Max | La voix de Boris

Publié le 19 juin 2013 par Aragon

Il a dit : « Le travail est probablement ce qu’il y a sur terre de plus bas et de plus ignoble. Il n’est pas possible de regarder un travailleur sans maudire ce qui a fait que cet homme travaille alors qu’il pourrait nager, dormir dans l’herbe ou simplement lire ou faire l’amour avec sa femme »

il a dit encore, « Supprimez le conditionnel et vous aurez détruit Dieu »

Remarquable série de PPDA qu'une maison, un écrivain, ça passe sur France 5 on peut bien sûr la voir sur le Net, peinard, à l'heure de notre choix,

après avoir visionné celle de Proust, de Dard, de Pagnol, de Loti, je tombe par hasard sur un volet amorcé par l'aile du Moulin Rouge : la maison de Boris

je tombe chez Boris comme si j'y étais invité,

je tombe sur plein de trucs que je savais déjà, mais avec délectation, comme si c'était tout neuf,

je tombe sur cette extraordinaire non-chanson (exactement à 1mn29 et demi du début du film vidéo youtube 1) extraite du doc (1946) "le Désordre à 20 ans", je la passe en boucle depuis, j'adore la mélodie et les paroles, surtout les paroles qui en sont sans en être, comprenne qui pourra, probablement personne mais ça n'a aucune importance, de toute façon on subodore que les paroles sont une invitation majeure à la vie, à manger des tranches de salami et à faire rire les filles, à les aimer,

je tombe sur sa voix (fin youtube 1 et tout début vidéo youtube 2) et là je suis bouleversé par la présence du ton, de la vibration. La voix de Vian vivant. Elle a presque soixante ans cette voix et elle a pas pris une ride. Y'a des voix pathétiques quand on entend les archives de l'INA, par exemple celles de grands tribuns politiques, autres, ces voix paraissent ridicules de nos jours, l'emphase, le drapé-phrasé dramatique est ridicule, absolument pas naturelles, plein de voix archivées sont dépassées par le temps. Boris, on dirait qu'il te parle depuis la pièce d'à-côté, il est là, sa voix est claire, nette, précise, douce, vivante, je suis bluffé, sidéré, je l'avais jamais entendu comme ça,

entre lui et moi, je l'ai déjà dit ici, c'est une très vieille histoire d'amour et bien, par ce petit film, je le retrouve tel que je ne l'avais vu encore, je le retrouve comme au premier jour...

Vian était à sa façon un authentique anarchiste, il avait l’espoir que l’humanité deviendrait sage par le progrès, par l'utilisation de la cervelle, par la science, il voulait combattre avec les armes de l’intellect, non par la kalach, c'était un doux anarchiste.

Il s'est trompé ou plutôt c'est le monde qui s'est trompé, il ne deviendra pas sage, ça n'arrivera jamais. Mais il y a eu de doux anarchistes comme Boris ou Coluche, il y en aura d'autres, plein, tout plein et puis un jour nous mourrons aussi à notre tour, mais auparavant on aura bouffé de délicieuses tranches de salami, on aura fait rire les filles, on se sera amusé de la vie, de ses jours, de ses nuits, on aura vécu...