Jamais une annonce d’accord entre un constructeur et une compagnie aérienne n’aura fait autant parler d’elle que celle d’Airbus à propos de l’intérêt que porte EasyJet à l’A320 neo et ceo. « La compagnie opte pour 100 A320neo et 35 A320ceo », « easyJet a estimé son besoin futur à 100 A320neo », peut-on ainsi lire dans la presse. Seul bémol à cette heureuse nouvelle : jamais le mot « commande » n’y est prononcé.
Mais qu’est-ce qui bloque au juste ?
La compagnie low cost a mis au défi Airbus de réaliser un A320 encore plus grand puisqu’il devrait dépasser les 180 passagers de la version originale. On connaît l’attachement des compagnies low cost au nombre de sièges dans les avions, gage de rentabilité. Airbus est donc prié de faire mieux et d’ajouter une douzaine de sièges à l’arrière de la cabine. On y trouve les galleys, où sont stockées les collations, ainsi que le cabinet de toilette qui peuvent être mieux agencés. Mais Airbus se heurte à une autre butée, celle de la certification. Cette carte grise de l’avion limite le nombre de passagers à 180 pour l’A320. Ce chiffre a été fixé par le nombre de passagers qui ont réussi à évacuer l’appareil en 90 secondes lors du test d’homologation. Cette minute et demie est la norme pour tous les avions. Ainsi, le super jumbo A380 a été certifié pour 853 passagers. Pour dépasser 180 passagers avec l’A320, il faut donc agrandir les portes d’accès pour que deux personnes puissent y passer de front en cas d’évacuation d’urgence. Cette facilité sera également appréciée lors des vols de tous les jours, les compagnies aimant que les passagers débarquent et embarquent rapidement. Cela réduit le temps d’escale au sol improductif.
Comment faire ?
Airbus va donc développer cette nouvelle version pour séduire son client. Ce n’est pas la première fois : pour easyJet, l’A319 a été porté à 156 passagers au lieu de 145 grâce à une deuxième issue de secours sur l’aile. Et c’est seulement après la certification de l’A320 agrandi qu’EasyJet signera la commande. D’où cette annonce de bonnes intentions à près de douze milliards de dollars (au tarif catalogue) sans le moindre chèque. La low cost maintient ainsi la pression sur l’avionneur européen et son bureau d’études, d’autant plus que Boeing est prêt à prendre le marché avec son B737 MAX. Ryanair vient de son côté de signer pour 175 B737-800. Airbus avait renoncé à négocier il y a quelques mois déjà avec la compagnie irlandaise tellement les conditions et l’ambiance étaient difficiles. Michael O’Leary, le patron de Ryanair, avait pourtant annoncé qu’il mettrait l’avion chinois C919 en concurrence. Il semble être revenu vers Boeing.
AV