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Et si un adulte me frappait…
C’est ainsi tout d’abord que l’on trouve sur la blogosphère des farouches partisans d’une interdiction officielle de la claque. Ainsi, Stadire qui tient un blog hébergé sur Doctissimo où elle évoque très souvent sa vie de mère rappelle cette semaine qu’un « coup est un coup » et propose cette comparaison : « On peut minauder, on peut vouloir chercher dans les dictionnaires la définition des mots, on peut se demander si une claque est un coup, si une fessée sur la couche est un coup, si ça marque ou pas, si c’est de notre faute ou pas… Le jour où mon compagnon me donne une claque sur la main parce que j’ai fait un geste qui ne lui convient pas, j’hésiterais à appeler les urgences psychiatriques (pour lui) ou à lui coller ses valises devant la porte de la maison ». Souvent les professionnels de santé partagent cette conviction. Sur leurs blogs, certains choisissent ainsi de mettre en avant les résultats d’études suggérant l’existence d’un lien entre le fait d’avoir reçu des fessées pendant l’enfance et le risque de troubles mentaux à l’âge adulte. Ce fut par exemple le cas en juillet 2012 du docteur Stéphanie Becquet sur son blog : « Madame, son livre et la médecine ». Enfin, parmi ces opposants à la fessée, on peut retrouver de jolis témoignages de mères (les pères sont moins prolixes…) évoquant un passé où elles ont pu user de la claque, avant, constatant l’inutilité du geste, d’y renoncer (La fessée j’ai arrêté, nous raconte par exemple cette semaine la journaliste qui tient le blog « Mauvaise Mère »).… si on pouvait (osait ?) on filerait bien aussi une petite tape de temps en temps à certains grands !
Mais parallèlement à cette opposition cinglante, beaucoup tiennent à apporter quelques nuances au débat. Il ne s’agit alors pas de contester l’inutilité éducative de la fessée mais de rappeler le contexte dans lequel elle peut survenir. Ainsi, la psychologue Béatrice Copper-Royer, dont le blog est hébergé sur le Monde, revenant à son tour sur la campagne de la Fondation pour l’Enfance reconnait que « la gifle est d’une violence démesurée » chez le plus jeune et humiliante pour l’adolescent. Cependant, elle remarque : « Je crois qu'il ne faut pas tout mélanger et diaboliser à outrance la tape sur la main ou sur les fesses donnée à un enfant avant 5 ou 6 ans ! Une tape sur la main, en disant à l'enfant "regarde moi", et en lui rappelant la règle transgressée, ne me semble pas du registre de la violence, encore moins de la maltraitance. Quand à la fessée, il est aussi préférable d'en faire usage avec modération, sans calcul, "dans le feu de l'action" ! Elle signifie alors à l'enfant, qu'effectivement, "on n'en peut plus", ou bien qu'il nous a fait très peur en se mettant en danger ! Encore faut-il, une fois son calme retrouvé, lui rappeler les règles avec sérénité et conviction ». Dans ce même registre qui tend à « nuancer » le débat, il y a quelques jours l’auteur de « Quatre enfants deux bras » (hébergé par Hellocoton), exemple personnel à l’appui, note que, si elle reconnait l’absence de portée éducative de la fessée, elle doute qu’il s’agisse d’une violence pouvant potentiellement dériver vers la maltraitance. « Je me dis qu’il y a peut-être un peu d’exagération » conclut-elle assurant que si « des adultes me poussaient à bout, à ce point, oui, je leur mettrais une beigne »… sans souligner que peut-être elle en serait dissuadée par des considérations pugilistiques !Maternage et fessée : tendances (opposées ?) sur les blogs des mamans
Mais les blogueurs et les blogueuses ne se contentent pas seulement de tenter « d’expliquer », « excuser », « contextualiser » les gifles de la vie de tous les jours, beaucoup les considèrent comme utiles, voire nécessaires. Ainsi, il y a dix jours (anticipant la campagne de la Fondation), Claire B. jeune maman qui tient le blog « Louloute et chaperon rouge » (hébergé par overblog) se lance dans un quasi éloge de la fessée, reprenant une rhétorique fréquente sur ce thème tentant de différencier les bonnes des mauvaises claques. Intitulé « Et si on arrêtait avec les clichés », son post n’est pas une tentative pour se dédouaner mais un récapitulatif des raisons pour lesquelles elle a parfois recours à ce type de corrections.
« Je suis adepte du maternage mais néanmoins la fessée est quelque chose qui se fait, ici, chez moi (…). Les lois anti fessée me révoltent. Avoir besoin de légiférer sur ce qui pour moi est de l'ordre d'un positionnement strictement personnel, je trouve ça dingue (…). Je ne banalise pas la "violence" en donnant une fessée. Je montre simplement qu'il est des limites qu’on n’outrepasse pas quand on est un enfant (quand on est adulte aussi mais malheureusement paraît qu'on n’a pas le droit de donner la fessée à ceux qui nous gonflent, dommage) (…). Et, si on franchit la limite, il y a conséquence. Parce que oui, il me semble important d'apprendre à nos chérubins la portée de nos actes. (…) D'ailleurs, je crois qu'une fessée peut être un acte d'amour. Souhaiter poser des bases a son enfant pour lui donner le cadre nécessaire à sa construction ».De l’art de bien gifler
Les professionnels de santé peuvent partager une telle conception. S’ils évoquent moins souvent la question que les « mamans blogueuses », ils ne sont cependant pas avares de commentaires sur ce terrain. Ainsi, l’auteur du blog « Médecin de campagne » proposait il y a quelques temps une réflexion sur ce thème. N’hésitant pas lui aussi à faire état de son expérience personnelle (sur l’air de j’ai reçu des fessées et je ne suis pourtant pas violent) il affirme qu’il s’agit d’une « erreur éducative majeure de penser que la fessée juste engendre de la violence ». Là encore, une subtile différence entre bonnes et mauvaises claques est opérée, les premières semblant s’inscrire parfaitement dans l’apprentissage essentiel des règles.
Un papa et une maman : ça claque !
Si on le voit, le débat paraît donc intemporel, il peut connaître des résonnances particulières en fonction de l’actualité récente. C’est ainsi que l’on a vu cette semaine plusieurs blogs détenus par des auteurs se présentant d’abord comme des catholiques pratiquants proposer une lecture assez inattendue de cette question : « Une campagne télévisée contre les « violences éducatives ordinaires » (…) veut convaincre que claques et fessées peuvent avoir des conséquences néfastes sur les enfants. Et priver un enfant de père ou de mère est-ce anodin ?» demande l’un de ces blogs en référence à l’adoption récente de la loi ouvrant le droit à l’adoption aux couples homosexuels ! Un esprit de l'escalier claquant !
Aurélie Haroche
PS 1 : Le Cosi Fan Tutte de Heneke se termine par deux retentissantes gifles échangée par Don Alphonso et Despina comme pour sceller leur amour. dans la thèse nouvelle du réalisateur de "AMOUR" il s'agit bien d'amour entre ce troisième couple que Da Ponte et Mozart n'avait pas imaginé, trop préoccupés qu'ils était à démontrer que ... mais vous connaissez la suite... Et que donc la "fessée" peut être une preuve d'amour.
PS 2 : Les Blogs de la Guadeloupe sont plus discrets sur la dite "fessée" qui se traduit en créole par "on pliche". je crois que certains anciens évoquent avec une inquiétante nostalgie leur souvenir douloureux avec certains instruments de "torture" (le mot ne me semble pas exagéré) qui changeaient de "nom" d'une commune à l'autre d'une classe à l'autre. Nos "martyrs" de l'éducation avaient l’embarras du choix entre la verge brûlante du tamarinier, la dureté brutale du cuir-ceinture dont la boucle pouvait faire très mal, la simple règle de bois qui frappait les bout des doigts qu'on était prié de ne pas escamoter... ce réflexe automatique surenchérissait la peine. Et de toutes manières en rentrant à la maison le soir on avait aussi la certitude que la punition serait "bis repetitat" de Papa ou de Maman Les Hussards Noirs de la République avait la "main légère"... mais leur tâche était ardue ! L'ont-il réussie cette mission d'éduquer ? de toutes manières la fessée comme la nostalgie n'est plus ce qu'elle était. PS 3 : J'ai glissé dans les illustrations le fameux nœud de cravate de Christian GREY le héro pervers de la trilogie Fifty Shades de E. L JAMES. De très nombreux lecteurs et sans doute lectrices ont donc lu, compris, apprécié peut-être la ou les fessées mémorables reçues par Ana. Les ventes de fouets et autres martinets en ont été boostés ici et ailleurs.