Le temps me manque pour écrire, et un peu la motivation. Le temps, parce que le travail m'absorbe, et que je préfère que mon blog en pâtisse plutôt que la vie familiale.
Ces nobles sentiments exprimés, je dois avouer que l'actualité m'inhibe aussi. Le formidable échec qu'est l'euro est une évidence chaque jour plus marquante. Hors, il m'était facile, par quelques exemples, faits ou citations, de tirer régulièrement la sonnette d'alarme sur les dangers de la monnaie unique et je pouvais en plus avoir l'impression que c'était utile, puisque c'était (relativement) rare.
C'est devenu maintenant plus courant (nos vaillants grands médias parisiens résistent encore, ne critiquent qu'à mots couverts, mais les éloges effarants disparaissent).
Du coup il me faudrait écrire sur d'autres choses, plus positives, ou sur des sujets plus variés - mondialisation, inégalités...
Je ne sais pas bien faire et je n'ai pas le talent de Descartes le blogueur, pour synthétiser mes opinions sur des sujets d'actualité très divers (lire son très bon plaidoyer pour le bac).
Donc désolé pour les lecteurs qui s'étonneraient de me lire moins, mais cela risque de continuer.
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Cette interminable introduction terminée, juste un commentaire sur un article récent de Paul Krugman.
Il y commente de façon lapidaire l'évolution de l'emploi en zone euro, telle que mesurée par Eurostat :
On voit dans ce graphique que l'emploi dans l'Union européenne est en baisse depuis début 20081. On y lit aussi que depuis 2008, l'emploi s'effondre plus vite dans la zone euro que dans l'ensemble de l'Union européenne.
On notera au passage que jamais Eurostat ne distingue membres de la zone euro et membres de l'UE non membres de l'euro, ce qui ferait apparaître de façon encore plus claire le handicap que constitue l'euro.
Comme j'ai mauvais esprit, j'ai repris quelques données Eurostat sur le chômage. J'ai calculé le taux de chômage moyen pour les pays membres de la zone euro et celui pour les membres de l'UE non membres de l'euro (en tenant compte des dates d'entrée décalées). Certes, il aurait fallu calculer un taux de chômage pondéré par le PIB, ou d'autres raffinements. J'ai fait au plus vite, mais je ne pense pas que cette simplification constitue un biais fort.
J'ai ajouté les Etats-Unis et le Japon à titre de comparaison.
Ce que l'on voit, c'est que face à la crise de 2008, le chômage a augmenté partout. Mais dans les trois zones non euro, il a baissé après un pic. Dans la zone de change fixe qu'est l'eurozone, il ne cesse de croître : le régulateur ayant été cassé, on atteint des records de chômage depuis 20 ans.
Ce qui est inquiétant, c'est qu'on ne voit pas cette tendance négative en zone euro s'inverser, et que la quasi-totalité des remèdes proposés sont de nature à accélérer les dégats sociaux caricaturalement visibles en Grèce, mais probablement bientôt sur nos écrans nationaux.
Comme l'écrit fort bien Krugman, "ce qui est inquiétant, ce n'est pas tant les résultats de la zone euro - une récession qui se poursuit pendant cinq années, après un rebond léger - mais le fait que les dirigeants européens ne voient pas ces résultats comme le signe qu'il y a quelque chose de radicalement erroné dans leurs politiques, dans la structure de l'eurosystème ou dans les deux".
Ambrose Evans-Pritchard crucifie à ce sujet le commissaire européen aux affaires économiques, Olli Rehn, dans un article récent. Il y oppose le rapport du FMI qui avoue ses erreurs sur la Grèce, aux dénégations comme toujours orwelliennes des responsables européens, et de Rehn en particulier.
En Union européenne, la guerre c'est la paix, et l'austérité c'est la croissance. A ce point de cécité, le système européen ne peut être rafistolé.