Concert : Fête de la Musique au Théâtre des Champs-Elysées avec l’Orchestre de Rotterdam et Yannick Nézet-Séguin

Publié le 24 juin 2013 par Nicolas Bourry @nicolasjarsky

© louisleclassique

Attention du lourd ! Pour la fête de la musique le Théâtre des Champs-Elysées offre une soirée de prestige avec l’Orchestre Philharmonique de Rotterdam, le jeune et brillant chef canadien Yannick Nézet-Séguin et surtout un programme qui fait la part-belle aux très grandes pages de la musique du XXème siècle qui ont fait et qui font encore la gloire des salles parisiennes ! La Mer de Debussy, La Valse de Ravel et Le Sacre du printemps de Stravinsky.

Les Pays-Bas sont un petit pays mais qui compte deux orchestres de dimension internationale. Le puissant voisin d’Amsterdam et son Conertgebouw et donc l’Orchestre Philharmonique de Rotterdam (Rotterdam Philharmonisch) font partie des meilleurs orchestres européens. L’orchestre de Rotterdam a pour chef honoraire Valery Gergiev, et pour directeur musical Yannick Nézet-Séguin. Depuis 2008, le chef canadien a notamment beaucoup travaillé la discographie de l’orchestre offrant des enregistrements de très grande qualité. Des solistes comme Renaud Capuçon ou Emmanuel Pahud ont aussi enregistré avec l’orchestre.

Quant à Yannick Nézet-Séguin difficile de faire plus international et plus boulimique de travail. Il n’a pas encore 40 ans et il est déjà directeur musical de l’Orchestre Philharmonique de Rotterdam mais également de celui de Philadelphie, directeur artistique de l’Orchestre Métropolitain de Montréal, sa ville natale, et chef invité principal du London Symphony Orchestra. Fan de tennis mais également des chats et des gens en général comme le précise son profil twitter, il a déclaré être "ému de célébrer les 100 ans du Sacre à Paris" à l’occasion de ce concert.

Car, cela ne vous aura pas échappé mais le Sacre du Printemps fait partie de la programmation de ce concert. Et cette année, on fête les 100 ans de la création de ce chef d’oeuvre de Stravinsky qui a déclenché un immense scandale lors de la première, justement au Théâtre des Champs-Elysées, qui lui aussi fête ses 100 ans puisqu’il a ouvert quelques semaines avant la création du Sacre. Pourquoi ce scandale ? Pour la modernité de l’oeuvre, un ballet, qui casse les codes traditionnels de la danse et de la musique. On raconte que les spectateurs sont devenus comme fous, se frappant, injuriant les danseurs, Nijinksy, le chorégraphe, était obligé de hurler ses indications aux danseurs depuis les coulisses…

Et qui y avait-il dans la salle le soir de la générale ? Debussy et Ravel, les deux autres compositeurs de ce programme. Debussy signe avec La Mer une des plus belles pages symphoniques françaises de ce début du XXème siècle. Il compose cette oeuvre, "trois esquisses symphoniques" alors qu’il séjourne… En Bourgogne. Mais pour lui la force des souvenirs est plus intéressante que la banalité d’une réalité. Le travail artistique est donc basé sur des impressions, des images de l’esprit, plus que sur une image réelle que l’artiste aurait en face de lui. Enfin terminons la présentation de ce programme avec La Valse de Maurice Ravel, poème symphonique, que le compositeur définit lui-même comme suit : "une espèce d’apothéose de la valse viennois à laquelle se mèle dans mon esprit, l’impression d’un tournoiement fantastique et fatal". Pas besoin d’en rajouter.

On retire ses places, on s’assoit, il fait très très chaud dans la loge, la lumière s’éteint. Chut, ça commence.

Première oeuvre, La Valse. Belle exécution, l’oeuvre est de toute façon attachante, on voyage entre Vienne et Paris. On déplore une interprétation trop lisse. Il n’y a pas de fausse note, au sens propre comme au figuré, mais il manque un ingrédient, une touche de piment qui relèverait le tout. Mais bon, on passe un bon moment. Suit La Mer de Debussy. Nous devons avouer que nous ne sommes pas des adeptes de la musique de Debussy, beaucoup trop intellectualisée. Ici l’oeuvre est compliquée alors qu’elle ne devrait pas l’être. Mais sur scène par contre, tout est très bien, Yannick Nézet-Séguin arrive même à apporter une certaine fraîcheur à la pièce. Bravo.

Après l’entracte, le "gros morceau" du concert, le Sacre du Printemps. Avec la chaleur qui règne dans la salle, on craignait un peu les presque 40 minutes de musique en continu. Et à l’inverse, nous n’avons pas vu le temps passé. Dans une interprétation très hollywoodienne et très solide, Yannick Nézet-Séguin et l’Orchestre Philharmonique de Rotterdam font preuve de dynamisme, de ferveur, les notes déferlent dans la salle avec la force d’une lame de fond. On est transporté. C’est réellement un grand moment musical qui se déroule là sous nos yeux. Très applaudi Yannick Nézet-Séguin se paie le luxe d’un rappel (Ma mère l’Oye de Ravel nous a-t-il semblé) pas franchement nécessaire, nous aurions préféré resté sur l’enivrement provoqué par ce Sacre du Printemps.

Bravo donc à l’orchestre et au jeune chef Yannick Nézet-Séguin pour ce Sacre du Printemps.

Pour l’an prochain au Théâtre des Champs-Elysées nous avons déjà fait notre sélection !