il est un fait que les gouvernements qui sont parvenus à éradiquer famine et malnutrition, à commencer par l’Angleterre aux XIXe et XXe siècles, ont atteint ce but par un mélange de prise de conscience politique (favorisée, entre autres, par les médias) et de développement scientifique (en agriculture, en nutrition, en médecine). Mais ces États ont bénéficié aussi de conditions économiques favorables à la création d’institutions d’assistance. C’est là un léger détail, qui manque aujourd’hui à beaucoup des pays les plus pauvres d’aujourd’hui… Il est indéniable que lorsque le revenu moyen augmente, la qualité de l’alimentation —en particulier, celle destinée aux enfants— augmente, mais comment faire augmenter le revenu moyen? Une histoire de la famine ne fournit pas la réponse… (Hunger: A Modern History, Harvard University Press, 2007).