Les insurrections sont à la mode, ces derniers jours en Turquie, en Bulgarie, au Brésil… les populations sont descendues dans les rues pour manifester leur colère contre leur gouvernement respectif. Des cortèges impressionnants dépassant les dizaines de milliers personnes qui n’ont rien de bon enfant, bien au contraire, ils passent par des affrontements violents avec les forces de l’ordre.
De telles démonstrations ne sont pas exceptionnelles, depuis l’origine de la crise financière puis économique, des peuples d’Europe du Sud manifestent régulièrement contre l’austérité imposée ; sans oublier le récent printemps arabe qui a enflammé des pays comme l’Egypte, la Tunisie, le Maroc, etc. en révolte contre la dictature.
Les récentes émeutes urbaines qui occupent les médias n’ont rien de comparable quant à leur cause —et leurs effets— avec les révoltés de la crise, en effet, elles ne sont nourries d’aucune idéologie et sont le fruit de points de friction très divers : la destruction d’un parc dans le centre ville d’Istanbul en Turquie, le refus de la corruption en Bulgarie, le coût des transports publics au Brésil… Mais ces mutineries d’un nouveau genre ont un point commun : elles sont générées par des populations plutôt jeunes et urbaines de la classe moyenne qui n’appartiennent ou ne représentent aucun parti politique et ont la particularité d’avoir été déclenchée sur les réseaux sociaux stimulant la mobilisation.
Face à une classe politique et des institutions de plus en plus désavouées dans la plupart des démocraties, ce concept de clash mob risque de faire tache d’huile. Comment peut-il en être autrement avec des politicrates hors de la réalité du monde ? Lors du dernier sommet du G8 où les chefs d’états des grandes puissances (en sursis !) affichaient leur navrante décontraction en s’exhibant sans cravate dans un décor de carte postale gardée par des milliers d’hommes armés jusqu’aux dents, chacun a pu constater l’impuissance de cette classe dirigeante face aux enjeux d’un monde en mutation.
Reste que ce n’est pas la multiplication de clash mobs (récupérés en vain par les partis d’extrême droite et gauche et des syndicats réactionnaires) qui apporteront des solutions aux crises qui nous affligent, ce ne sont pas des jacqueries de rues qui feront avancer l’histoire mais bien le désir commun d’entamer une nouvelle révolution copernicienne : sortir du géocentrisme occidental pour accélérer une mondialisation freinée par des idéologues rancis.