La difficile survie des galeries de la Caraïbe

Publié le 19 juin 2013 par Aicasc @aica_sc

La Mutual Gallery de la Jamaïque ferme ses portes après quinze ans d’activité. Créée en 1975 à New Kingston, elle proposait,  dans un  espace de cent vingt mètres carrés, des expositions individuelles ou collectives autour de la gravure, la sculpture, la peinture, la miniature et deux programmes destinés à la promotion des artistes émergents, Art Fresh et Super plus.

Elle vient en effet de perdre le soutien de deux importants  sponsors, la Mutual Life assurance society et la AIC Ltd.

En 2009, c’était la galerie Zemicon de Barbade qui cessait toute activité.

En Martinique, plusieurs tentatives, souvent plus brèves que la Mutual Gallery et Zemicon Gallery qui ont résisté respectivement quinze et neuf ans, se sont arrêtées : Galerie Singulier, Galerie Subito, Galerie West Indies, Maison créole et Galerie Arts pluriels.

A Paris, la JM arts Galerie, d’abord rue Quimcampoix puis rue Chevaleret,  a elle aussi fermé.

Que  leur a t – il donc manqué ? Une base financière solide ?  Une identité artistique bien définie ? Une stratégie commerciale suffisamment agressive et efficace ? Une insertion dans le réseau professionnel ? Un rayonnement au – delà de la région ?

Les galeries d’art sont des entreprises fragiles et les galeries de la Caraïbe le sont davantage encore. Se dotent – elles des moyens financiers et stratégiques nécessaires à un rayonnement hors de la Région ?

Cette année, pas plus que les précédentes, elles n’ont été présentes dans les grandes foires comme la FIAC ou Art Basel. Sur les cent vingt- sept (127) galeries représentant vingt – cinq (25) pays de la FIAC 2013, on ne comptera que cinq (5) galeries du Brésil et trois (3) galeries du Mexique donc de l’Amérique Latine. Aucune de la Caraïbe. Pourcentage encore moins favorable  pour Art Basel qui vient de s’achever. Sur trois cents galeries (300), deux galeries du Brésil, une du Mexique et une d’Argentine.

C’est à la fois une question de moyens financiers et de ligne artistique.  La sélection est drastique. En 2011, le comité de sélection de la FIAC a choisi cent soixante -huit (168) exposants sur six cent cinquante (650) candidatures   et en 2012, cent quatre – vingt – deux (182) sur sept cent cinquante (750).  Le budget de participation aux foires est un investissement incontournable pour une galerie sérieuse et représente un pourcentage important du budget annuel. Il faut être convaincu de pouvoir rentabiliser cet investissement.

De plus, le métier de galeriste évolue.  Produire des œuvres d’art contemporain coûte de plus en plus cher et peut- être y aura – t- il demain davantage de producteurs d’œuvres, à la manière de producteurs de cinéma que de marchands d’art. Ce qui rendra la présence dans les foires encore plus  indispensable si le choix de se concentrer sur la production d’œuvres plutôt que sur l’entretien d’un espace commercial de monstration se confirme et se généralise.

Une bonne représentation de la Caraïbe dans le monde globalisé de l’art passe incontestablement par une présence dans les foires importantes. C’est aujourd’hui encore un avenir à construire.

Marc Quinn
The origin of the world
FIAC 2012

The Origin of the World (Cassis Madagascariensis)
Indian Ocean, 310, 2012
Bronze
310 × 270 × 236 cm
Présentée par Thaddaeus Ropac, Paris

Marc Quinn vit et travaille à Londres où il est né en 1964. Avec The Origin of the World (Cassis Madagascariensis) Indian Ocean, 310, Marc Quinn présente un coquillage en bronze, haut de trois mètres, reproduit de façon réaliste. Le titre se réfère à l’image emblématique de L’Origine du Monde de Gustave Courbet (1866). L’artiste invite le spectateur à percevoir la sculpture comme un symbole monumental du sexe féminin. A travers ses peintures et ses sculptures, Marc Quinn assume des clins d’oeil à l’histoire de l’art. L’artiste évoque volontiers La naissance de Vénus de Sandro Botticelli (c.1485), qui représente la déesse de l’amour née de l’écume de la mer et semblant sortir d’un coquillage. Contemporain d’une époque perturbée, l’oeuvre illustre le besoin de se retirer dans un environnement clos et protecteur se traduisant par une esthétique aux formes rondes et douces.