Seulement 39% des personnes âgées peuvent payer leur maison de retraite
L'entrée en maison de retraite signifie souvent la perte de l'autonomie, mais au delà de ça, c'est aussi son financement qui rend les personnes âgées dépendantes. Si environ un tiers des seniors payent les frais élevés des établissements d'accueil, 25% d'entre eux y parviennent au prix de la vente de leur patrimoine.
Quand la maison de retraite devient un luxe
La crise, le manque de place ou l'augmentation démographique du nombre de personnes âgées ? Peu importe les innombrables raisons que l'on peut trouver, le fait est que le prix des maisons de retraites devient de moins en moins accessible pour une grande majorité. Et malgré les 10 400 établissements d'accueil recensés, le constat est affligent : il n'existe pas de maison de retraite « low cost », « bon marché » ou « pour les classes moyennes » et encore moins « pour les plus démunis ».
Pourtant, il s'agit là d'un marché à exploiter, car les demandes sont nombreuses et les besoins pressants : En 2011, 53% des familles françaises avaient les moyens de placer leurs aînés devenus dépendants. Aujourd'hui les chiffres chutent et seulement 47% y parviennent. Il faut dire aussi que le coût moyen mensuel d'une maison de retraite s'élève à 2 200 euros... Autrement dit, environ 60% des revenus mensuels moyens d'une famille de quatre personnes, sachant que ce modèle « deux parents, deux enfants » est celui qui a le revenu net le plus élevé.
Quelles solutions ?
Pour faire face à cette pénurie la population française penche en faveur de deux solutions en particulier : une intervention de l'État sur le plafonnement du prix des établissements de retraite, et une solidarité nationale pour aider au financement.
En janvier dernier, Michèle Delaunay, ministre chargée des personnes âgées et de l'Autonomie, déclarait qu'un dispositif devrait être mis en place pour bloquer l'augmentation des prix des maisons de retraite, ce que 87% des français approuvent. Le gouvernement a donc pour ambition d'agir sur les tarifs et les aides de l'État afin que les Établissements d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes soient accessibles aux classes moyennes ; car, bien que 1,2 millions de français bénéficient de l'APA (Aide Personnalisée d'Autonomie) il semble que l'aide ne soit pas suffisante.
En ce qui concerne la nation française et sa solidarité, les 0,3% de la CSA (Contribution de Solidarité pour l'Autonomie) prélevés sur la masse salariale du secteur privé ont rapporté 2,39 milliards d'euros en 2012. Sachant que cette sommes est partagée avec la prise en charge des personnes handicapées, elle ne représente qu'une petite (mais essentielle) part de contribution. Le gouvernement a donc prévu de l'étendre aux artisans et professions libérales.
Tout est donc mis en place (ou du moins ce sera le cas avant fin 2013 selon notre président) pour que le coût des maisons de retraite soit moins lourd pour les personnes âgées, mais aussi pour leurs familles qui prennent le relais lorsque l'autonomie financière disparaît. Mais comment honorer la somme incompressible de 40 euros par jour minimum ?
Tarification des maisons de retraite et aides adéquates
La tarification d'un Ehpad est basée sur trois forfaits : les soins, la dépendance et l'hébergement. Le premier est entièrement pris en charge par l'assurance maladie et une partie du forfait « dépendance » peut être financé par l'APA selon le degré de dépendance établi par la grille Aggir. Par déduction c'est donc l'hébergement qui pose principalement problème. Additionné au « reste à payer » du forfait dépendance on atteint le chiffre annoncé plus haut de 2 200 euros mensuel. Ce prix varie en fonction de la zone géographique (une maison de retraite est plus onéreuse en Île-de-France qu'en Normandie ou en Vendée) mais aussi de l'âge et autres critères de ce genre.
Le besoin d'une aide financière est quasi systématique, et heureusement elles sont nombreuses et diversifiées :
- L'aide sociale : Peut financer une partie de l'hébergement pour une personne de plus de 60 ans ou plus de 65 ans (selon l'aptitude au travail) et qui répond à un certain nombre de critères financiers. Il s'agit d'une sorte de prêt remboursable avant ou après le décès de la personne. Elle est attribuée par le Département après examen du dossier par le Centre Communal d'Action Sociale (CCAS).
- L'Aide personnalisée au logement (APL) / Allocation logement : Est valable si la personne est réside dans un établissement conventionné. La demande se fait auprès de la Caisse d'Allocation Familiale.
- L'Allocation Personnalisée d'Autonomie (APA) : Est une aide financière qui remplace la PSD (Prestation Spécifique de Dépendance) depuis 2002 pour les personnes âgées en perte d'autonomie. Son montant est évalué en fonction du degré de dépendance établi par la grille Aggir. Seul les catégories de 1 à 4 peuvent recevoir l'allocation. Les personnes souhaitant bénéficier de cette aide doivent retirer le dossier au CCAS ou dans l'établissement qui les héberge. Il feront l'objet d'une enquête menée par une équipe médico-sociale.
- L'aide fiscale : Cette allocation finance une partie des dépenses qu'il reste à assumer après déduction de l'APA, via une réduction fiscale de 25%. Elle ne prend pas en compte l'âge de la personne. Les personnes ayant intégré une maison de retraite ou autres établissements spécialisés avant janvier 2003, bénéficient toujours d'une déduction sur l'hébergement et la dépendance.
En attendant les changements prévus pour fin 2013, les seniors et leur familles devront se plonger dans la paperasse nécessaire pour bénéficier de ces aides, et s'armer de patience.
Illustration : © juliedeshaies - Fotolia.com
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