« En-nouvelle-ment du monde » est un exercice d’écriture radiophonique hebdomadaire, proposé par Ivan Gros, qui respecte une contrainte d’écriture simple : inventer et lire des nouvelles qui s’inspirent d’un entretien, mené à partir d’articles de presse.
Soit l’article suivant, écrit par Claude Burguelin, et publié dans le numéro 344 du mensuel La Recherche, le 1 juillet, 2001, intitulé « Comment la littérature réinvente la mémoire » :
Par définition, l’écriture est mémoire, conservation de traces, défi de la mort. Dans le sillage tumultueux de la Seconde Guerre mondiale, nombre d’écrivains français, de Georges Perec à Patrick Modiano, Claude Simon ou Nathalie Sarraute, ont renouvelé cet art ancestral. Leurs oeuvres dévoilent à quel point la mémoire humaine est pillarde, tricheuse et voleuse impénitente.
Plus que jamais, la mémoire anime la scène littéraire. Depuis deux ou trois décennies, de nombreux textes, souvent parmi les plus achevés, ont été écrits par des auteurs qui tournaient la tête vers la gauche, vers le passé. Mais la plupart de ces écrivains ne se sont pas contentés de faire oeuvre de mémorialistes au sens traditionnel du mot. Puisque la mémoire en son plus intime est liée au langage, aux images liées à des mots, ils ont été ainsi amenés à interroger le fonctionnement même de la mémoire, ses limites et ses pouvoirs, sa capacité à transformer ou à structurer, et même ses aptitudes créatrices. La littérature a eu ici une fonction heuristique. Elle a permis d’élargir le champ de la mémoire, d’en ouvrir les frontières et presque de renouveler le sens même du mot.
Cet article a inspiré la nouvelle « Zone d’ombre ». Elle a été publiée, chez Luce Wilquin, dans un recueil intitulé Confession des genres. Elle sera diffusée, dimanche 23 juin à 17 h 30.
Écriture : Emmanuelle Favier
Lecture : Victorien Robert
Montage : Flora Gros