Où sont les violeurs ?

Publié le 19 juin 2013 par Juval @valerieCG

Il y a quelques temps j’ai lu un commentaire sur un sujet sur le viol, commentaire dont j’ai beaucoup de mal à me remettre. Je ne linke pas et me contente de vous narrer l’histoire (pour ne pas que vous alliez pourrir le blog de la copine en fait).
En clair l’homme a conscience d’avoir violé minimum deux fois ; l’une fois lors de l’état semi comateux d’une fille. L’autre fois lorsqu’il a vu que la résignation de sa femme n’était pas du consentement. Le discours est classique : chaque homme peut être un violeur (mais rires), j’ai violé (peut-être plus de deux fois je ne sais pas) MAIS je ne recommencerais plus car j’ai deux filles. Comme il dit il projette dans des « victimes abstraites », des femmes qu’il a aimées et ainsi le viol le dégoûte (visiblement en revanche l’amour qu’il avait pour sa femme n’a pas suffi à ne pas la violer ?).

Mais comme il dit, il est maintenant immunisé car il a deux filles et a lu le blog de ma copine qui l’a amené à réfléchir.

Et donc que faire avec cela ?

Je suis au passage TRES surprise de certaines réactions sur twitter où, pour certains vous l’avez trouvé « courageux ». Merde. MERDE. Etre courageux c’est témoigner qu’on a été violé-e (note ne pas témoigner ne signifie pas qu’on ne l’est pas hein ) . Poster anonymement qu’on a violé n’a RIEN de courageux. Poster qu’on ne violera plus n’a RIEN de courageux. Si on en est à la distribution de cookies face à de tels comportements c’est plus que problématique (chose que la blogueuse qui lui a répondu n’a évidemment pas faite). Passons sur le fait que ce type nous explique qu’il souffre (mais bien sûr), qu’i lest bien malheureux et autre annerie de gens qui passent leur temps à penser à leur souffrance au lieu de celles qu’ils ont infligées.

Il y a entre 50 000 et 75 000 viols par an. On connait à peu près les victimes car il y a des études, elles parlent via le biais d’enquêtes. Comme seulement 10% d’entre elles portent plainte et que seulement 10% de ces plaintes aboutissent à une condamnation, on a peu d’éléments sur les violeurs.  Je pense même que n’est représenté en cour d’assises qu’un type de violeur bien particulier, très loin de ce qu’on sait du violeur (connu de la victime etc).

De deux choses l’une. Soit 50 000 nouveaux hommes violent  chaque année (et on est davantage dans la merde qu’on ne le pensait), soit les violeurs multirécidivent ; il ne peut en être autrement. Je tends à penser que les violeurs sont multirécidivistes ; ce qui, oui, irait à l’encontre des statistiques sur le viol mais, qui, comme je l’expliquais au dessus, sont fondées sur un type de violeur bien particulier.
Je pense que le profil de ce type au dessus est typiquement le profil lambda du mec qui a violé. Celui ci en a pris conscience (j’avoue que j’en ai un peu rien à foutre, je trouve que c’est une immense violence un mec  qui vient dire qu’il a violé sur un article où une femme parle de son viol), sa prise de conscience est toute relative il « s’est conduit en violeur » (et « n’est pas un violeur ») et « commet des forfaits« . Je ne sais pas à quel point il y a prise en compte des viols , je pense qu’il n’y en a aucune car l’idée du viol est tellement soumise à de idées reçues (le violeur dans un parking, les yeux exorbités) que la plupart des violeurs n’ont aucune idée qu’ils en sont. Il suffit au passage de parler un peu avec des avocats, des éducateurs, des policiers pour voir que les violeurs arrêtés et condamnés ne comprennent d’ailleurs souvent pas du tout pourquoi ils le sont.

Néanmoins on fait quoi avec cela sérieusement ? On connait toutes et tous des victimes de viol.  Où sont les violeurs ? Evidemment vous allez me répliquer que personne ne va censément se dire violeur. Sauf que des études nous ont montré que si on interroge un groupe d’hommes lambda en leur posant des questions sans prononcer le mot « viol », un pourcentage dira que oui il pourrait adopter des conduites qui sont des viols.

On a beaucoup parlé de viol ici ces derniers temps (trop bien que de bons moments on a passés). Il y a bien un moment où il va tout de même falloir faire quelque chose de toutes les discussions qu’on a eues, des réflexions posées. Il y a 50 000 viols par an, avec des victimes identifiées et zero violeur (ou alors le monstre de la télé).

Je pose la question simplement ; que fait-on. Vous êtes nombreux, très nombreux à me dire qu’il y a des priorisations de combat et que des choses sont importantes, d’autres non. Ok le viol c’est important; Donc on fait quoi. Quelles méthodes d’éducation, quelle méthodes de prévention, faut-il punir (pourquoi je sens que ce volet va vous passionner) et si oui, comment ? Je renvoie au lien déjà donné où un test a été donné à des étudiants ; première piste.