L'Etat est un petit émirat islamiste richissime qui investi à tour de bras dans nos économies occidentales pour prévenir le jour où ses ressources pétrolières et gazières seront épuisées. En Sarkofrance, l'ancien monarque avait encouragé nombre de ses investissements. Cette fois-ci, François Hollande lui rend visite.
A quoi bon ?
Hollande comme Sarkozy
Le président français est resté 22 heures sur place. Tout ressemble, dans ce déplacement, aux anciennes pratiques. Tout, sauf peut-être l'essentiel, la réalité des relations économiques.
Sarkozy voyageait beaucoup mais s'activait surtout sur notre territoire national pour favoriser l'implantation qatari. Il a oeuvré pour que son fond souverain rachète le PSG. Il a soutenu la candidature qatari pour l'organisation de la Coupe du monde de football de 2022, espérant ainsi quelques contrats pour nos entreprises nationales. En 2008, il a fait exonéré d'impôts les plus-values immobilières et mobilières des fonds souverains qatari en France. Sa ministre des finances Christine Lagarde a travaillé pour attirer les placements islamiques, notamment qatari.
Au final, le quinquennat sarkozyste a apporté 12 milliards d'euros d'investissements du Qatar, en particulier dans l'immobilier, l'hôtellerie de prestige et le sport. On évalue à un peu moins de 8 milliards d'euros les participations du Qatar dans les entreprises du CAC40.
Le voyage de François Hollande ressemble à n'importe quel déplacement sarkozyste. On y retrouve les mêmes symboles diplomatiques: un gros mais court déplacement, les 22 et 23 juin, avec une "imposante délégation composée notamment de 46 chefs d'entreprises", et beaucoup de contrats à signer comme ce 1,8 milliard pour la construction d'une ligne du métro à Doha pour Vinci.
Le programme est chargé: inauguration du site Al Waab au lycée franco-qatarien Voltaire, rencontres avec des expatriés, un dîner du couple présidentiel avec l’Emir de l’Etat du Qatar et son épouse au Palais Wajba; visite du chantier de Qatar Petroleum District, cérémonie officielle d’accueil au Palais Diwan Amiri, entretien avec l’Emir de l’Etat du Qatar et signature d’accords et de contrats commerciaux, visite de musée, conférence de presse et déclaration conjointe à la presse.
Hollande différent de Sarkozy ... ?
Il a eu les mots doux et diplomatiques qui convenaient: nos relations "sont fondées sur trois principes : la confiance, la réciprocité, la transparence". Il y a beaucoup à vendre en France.
Les messages délivrées par ses conseillers à la presse accréditées sont contradictoires. Pour certains, il s'agit de "clarifier les relations" (Libération, 22 juin); pour d'autres, de "dissiper la méfiance que suscite le Qatar" (Reuters, 23 juin). "Le Qatar est un pays ami de la France, c'est peut-être un ami de Nicolas Sarkozy mais c'est surtout un ami de la France" a même confié un conseiller élyséen.
On sait bien combien l'actuel président a hésité. On se souvient comment il a détesté le projet prosélyte d'investissement de 50 millions d'euros dans les banlieues françaises. Le Qatar a d'ailleurs renoncé. On sait combien Sarkozy avait besoin des Qatari pour sa guerre en Libye ou pour payer la rançon des infirmières bulgares. On a appris combien Hollande en voulait aux Qatari de soutenir quelques fiefs terroristes islamistes, et notamment au Mali.
Cette fois-ci, donc, on croit comprendre que Hollande ne veut pas emboiter l'exact pas de Sarkozy sur ce terrain. Mais la différence est mince, dans les mots et l'attitude. Il paraît que les mots, en diplomatie, sont comme des armes.
En matière d'affaires, à la différence de son prédécesseur, Hollande semble vouloir fixer quelques limites: "Nous ne refusons pas les investissements des Qataris en France, mais nous disons qu'il y a des conditions à respecter, des domaines à faire prévaloir, des règles aussi à faire comprendre." Ces limites, on les cherche. Sur place, il explicite: "Les investissements qataris doivent couvrir tous les domaines de la croissance française, l'industrie, les services et aussi l'immobilier, en sachant que c'est sur l'industrie et sur les services que nous voulons donner la priorité". Le propos reste diplomatique. C'est une variante du "J'vous ai vu".
Il n'y a certes plus le volontarisme bienveillant de Sarkofrance, mais il demeure du business à faire.
Attendions-nous que Hollande nationalise le PSG ?
Lire aussi:
- La droite se réveille à propos du Qatar (Chroniques politiques, septembre 2012)
- Sarkozy, le Qatar et des questions sans réponse (Sarkofrance, août 2011)
- Hollande: le Qatar est toujours là (Chroniques politiques, septembre 2012)