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Analyse du sujet du bac d’histoire de Terminale

Publié le 19 juin 2013 par Copeau @Contrepoints

Le bac d’histoire de cette année reste dans le très classique.

Par Jean-Baptiste Noé.

Analyse du sujet du bac d’histoire de Terminale

Le bac d’histoire de cette année reste dans le très classique.  La majeure en géographie et deux textes à étudier en histoire.

Les sujets sont on ne peut plus classiques en géographie puisqu’ils reprennent les intitulés des chapitres du programme.

« L’Afrique du Sud : un pays émergent » d’une part et « Les territoires dans la mondialisation : une inégale intégration » d’autre part.

Pour le premier, le plan géographique classique : statique, dynamique, typologique fonctionne très bien. On présente d’abord le pays, dans ses caractéristiques géographiques, historiques et ethniques. Bien voir le changement apporté par la fin de l’apartheid. Puis on montre comment ce pays se développe et s’insère dans l’économie mondiale, en analysant différentes échelles (c’est le propre de la géographie) : au niveau de l’Afrique et au niveau mondial. Enfin, on peut montrer les forces et les faiblesses de l’Afrique du Sud : la violence, les problèmes de racisme persistant, mais aussi les entreprises internationales qui y investissent.

Pour le deuxième, un plan scalaire me semble tout à fait approprié. Commencer par l’étude des territoires mondialisés à l’échelle mondiale, puis l’échelle continentale, et enfin l’échelle locale. On montre qu’il y a des zones intégrées et d’autres qui ne le sont pas, que des zones peuvent être intégrées sur certains points, mais pas sur d’autres : par exemple les territoires de la drogue et des mafias (espace caraïbe).

Comme à chaque fois, il ne s’agit pas de réciter son cours et de faire un devoir trop long. Il faut aller à l’essentiel et synthétiser.

L’étude de texte est très intéressante. Les quelques devoirs que j’ai pu lire dans la classe où je surveillais, qui n’était pas mon lycée, ont plus réussi la dissertation que l’étude de textes. Ce n’est pas étonnant, c’est un exercice plus difficile.

Un texte du Général de Gaulle tiré des Mémoires de guerre sur le rôle de l’État dans la reconstruction, et un extrait du discours de politique générale de Jacques Chirac le 9 avril 1986 lors de sa prise de fonction. Très intéressant discours où Chirac fustige l’interventionnisme étatique. On croirait lire du Reagan ou du Thatcher. Nous sommes en pleine révolution conservatrice, et seulement cinq ans après le socialisme triomphant de 1981. Le contexte des textes étaient très important, comme le précisait l’intitulé. Voici deux gaullistes qui expriment deux visions différentes de l’État. Mais la France n’en est pas au même point. En 1945, il faut reconstruire. En 1986, il faut sortir de la crise économique et renouer avec la croissance. Cette URSS qui a réussi, comme disait Jacques Lessourne, doit se dégraisser et retrouver du muscle. Chirac, battu en 1988, a mis un terme à sa politique libérale, convaincu que c’est cela qui l’a fait perdre. En 1995, il a gagné avec un discours beaucoup plus social-démocrate sur la fracture sociale. On ne peut pas trop en vouloir à Chirac d’avoir trahi les idées libérales et d’avoir pris le tournant de l’étatisme : il a suivi ce que les électeurs ont voulu. Le peuple français n’a pas voulu de Raymond Barre en 1988, mais a préféré Mitterrand. En 1995, Édouard Balladur a perdu, et la social-démocratie est arrivée au deuxième tour, avec Jospin et Chirac. Le peuple a tranché.

Pas de surprise donc dans ses sujets, et pas de difficultés majeures.

Une inquiétude toutefois : l’Éducation nationale a cru bon d’expliquer des mots et des expressions dans le discours de Chirac, comme « rédhibitoires », « obésité » ou « subside ». Le ministère reconnaît donc que des élèves de Terminales L et ES, donc d’un bac général, ne sont pas capables de comprendre ces termes. Des élèves qui peuvent voter, qui peuvent se présenter aux élections, mais qui ne peuvent pas comprendre des mots essentiels dans un discours d’un Premier ministre. Il y a là de quoi être inquiet pour notre démocratie. Si ces élèves qui ont passé un an de leur vie à faire de la philosophie, qui ont étudié des textes littéraires que l’on suppose ardus, ne peuvent pas comprendre des mots simples dans un discours politique, alors oui, il y a bien quelque chose de pourri dans la République française (c’est du Hamlet revisité).

PS : L’Étudiant avait très bien vu les sujets possibles, leurs prévisions se sont révélées exactes.

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