Shokuzai - 1

Publié le 23 juin 2013 par Lorraine De Chezlo
Celles qui voulaient se souvenir
de Kiyoshi Kurosawa
Drame - 2h
Sortie salles France - 29 mai 2013
avec Kyöko Koizumi, Hazuki Kimura, Yû Aoi...
Quatre petites filles impuissantes face au meurtre de leur camarade Emili qui vient de survenir après qu'un homme les ait interpellées pour qu'une d'entre elles le suive... La mère d'Emili, folle de rage et de douleur, ne pardonne pas aux fillettes leur oubli, leur incapacité à décrire le meurtrier. Elle leur promet des vies brisées tant que leur dette envers elle ne sera pas acquittée pour que l'assassin puisse être retrouvé. Elles grandissent. Sae devient esthéticienne, une fille sage, qui se mariera avec un homme étrange, riche héritier et obsédé par l'apparence de poupée de Sae. Ce mariage, elle l'acceptera en échange d'une protection et d'une tranquillité. Mais hélas, la tranquillité fera place à l'enfermement et la soumission. Maki elle, est devenue professeure. Dans son école, elle passe pour l'instit sévère, mais son caractère se durcira encore lorsqu'elle devra faire face à la menace physique d'un déséquilibré armé qui fera irruption lors d'un cours de natation. Elle n'hésitera pas à mettre en pratique son expérience en , pour ne pas répéter les erreurs du passé, quitte à en commettre d'autres....
Une série télévision japonaise qui se transforme en dyptique cinématographique de 4h30, une bonne idée et un film réussi. On suit l'évolution vers l'âge adulte de 2 des 4 fillettes survivantes, qui mènent chacune de leur côté leur début de vie de femme, le souvenir du drame de leur enfance peinant à s'effacer, surtout lorsque la mère d'Emili n'hésite pas à réapparaître dans leur vie à certains moments. Un fantôme qu'elles traînent et qui leur donne envie de s'affranchir d'une façon ou d'une autre de la malédiction. Hélas, cela n'est pas aisé, et leurs volontés de bien faire envers la mère endeuillée ne ramènent aucun souvenir, n'enlèvent aucune douleur, et au contraire les mènent à des actes extrêmes, de violence, de libération, d'ultime issue, dont elles paieront le prix très chèrement.

La froideur ordonnée de la société hyper policée japonaise, avec une éducation des jeunes filles bien portée vers la docilité et l'effacement, contraste avec la tournure des évènements que le destin de Sae et Maki leur réserve, contraste avec l'implacable message du réalisateur qui porte à l'écran une histoire désespérante par son absence de solution, par les injustices d'un pays, par les névroses de ses habitants, par ses drames qu'il faut savoir taire...

Celles qui voulaient se souvenir est un film à la mise en scène précise, à l'ambiance envoûtante, au scenario dramatique maîtrisé avec brio. Un moment fort de cinéma, dans la veine des grands films japonais esthétiques, poétiques et angoissants.Je tremble déjà à l'idée de voir la seconde partie, et de voir le terrible sort réservé à celles qui, effrontément ou malgré elles, ne voudront pas se souvenir...
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