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Avec ses milliards de projets à l’année, Madlib avait presque réussi à nous faire oublier Quasimoto. Huit ans que son alter ego sous hélium était rangé sagement dans un placard de chez Stones Throw, il était temps de lui faire prendre un peu l’air, pour le plus grand plaisir de tous.
Pour rappel, Quas’, c’est l’identité sous laquelle se cache le producteur californien pour se permettre de rapper en se marrant, lui l’exigeant qui déteste sa voix originale. Un délire fumeux dans lequel il nous a tous attiré sur deux albums avec tout le talent qu’on lui connait.
Ce Yessir Whatever n’est pas un album à proprement parlé, il s’agit plus concrètement d’une compilation de chutes de studio sur ces dernières années et jamais utilisés jusqu’à présent. Du grand classique chez le bordélique Madlib qui nous a habitué à ces sorties freestyle qui caractérisent finalement très bien son style. De la musique pas sérieuse mais géniale.
Un album de Quasimoto/Madlib, c’est tout d’abord pour les productions qu’on l’écoute. Et une fois de plus le mec est injouable. En terme de sampling, il est le numéro 1 incontesté et incontestable, allant dégoter des pépites complètement folles auxquelles il rajoute son assortiment lo-fi soulful toujours aussi efficace. En clair, on hoche la tête pendant toute la durée du disque, enchainant les tueries en toute sérénité. Du H.I.P H.O.P.
Difficile de détacher un titre en particulier, tout est bon dans ce cochon, tout tabasse fort dans les basses, tout nous rend jouasses. Le soul Seasons Changes, les old-schools à la Pete Rock et ATCQ Planned Attack ou Catchin’ the Vibe, le très « Jaylib » Brothers Can’t See Me, etc etc. C’est du génie.
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Quasimoto – Seasons Changes
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Quasimoto – Brothers Can’t See Me
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Pour ce qui est de la partie vocale, rien de dingue à signaler, c’est de l’accompagnement à la cool plus qu’autre chose. Pas de messages précis à délivrer, pas de flow technique, le mec n’est pas là pour prouver quoique ce soit, il se fait juste plaisir et on ne lui en demande pas vraiment plus. Ca colle parfaitement à l’ambiance chill et c’est tout ce qui compte. Le ping-pong schizophrène est toujours drôle à vivre et empêche l’album de se perdre dans une monotonie linéaire. Intelligent donc.
Il n’y a pas grand chose à reprocher à ce disque, voire pas du tout même. Les pointilleux pourront toujours dire que ça n’a pas de vraies ambitions, qu’on ne peut pas le juger en tant qu’album, que c’est trop confidentiel, trop à l’arrache, trop compilation. Mais faut-il avoir toujours les dents longues pour faire de la bonne musique ? Bien sûr que non. On peut aussi se faire du kif’, proposer quelque chose d’alternatif, sortir des sentiers battus par les majors pour offrir ce qu’on veut à quiconque veut bien écouter.
Le mec en vendra peut être que 5000, en étant large, mais il est certain de faire plaisir à 99% de ses auditeurs. Personne ne peut détester un tel disque, ça s’écoute à tête reposée, en voiture, en soirée, dans le métro. C’est beaucoup trop positif et envoutant pour repousser quelqu’un. Et c’est bien ça le principal. Bien plus qu’une ligne directrice ou qu’un projet réfléchi de bout en bout. Un peu de bordel et d’imprévu, ça fait du bien aussi.
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Tracklist: 1. Broad Factor 2:45
2. Seasons Change 2:52
3. The Front 2:55
4. Youngblood 1:40
5. Astronaut 2:10
6. Planned Attack 2:50
7. Brothers Can't See Me 2:33
8. Catchin' The Vibe 2:43
9. Am I Confused 2:53
10. Sparkdala 3:30
11. Green Power 2:42
12. LAX to JFK 3:24
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