Pourtant, deux indicateurs viennent souligner les difficultés auxquelles l'île se confronte. Les résultats aux évaluations de CM2 en Français et en mathématiques sont bien inférieurs à ceux de la métropole (plus de 15% des élèves sont en grande difficulté) ; le taux d'accès d'une génération au baccalauréat demeure inférieur au taux national de 6 points. Ces résultats ont des effets sociaux naturellement immédiats : 60% des jeunes actifs de 15 à 24 ans sont au chômage (contre 30% toutes générations confondues) ; le taux d'illettrisme dans l'île est de 21%, soit trois fois plus que la moyenne nationale.
Mon déplacement à la Réunion, les 13 et 14 juin répondait spécifiquement au sens que j'entends donner à mon ministère : comment tirer profit des particularités et des richesses des territoires pour permettre la réussite de tous. A la Réunion plus qu'ailleurs, il importe donc de tenir compte de l'environnement socio-culturel des enfants pour qu'ils réussissent.
Prenons l'exemple de l'illettrisme : peut-on expliquer son fort taux à la Réunion par les seuls retards du système éducatif local ? Evidemment, non. La raison principale se situe hors du système scolaire et découle de son histoire et de sa topologie. De son histoire, elle hérite d'un créole très implanté ; de sa topologie, de quartiers enclavés. Le créole reste la langue maternelle de beaucoup de jeunes réunionnais. Le rôle de l'école est alors de trouver la meilleure pédagogie pour faire en sorte que ce bilinguisme soit un atout plutôt qu'une faiblesse.
Cet exemple signifie à lui seul que l'Ecole ne peut atteindre son but si elle s'envisage hors-sol. En effet, l'élève, enfant et futur citoyen arrive à l'Ecole avec son bagage social, économique, familial, culturel, territorial. C'est précisément sur ce point de rencontre entre l'école et l'environnement de l'élève que se crée la réussite éducative.
Les particularités d'un territoire ne sont pas un sujet anecdotique quand il s'agit de chercher les causes de l'échec scolaire. L'implication croissante des élus et des associations ainsi que le travail de concert sont des promesses d'avenir et un message d'espoir pour tous les jeunes réunionnais. A la Réunion comme ailleurs, c'est quand ils agissent ensemble et regardent dans la même direction, que tous les acteurs de l'éducation des enfants favorisent au mieux la réussite éducative."
Voilà, tout est dit. Tout, c'est-à-dire rien. Pendant ce temps là, nos marmailles passent leur bac.
François GILLET
Voir l'original sur le site du huffington post
Photo Mustapha Bourrane, Réunion Première