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Fonds communs: la gourmandise éhontée des firmes de courtage à escompte

Publié le 24 juin 2013 par Fabien Major @fabienmajor

Expliquez-moi pourquoi les autorités canadiennes laissent les firmes de courtage à escompte imposer des frais de services à leurs clients SANS qu’elles n’offrent le moindre service? Il est là le scandale canadien dans les fonds communs de placement. Au cas où vous ne le saviez pas, pour un fonds mutuel qui charge, disons 1,5%, le tiers des frais est réservés au conseiller/planificateur qui supervise le compte du client. Cette «commission de suivi» donne les ressources financières au professionnel pour qu’il rencontre, écoute, analyse, propose des solutions et harmonise les éléments de son portefeuille dans un plan financier sensé.

Depuis quelques années, les firmes de courtage à escompte font des affaires d’or. Elles appartiennent en grande majorité à nos grandes banques. Ces firmes sont destinées à «prendre les commandes» des investisseurs autonomes. Elles mettent tous leurs efforts marketing dans les faibles frais de transactions et de commissions. Il serait facile de parler de collusion tellement leurs conditions se ressemblent. Par exemple, elles ne rivalisent JAMAIS dans la catégorie la plus payante de leur inventaire. Comme les pétrolières, elles imposent leurs diktats sans permettre la discussion ou la négociation.

Dans l’industrie des fonds communs, on trouve toujours 2 paliers de frais pour un même fonds. Les fonds de série A ou B font partie de la «série conseil», comme le nom le dit, ils sont destinés au consommateur qui reçoit l’appui d’un conseiller.  Quant aux fonds de série I ou F, ils sont destinés à l’investisseur autonome ou à celui qui se fait facturer des honoraires par son professionnel de la finance. Comme les FNB (fonds négociés en bourse), les fonds de série F et I ont des frais considérablement réduits (de 33 à 75% de moins). Ce sont ces derniers qu’on doit comparer au marché américain, puisqu’il fonctionne principalement avec le modèle à honoraires. Et bien, d’une même voie, les cabinets de courtage à escompte refusent TOUS de permettre à leurs clients autonomes de choisir les séries sans conseil ou à frais réduits. Elles profitent des campagnes de publicité des sociétés de fonds et en encouragent systématiquement l’achat, car elles empochent les généreuses «commissions de services» sans offrir le moindre conseil ou soutien. Comment est-ce possible? Pourquoi est-ce permis? La réponse doit se trouver dans le mot «lobby».

Visa le noir, tua le blanc

Banquier qui rigole
Vous avez peut-être lu quelques parts que les autorités réglementaires en matière de valeurs mobilières veuillent réformer le principe de versements de commissions des fonds communs au Canada. Selon plusieurs observateurs, tranquillement, mais sûrement on se dirigerait vers un modèle de gestion de patrimoine 100% à honoraires comme en Australie et en Angleterre.

Étrange. Les financières internationales comme Fidelity, Invesco, Templeton, Standard Life… présentent dans les 3 pays ont observé que l’élimination des commissions dans l’industrie de la finance a entraîné exactement l’effet inverse de celui qui était recherché. Les plus petits clients ont été abandonnés et laissés à eux-mêmes et… les frais financiers ont augmenté. C’est carrément rêver en couleurs que de croire que ce sont la plupart des clients qui ont le budget et la rigueur pour débourser de leurs poches les frais de conseils financiers. A ce sujet, en Angleterre cela a créé un gonflement de soldes sur les cartes de crédit. N’ayant pas la liquidité, les investisseurs ont décelé la valeur des conseils, mais n’ont eu d’autres choix que de se la payer à crédit.

Ah oui, pour être transparents les frais, ils le sont, mais ils sont maintenant plus chers. Le nombre de conseillers ayant diminués de 25%, les conseillers restants n’ont eu qu’à augmenter leurs tarifs pour ne pas être submergés de boulot. On a créé un effet de rareté dans un domaine déjà aux prises avec un manque criant de main d’oeuvre.

L’enjeu principal qui motive les autorités canadiennes à transformer le commissionnement lié aux fonds communs tient dans la définition de «frais de services» et la transparence. Comme on l’a décrit plus haut, les commissions de suivis des fonds de placement sont pour la plupart intégrées au ratio de frais de gestion des fonds de «série conseil». Ils servent à rémunérer les conseillers et planificateurs qui assistent, conseillent et rencontrent physiquement les clients. Alors, pourquoi faire tout un plat alors qu’on ne pourrait qu’en interdire la distribution par les cabinets qui ne promulguent pas un minimum de conseil?

Les fonds déguisés en panier camouflent leurs frais

Il y a un autre problème sérieux qui à mes yeux est négligé par les autorités.
Le ratio de frais de gestion n’est pas imposé uniformément dans toute l’industrie. Certains produits bancaires ou de valeurs mobilières surfent sur les nuances et évitent de s’appeler fonds communs ou OPCVM (Organisme de placements collectifs de valeurs mobilières). Qu’ils se nomment CPG Boursier, billets liés, paniers de titres, caisses communes ou mandats privés… etc, ils prélèvent des frais directement dans la poche de l’investisseur, mais négligent de présenter la somme totale et complète de leurs coûts. On va faire croire que certains de ces fonds (parce que c’est bien de cela qu’il s’agit) n’ont pas de frais de gestion. Foutaise. Ou encore, on les dépose dans un compte à honoraires sans escompte comme si c’était un titre coté en bourse.

Cette opacité des pseudofonds n’est jamais mise en cause, mais c’est tout de même l’investisseur qui paye.  J’ai pu observer que certains de ces produits ont des frais totaux supérieurs à de nombreux fonds communs. Les mêmes qu’on se plaît à décrier. On dirige volontairement les clients vers ses produits maison pour la simple raison que les bénéfices pour les employés et la firme de courtage sont supérieurs.

Si les législateurs continuent de garder la tête dans le sable ou de faire le jeu de la complaisance avec les grandes banques, attendons-nous à ce que les investisseurs «surfacturés» exigent un jour un remboursement et des dédommagements par recours collectifs. Les sommes en jeu dépassent le milliard de dollars, j’en suis convaincu. Y -a-il un avocat dans la salle?


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