Le test ne concerne pour l'instant que quelques clients strasbourgeois de la banque avant, nous promet-on, une généralisation à tous les clients de la ville à la rentrée. Le choix de la capitale alsacienne n'est pas dû au hasard : il s'agit d'une des cités pionnières des paiements sans contact (initialement par carte), incluse, en particulier, dans le périmètre de la fameuse initiative Cityzi dont Nice était la première "bénéficiaire".
Ces cobayes ont donc le "privilège" de pouvoir installer sur leur smartphone Android compatible (37 modèles à ce jour, selon le site de Cityzi) une nouvelle application de paiement fournie par Société Générale. Son fonctionnement est tout à fait classique : pour les montants de moins de 20 euros, il suffit d'approcher le téléphone du terminal pour valider la transaction, pour les dépenses plus importantes, une saisie d'un code personnel sera requise sur le mobile.
Outre une rubrique d'aide et un lien direct vers "L'Appli", la seule autre fonction offerte par cette application est la consultation d'une liste des achats enregistrés. Quoi d'autre ? Ah oui, il faut encore préciser que le service n'est disponible qu'auprès des clients de Bouygues Telecom et Orange (SFR boude et Free se moque ?). Parce que, bien évidemment, le logiciel est installé sur la carte SIM (au nom de la sacro-sainte sécurité, probablement), dont l'accès dépend du bon vouloir des opérateurs...
Récapitulons les nouveautés par rapport aux expériences précédentes : ... ? Non décidément, je ne trouve rien (même la ville de Strasbourg n'est pas une avancée, BNP Paribas est déjà passée par là). L'approche est toujours identique (c'est celle de Cityzi), l'initialisation du service reste problématique (une installation de logiciel sur SIM n'est hélas pas aussi simple qu'un achat sur un AppStore !) et la valeur d'usage n'a pas fait le moindre progrès.
En fait, s'il est des transformations qui peuvent avoir un impact sur un tel test, ce sont celles du monde "extérieur" et elles ne vont pas dans le bon sens (pour le paiement sans contact sur mobile). Les consommateurs sont de plus en plus familiers des solutions alternatives de porte-monnaie virtuel, ils se sont habitués à des applications installées sur leur téléphone en un geste, sans complication, et ils possèdent désormais une carte sans contact dont la facilité d'utilisation est incomparable.
Conclusion, cette expérimentation est identique à toutes celles qui l'ont précédée, il n'y a donc aucune raison d'espérer un meilleur résultat. Pour renverser la vapeur, il faudrait non seulement envisager d'aborder le sujet sous un angle radicalement différent mais aussi prendre en compte l'évolution des comportements du grand public depuis le lancement au Japon de "Osaifu Keitai" (en 2004), qui semble être le seul modèle que sont capables d'imaginer les banquiers et opérateurs occidentaux.