L'orbiteur LRO qui tourne inlassablement autour de la Lune depuis le mois de juin 2009 a photographié une spirale d'environ un kilomètre de diamètre au fond du cratère Giordano Bruno. La lave pourrait être à l'origine de cette curiosité géologique.
- Découvrez la Lune en image
Si tout le monde s'accorde à reconnaître la jeunesse du cratère lunaire Giordano Bruno, personne ne sait si l'âge de cette formation se compte en dizaines de millions d'années ou en quelques centaines d'années seulement. La seconde hypothèse, très audacieuse, a été émise depuis les années 1960 alors que débutait l'exploration de la face cachée de la Lune. C'est à cette époque qu'on y a découvert ce cratère très jeune d'une cinquantaine de kilomètres de diamètre, qu'on a surnommé Giordano Bruno, nom du célèbre philosophe italien favorable à l'héliocentrisme, une impudence qui le conduisit sur le bûcher en l'an 1600. Curieusement, le cratère Giordano Bruno semble correspondre à un phénomène spectaculaire : le 18 juin 1178, cinq moines de la cathédrale de Canterbury relatèrent l'observation d'un flash très lumineux sur le bord lunaire, qui aurait pu être causé par l'impact d'une grosse météorite.
Alors, quel âge a donc ce cratère ? Impossible de trancher sans aller y prélever un échantillon de roche fondue et lui faire subir une datation radiométrique (quand une roche est fondue et qu'elle recristallise, son horloge radiométrique est remise à zéro). Dépités, les géologues en sont réduits aux hypothèses et doivent se contenter des (belles) images produites au cours des survolsréguliers du cratère par la sonde américaine Lunar Reconnaissance Orbiter (LRO). Une nouvellephotographie du fond de ce cratère y révèle la présence d'une curieuse spirale de lave.
L'orbiteur américain LRO a déjà survolé à plusieurs reprises le cratère lunaire Giordano Bruno, invisible depuis la Terre. Les géologues sont bien incapables d'estimer le jeune âge de cette formation, qui pourrait avoir vu le jour il y a plusieurs dizaines de millions d'années ou le 18 juin 1178... © Nasa, GSFC, Arizona State University
Dame Nature à l’œuvre sur la Lune
La sonde américaine Lunar Reconnaissance Orbiter, en orbite lunaire depuis le mois de juin 2009, survole notre satellite à une cinquantaine de kilomètres d'altitude pour en réaliser la cartographie en haute résolution et étudier les régions polaires. Pour prendre ses photographies, l'orbiteur dispose de deux caméras. La Wac (Wide Angle Camera) fournit une résolution d'environ 100 m, alors que la Nac (Narrow Angle Camera) permet de saisir des détails de 0,5 m. Autant dire que rien n'échappe à la sonde, aussi à l'aise pour capter la beauté du cratère Aristarque que pour nous prouver que le drapeau américain flotte toujours sur la Lune. C'est donc la Nac qui a été utilisée pour photographier à haute résolution le fond du cratère Giordano Bruno, révélant une grande spirale figée dans le sens horaire. Quelque peu décontenancés par ce motif qui est plutôt l'apanage des galaxies, les géologues ont envisagé qu'une spirale puisse naître quand des coulées de lave ne se déplacent pas à la même vitesse et s'enroulent les unes autour des autres. Et ce, soit en raison d'une différence de viscosité, soit parce qu'elles sont plus ou moins ralenties par des obstacles au fond du cratère.
Une fois encore, la caméra à champ étroit de LRO nous révèle la beauté et la diversité de la surface de notre satellite naturel qui continue de faire rêver Américains, Chinois et Européens.