Vous l’avez compris, les chansonniers de ce petit théâtre du boulevard de Clichy ont integré la femme du président comme l’un des principaux personnages de leur spectacle, avec Nicolas Sarkozy bien évidemment, pour notre plus grand plaisir.
C’était la première fois que je voyais un spectacle de « chansonniers », c’est à dire consacré à la parodie et à la satire de l’actualité politique.
Résultat : un moment haut en couleurs, amusant de bout en bout.
Florence Brunold, la seule femme de l’équipe, passe de Carla Bruni à Ségolène Royal avec élégance : changement de perruque, de vêtements, voix tranformée, mimiques métamorphosées. Deux morceaux d’anthologie : la rénovation du parti socialiste à la mise en scène complètement misogyne (Ségolène rénove un tee shirt taché du PS avec sa lessive). Une dose pour que les policières soient raccompagnées par les policiers, eux-mêmes raccompagnés par les militaires, eux mêmes raccompagnés par les policières, une autre dose pour consulter les partenaires sociaux, etc. Le résultat, c’est un parti tout propre, mais qui a rétréci au lavage…
Le deuxième sketche vraiment très drôle, c’est la première chanson de Carla, autant par les paroles que par la gestuelle, l’exacerbation maximale du chuchotement. Carla, on ne l’entend pas quand elle parle, et on l’entend très peu quand elle chante.
Nicolas Sarkozy, lui, est incarné par Michel Guidoni. Une belle trouvaille. Sur scène, son imitation est parfaite : timbre de voix, tics, gestuelle entre Chaplin, De Funès et Sarkozy. Ce chansonnier apporte aussi au spectacle une petite touche musicale : une partie de sa prestation est faite en chansons. Une mélodie de Renaud pour parler de l’interdiction de la cigarette : paradoxe, quand tu nous tiens.
Alors la scène finale, en présence du couple et du maire qui va les marier, est toute en extrêmes : Carla qui murmure avec douceur, Sarkozy qui gesticule, elle grande, lui petit. Un couple d’oppositions qui fait mouche, à chaque fois.
La prestation de Jean Amadou m’a aussi beaucoup amusée: tout en douceur, en légèreté, son humour est incisif et percutant, sans qu’il ait besoin d’avoir recours à la vulgarité.
La projection de photos d’hommes politiques qu’il propose, accordée à une chanson particulière a beaucoup fait rire. Je me souviens surtout des portes du pénitencier, montrant Jacques Chirac derrière une fenêtre, ou d’Alain Jupé s’interrogeant : « Et maintenant, que vais-je faire ? ».
Le Grand prix de Monte Carla, c’est un spectacle intelligent et drôle : des textes enlevés, des jeux de mots qui se démultiplient presque à l’infini, un comique de situation mêlé à un comique de geste épique.
L’actualité politique prend d’autres couleurs dans ce théâtre où les ânes, s’ils sont dévoués au comique, sont aussi porteurs de vérité.