Dans nos vies nous avons croisé des artistes : peintres,
humoristes, musiciens, acteurs. Ils ont ravi nos vies. Ils vivent, la plupart
du temps chichement, alors qu’ils sont porteurs de culture, d’espoirs, de messages.
Je parlerai dans d’autres billets de ce blog, d’artistes croisés, amis,
engagés.
Pour l’heure, permettez-moi de témoigner sur El Hadj Ndiaye.
Vous allez aimer ! Une amie sénégalaise de France m’avait parlé de lui, disant qu’on serait en
symbiose. L’affaire a trainé. Puis nous nous nous sommes rencontrés. L’amie
n’avait pas tort. Une amitié pour la vie est née. Il m’écrit à propos de mon
blog, cet homme peu bavard : «"tu
me manques mon frère, tu es une bonne personne. Tu as encore du cœur là où il n’y
en a plus". Nous
ne nous parlons pas tous les jours car il est peu expansif sur le net. Mais il
doit se douter que j’écoute ses chansons en boucle. D’autres amis français qui
l’ont connu font de même. Même si nous ne comprenons pas toutes les paroles.
Écoutons ce chant sur la dette avant de poursuivre l’histoire de la
relation.
L’homme ne vient pas de nulle part. Il vient des quartiers
populaires de Dakar et a eu la chance de rencontrer ce grand développeur
qu’était Jacques Bugnicourt, fondateur
d’ENDA et mort dans des conditions obscures. A ENDA, El Hadj était en charge de
ENDA ART. Le père parti, et vu les jeux internes dans l’ONG, il s’est retrouvé
sur le pavé, vivant (survivant ?) seulement de sa musique. Quelques
problèmes personnels ont perturbé sa vie. Il s’est retrouvé dans le trou, comme
beaucoup d’artistes, comme beaucoup de gens passionnés.
J’ai eu la chance de partager des moments de sa vie :
sa maison à Ngekhor, sorte de caverne d’Ali Baba ou cohabitent des chiens
molosses, des pintades, des canards, des appareils pour la musculation. Il faut
avoir partagé un plat sénégalais sous ses manguiers pour comprendre l’homme.
Vie simple faite d’accueil et d’hospitalité. Quand on rentre dans son
capharnaüm émotionnel, on n’a plus envie d’en sortir.
Par
chance l’homme a su investir dans son village d’adoption sur un terrain de 3
hectares. Il rêve d’y faire de l’agriculture biologique, et d’en faire un grand
auditorium et un lieu de promotion musicale. Les investisseurs manquent.
J’animais un restaurant solidaire avec d’autres (notamment
des Sénégalais qui n’ont pas toujours joué le jeu et El Hadj Ndiaye le savait
intuitivement.). Il n’empêche qu’il a aidé le restaurant à avancer, sachant
venir à l’improviste et, de sa guitare et de sa voix sortir des sons qui
donnaient des frissons et donnaient envie de le réécouter sans cesse, sans
cesse, ce que je fais depuis que je suis de retour en France.
Une de ses grandes œuvres a été de soutenir un chanteur
local, Père Meissa. Ce maître de la salsa avait un rire qui mobilisait son
public. Et une grande qualité de musique. El Hadj a mobilisé tout son matériel
et son réseau pour produire le premier CD de Père Meissa. L’homme a eu la
malencontreuse idée de mourir avant que le CD soit finalisé. Comme El Hadj
j’avais mis mon obole dans la réalisation de ce premier CD. J’ai pleuré son
départ, j’ai pleuré pour son épouse ;
J’ai gardé des images fortes des moments vécus avec El Hadj.
Je les partage avec vous dans le diaporama qui suit, au son des chansons de El
Hadj. Mon ami.
(Cliquer sur le haut parleur pour avoir le son !)
Cet homme a produit ses CD sur ses fonds propres. Il
essaie de refaire carrière au Sénégal car pendant quelques années, il a percé,
avec succès, sur les scènes internationales et a produit trois CD. Et si un
jour vous voulez organiser un spectacle avec un grand chanteur, alors prenez
contact avec El Hadj Ndiaye ([email protected],
tel : 00221776512860). Je peux aussi servir de relais désintéressé !!!
Vous pouvez aussi lui commander un de ses trois CD.