Les Albertains se souviendront longtemps de ce week-end du 22 juin 2013. Depuis deux jours, les habitants de cette province de l’Ouest canadien subissent les inondations les plus intenses de l’histoire de l’Alberta. Jeudi soir, à Calgary, plus grande ville de la province et capitale du pétrole, seize quartiers ont dû être évacués. Trois personnes ont perdu la vie et entre 75 000 et 100 000 riverains ont été contraints de quitter leur logement. La ville est actuellement toujours en état d’alerte.
Un ordre d’évacuation immédiat
Pour Julien Villefranche, Français expatrié au Canada, la soirée du jeudi 20 juin a été particulièrement agitée. « A la fin de ma journée de travail, j’ai reçu un appel de mon colocataire. Un ordre d’évacuation avait été donné dans mon quartier. Je suis revenu chez moi aussi vite que j’ai pu. La police et les pompiers n’ont pas tardé à frapper à notre porte. Ils nous ont demandé de quitter l’immeuble immédiatement et d’emporter de quoi tenir pendant au moins 72 heures. Nous avions dix minutes pour plier bagages. Je me suis rendu chez une amie. A 18h30, une nouvelle alerte a été donnée : le quartier de mon amie devait être évacué à son tour. J’ai donc été contraint de déménager une seconde fois. Je ne sais pas du tout quand je pourrai rejoindre mon appartement, mais vu l’était critique de ma rue, je ne pense pas pouvoir y retourner avant la fin du week-end. »
La plus importante inondation de l’histoire de l’Alberta
Les pluies torrentielles qui s’abattent sans relâche sur les montagnes Rocheuses depuis le début du mois de juin sont à l’origine du phénomène. Ces précipitations d’une intensité exceptionnelle ont engendré une crue des rivières dans toute la province. La Bow et l’Elbow, les deux rivières qui traversent Calgary, ont ainsi débordé, inondant toute la partie Sud de la ville, y compris le Downtown, toujours inaccessible. D’autres villes du Sud de la province ont également dû être évacuées. « Nous avions déjà connu ce type de catastrophe en 2005, déclare Matt Boyer, employé à la City of Calgary. Mais jamais l’eau n’avait atteint un tel niveau. C’est la plus grosse inondation que l’Alberta ait jamais connue. »
Une population unie et solidaire
Les Calgariens font preuve d’une grande solidarité face à l’adversité. Neuf centres d’accueil ont été mis en place partout dans la ville, dans des écoles, des églises et des centres récréatifs, pour héberger les riverains sinistrés. De nombreux habitants qui ont été épargnés par les eaux se sont engagés volontairement auprès des services de secours pour aider leurs concitoyens. Des dons ont été faits via les associations caritatives locales. Animal Rescue, une association de protection des animaux s’est chargée de l’accueil des animaux domestiques évacués. « Plus de trente chiens et chats nous ont été confiés depuis jeudi soir, explique Jill Innis, coordinatrice bénévole. C’est beaucoup plus que ce dont nous avons l’habitude. Ils sont loin de leur maitre et de leur maison, traumatisés et terrifiés, ce qui les rend difficiles à gérer. Heureusement, nous avons pu compter sur l’aide extraordinaire de nombreux bénévoles qui sont venus nous prêter main forte dans cette situation d’urgence. »
Les habitants de Calgary dans l’attente
Actuellement, Calgary est toujours en état d’alerte. De nombreuses routes demeurent bloquées et le réseau de transport en commun est fortement perturbé. Pompiers, ambulances et policiers sont toujours mobilisés aux quatre coins de la ville. Entreprises, magasins et restaurants sont fermés. Des messages d’alerte tournent en boucle à la télévision, à la radio et sur Internet. Il est recommandé aux habitants de rester chez eux. Les Calgariens ont également reçu l’ordre de minimiser leur consommation d’eau et de n’utiliser leur téléphone qu’en cas d’extrême nécessite afin que le réseau reste disponible pour les services de secours.
A l’heure actuelle, il est impossible de déterminer quand les personnes évacuées pourront rejoindre leur domicile. Mais nous savons d’ores et déjà que le courant électrique ne sera pas rétabli avant le milieu de la semaine dans les zones sinistrées.
© Photos Matt Boyer