Intéresser les collaborateurs aux efforts pour l'environnement

Publié le 24 juin 2013 par Patriceb @cestpasmonidee
Bien que la "responsabilité sociale et environnementale" soit entrée dans les mœurs des grandes entreprises, leurs efforts en faveur de la réduction de leur impact environnemental restent souvent symboliques et les progrès constatés sont généralement plus le fait de facteurs externes (par exemple l'amélioration de l'efficacité énergétique des équipements) que le résultat d'une politique volontariste.
Pourtant, de petits pas simples et peu coûteux pourraient permettre de véritables avancées, qui, cumulées les unes aux autres, auraient la capacité à bousculer le statu quo. C'est dans cette logique que je souhaite souligner les initiatives (similaires) de 2 grands groupes français, Axa (France) et BNP Paribas, même si celles-ci demeurent extrêmement modestes à ce stade.
Pour BNP Paribas, c'est au détour d'un tract syndical [PDF] que l'on découvre ce qui n'est encore qu'un projet : dans le cadre de l'accord d'intéressement en cours de négociation, il serait question d'ajouter une prime de 75 euros au montant versé à chaque collaborateur si les objectifs de réduction de la consommation de papier sont atteints.
Il est vrai que les niveaux actuels peuvent paraître déraisonnables, avec 270 kg par salarié et par an, soit l'équivalent de plus de 110 ramettes ordinaires. Pour obtenir la prime, la cible fixée est une diminution de 10 kg (correspondant à environ 4 ramettes) en 2013 et 15 kg les 2 années suivantes.
Dans le cas d'Axa France, c'est le rapport social et environnemental 2013 [PDF] qui nous donne des indications sur la démarche déjà en place, touchant, là également, à l'intéressement des collaborateurs : 5% du montant versé chaque année est lié à deux objectifs de développement durable de l'entreprise.
Comme chez BNP Paribas, l'un des facteurs pris en compte est la réduction de la consommation de papier. L'autre est encore plus intéressant puisqu'il s'agit du taux de participation à une collecte anonyme de données sur les trajets domicile-travail. Intéressant car rares sont les entreprises à comptabiliser ces informations dans leurs émissions de gaz à effet de serre, alors qu'elles y contribuent largement.

Axa France se vante d'avoir largement atteint ses ambitions, avec une baisse de 15% de la consommation de papier de bureau entre 2011 et 2012. Ces résultats doivent néanmoins être relativisés car l'utilisation de papier pour la distribution et le marketing (qui représente près de 85% du total) n'a, pour sa part, pas évolué. Dans l'ensemble, le changement reste donc très modeste.
D'autre part, il serait faux de penser que seul l'accord d'intéressement a pu induire une telle transformation. En effet, la compagnie d'assurance a engagé en parallèle des actions concrètes – réduction du nombre d'imprimantes personnelles et mise en place d'un système de badges, dont l'impact sur la consommation de papier est certainement beaucoup plus sensible.
Le levier de l'intéressement a nécessairement une influence marginale car il ne porte que sur des objectifs globaux, sur lesquels les employés n'ont, individuellement, qu'un pouvoir limité (ce qui explique certainement le ton sarcastique du tract syndical de BNP Paribas). Quoi qu'il en soit, ces mesures ont au moins le mérite de développer chez tous les collaborateurs une sensibilité aux enjeux du développement durable et elles ne peuvent avoir qu'un effet positif, même infime.