Une France révolue ? Le commentaire désuet au timbre si reconnaissable des actualités qui passaient en avant-séance des cinémas d’antan ? Non, l’Isan d’aujourd’hui. L’Isan où, certes, stûpas et bonzes safran diffèrent sensiblement de nos clochers et prêtres en soutane d’autrefois, où nos comices agricoles et autres patronages provinciaux tiennent plus ici d’un joyeux déferlement de bière, de karaokés criards et de sonos discordantes. L’Isan, dont la ruralité ne s’exempte pas de cette course au consumérisme effréné qui ravage la planète, il n’est qu’y voir la prolifération des Ipads et autres gadgets en vogue pour s’en convaincre. Mais l’Isan aussi qui, indifférente au message niveleur et globalisant qu’implique trop souvent cette modernité, l’a intégrée bon gré mal gré à sa culture populaire, tout en préservant ses traditions, ses valeurs et son mode de vie. Cet Isan, qui attire tous les jours davantage nos compatriotes, qu’ils s’y rendent pour séjourner, travailler, fonder un foyer ou prendre leur retraite. On peut bien sûr prétendre que cela n’illustre que le mouvement général d’une expatriation croissante chez nos concitoyens. Avec deux millions d’expatriés auxquels s’ajoutent chaque année, au bas mot, 130.000 petits nouveaux, cette accélération de l’émigration française, sans précédent depuis la Révolution, est telle qu’il peut être tentant d’affirmer que l’Isan n’est, somme toute, qu’un débouché parmi d’autres dans une Thaïlande où nos résidents ont doublé depuis 2005. Cette Thaïlande vue comme un nouvel Eldorado par les chaînes hexagonales, dorénavant très promptes à faire leur beurre d’une bonne louchée d’exotisme vendeur. Soleil, plage et défiscalisation ne sont-ils pas l’essentiel de l’argument pour ces faiseurs d’opinion ? Mais, pour que le beurre ne tourne pas au rance, on évite les questions qui fâchent. Car, en Isan, point de sable blanc ni d’argent facile, seulement une population accueillante régie par les lois naturelles de l’existence. Serait-il que le « changement de civilisation », si louangé par nos dirigeants, nous désorientât à ce point qu’on cherchât à retrouver ailleurs nos repères ? Et puisque la mondialisation engendre les flux de populations que l’on connaît, n’est-il pas préférable pour nos compatriotes de frayer avec des étrangers enracinés et solidaires – en Isan, « les Thaïs aiment les Thaïs », c’est bien connu – à même ainsi d’apprécier franchement et sans hostilité notre présence dès lors inoffensive ? « La terre, elle, ne ment pas », a-t-on dit dans un autre temps. Indubitablement, l’Isan confirme le propos..
Une France révolue ? Le commentaire désuet au timbre si reconnaissable des actualités qui passaient en avant-séance des cinémas d’antan ? Non, l’Isan d’aujourd’hui. L’Isan où, certes, stûpas et bonzes safran diffèrent sensiblement de nos clochers et prêtres en soutane d’autrefois, où nos comices agricoles et autres patronages provinciaux tiennent plus ici d’un joyeux déferlement de bière, de karaokés criards et de sonos discordantes. L’Isan, dont la ruralité ne s’exempte pas de cette course au consumérisme effréné qui ravage la planète, il n’est qu’y voir la prolifération des Ipads et autres gadgets en vogue pour s’en convaincre. Mais l’Isan aussi qui, indifférente au message niveleur et globalisant qu’implique trop souvent cette modernité, l’a intégrée bon gré mal gré à sa culture populaire, tout en préservant ses traditions, ses valeurs et son mode de vie. Cet Isan, qui attire tous les jours davantage nos compatriotes, qu’ils s’y rendent pour séjourner, travailler, fonder un foyer ou prendre leur retraite. On peut bien sûr prétendre que cela n’illustre que le mouvement général d’une expatriation croissante chez nos concitoyens. Avec deux millions d’expatriés auxquels s’ajoutent chaque année, au bas mot, 130.000 petits nouveaux, cette accélération de l’émigration française, sans précédent depuis la Révolution, est telle qu’il peut être tentant d’affirmer que l’Isan n’est, somme toute, qu’un débouché parmi d’autres dans une Thaïlande où nos résidents ont doublé depuis 2005. Cette Thaïlande vue comme un nouvel Eldorado par les chaînes hexagonales, dorénavant très promptes à faire leur beurre d’une bonne louchée d’exotisme vendeur. Soleil, plage et défiscalisation ne sont-ils pas l’essentiel de l’argument pour ces faiseurs d’opinion ? Mais, pour que le beurre ne tourne pas au rance, on évite les questions qui fâchent. Car, en Isan, point de sable blanc ni d’argent facile, seulement une population accueillante régie par les lois naturelles de l’existence. Serait-il que le « changement de civilisation », si louangé par nos dirigeants, nous désorientât à ce point qu’on cherchât à retrouver ailleurs nos repères ? Et puisque la mondialisation engendre les flux de populations que l’on connaît, n’est-il pas préférable pour nos compatriotes de frayer avec des étrangers enracinés et solidaires – en Isan, « les Thaïs aiment les Thaïs », c’est bien connu – à même ainsi d’apprécier franchement et sans hostilité notre présence dès lors inoffensive ? « La terre, elle, ne ment pas », a-t-on dit dans un autre temps. Indubitablement, l’Isan confirme le propos..