Le Choc des mots permet de parler de réformes, sans faire aucune réforme.
Par Pierre Chappaz.
Pendant cinq ans Sarkozy n'a pratiquement pas réformé mais s'est beaucoup agité, ce qui a déçu les uns et inquiété les autres. L'an dernier les Français ont choisi Hollande non pas parce qu'il leur promettait "le changement maintenant", mais en réalité parce qu'il leur permettait d'espérer échapper encore quelques années aux réformes pourtant indispensables. Dans cette société bloquée, les mots remplacent les actes.
Le mot-clé de Hollande, c'est donc le mot Choc, qui mérite un petit commentaire psy.
Choc, le mot-clé de Hollande
Les Chocs hollandais (de compétitivité, de formation, de simplification, d'offre, de moralisation, etc) ne visent aucunement à changer les choses. C'est de la com', qui s'adresse en priorité aux électeurs du Président, eux-mêmes en état de choc face aux changements d'un monde qu'ils ne comprennent plus.
Beaucoup de ces personnes vivent dans la peur. Et voilà qu'avec ses "chocs", tel un dentiste sadique, Hollande joue à les torturer, ou plutôt à faire semblant de les torturer. Car les électeurs socialistes, qui sont souvent fonctionnaires ou assistés, souffrent bien avant que le dentiste les touche. "Chocking ! je vais réformer" leur dit le Président... mais il ajoute bien vite en aparté : "rassurez-vous, c'était une blague !"
Le seul Choc présidentiel qui ait eu un effet réel, c'est le Choc fiscal. Celui-là a choqué pour de bon les salariés du privé et les entrepreneurs, et a complètement bloqué l'économie.
En dehors de ce choc désastreux, tout le reste n'est que story telling, y compris la "Conférence sociale" qui prépare le déjà fameux Choc des retraites, dont vous savez bien qu'il ne règlera pas plus le problème que la réforme Fillon de 2010.
La France crie avant d'avoir mal
Le Choc des mots permet de parler de réformes, sans faire aucune réforme. Le pays est tellement crispé que ce petit jeu sémantique suffit à l'occuper. Car de nombreux Français sont convaincus d'avoir plus à perdre qu'à gagner si le système public hypertrophié et l'assistanat généralisé étaient ramenés à de plus justes proportions, compatibles avec la compétitivité des entreprises et du pays. Les exemples étrangers prouvent que les pays moins étatisés s'en sortent mieux, mais les parasites qui abusent du système sont si nombreux et si bien implantés dans les partis politiques, l'administration, les syndicats et les médias qu'ils parviennent à bloquer toute évolution. Le moindre changement les choque...
Sous leur influence, la France continue à vivre dans le déni de réalité et à crier avant d'avoir mal.
Le déni français est choquant
C'est ainsi qu'on a assisté à l'hallucinant débat sur le "trop d'austérité", orchestré par les politiques de tous bords et les journalistes subventionnés. Pourtant, l'austérité à la Hollande ressemble comme un frère à celle de Sarkozy : on augmente les impôts et la dette, mais on ne réduit jamais les dépenses de l’État. La France est le seul pays européen qui n'a jamais connu d'austérité depuis le début de la crise en 2007 !
Comment ne pas être choqué par cette incapacité française à comprendre que, pour s'en sortir, il faut diminuer le poids des impôts et des charges sur l'économie, mettre plus de gens au travail et travailler plus longtemps, enfin cesser de remettre à demain les réformes que tous les autres pays ont faites afin de s'adapter à la compétition internationale ?
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