"L'Inconnu du lac" : malgré ou à cause du danger?

Par Vierasouto


18 - 06
2013
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sélection UN CERTAIN REGARD/CANNES2013


PITCH.
Un lac, lieu de drague gay. Un jeune homme voit par hasard un homme en noyer un autre. Malgré ou à cause du danger, il entamme une histoire d'amour passionnée avec le tueur.



NOTES.
Un thriller minimaliste, intimiste, quasi métaphysique, sans aucune approche psychologique. Le film est factuel : Michel, jeune homme qui vient d'essuyer un échec amoureux, voit par hasard un homme en tuer un autre : c'est à la tombée du jour au bord d'un lac, lieu de drague homosexuel très fréquenté dans la journée.
Les berges du lac et la petit forêt la bordant sont montrées de manière très sensuelle, le bruit du vent, des pas, les changements de luminosité, un paysage beau et calme mais potentiellement menaçant à cause des ces petites variations d'atmosphère. Les voitures garées en lisière du bois, parmi elles, une voiture rouge faisant tâche qu'on remarquera par la suite... Michel, inconnu des habitués du lieu, trop bronzé, trop beau, archétype du séducteur, est le tueur de la veille, Franck le sait et entamme avec lui une liaison passionnée malgré ou à cause du danger.

Un homme entre deux âges, seul et solitaire, qui passe ses journées de vacances à regarder le lac, s'est lié à Franck qu'il considère comme un ami potentiel, lui qui n'en a jamais eu. Habillé quand les autres sont nus, hétérosexuel quand les autres sont homosexuels, cet inconnu triste va prévenir Franck que Michel a un regard dangereux, ignorant que l'autre est au courant.

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(vu en salles, 17 juin 2013)
"L'Inconnu du lac", thriller intimiste quasi métaphysique, l'impossibilité de dire non à la mort, comment on vient à accepter d'être 1 proie"
ET AUSSI...
Comme le film n'explique rien et s'interdit tout indice psychologique, rien dans le comportement de Franck, en dehors de sa relation amoureuse avec Michel dont il semble oublier qu'il est un tueur, n'éclaire le spectateur. Pourtant, les journées passent, identiques, son lot d'étreintes inchangé, et la tension monte imperceptiblement (le film est vraiment très bien fait, l'angoisse s'installe peu à peu). Franck va jusqu'à provoquer Michel en lui reprochant de ne le rencontrer que l'après-midi au bord du lac, de refuser, par exemple, de passer la nuit avec lui. On en arrive à ce que le tueur soit quasiment déstabilisé par une proie qui devance l'appel. Sauf qu'à un moment, qu'on ne peut pas vraiment déterminer, Michel saura que Franck sait... 
Une chose interroge le spectateur qui se prend à tenter de capter la dynamique du tueur : est-ce que Michel peut encore avoir envie de tuer Franck tant qu'il n'a pas peur de lui? Mais sans doute, la question n'est pas là... Face à Michel, le tueur, figure de la mort parée de tous les atours de la séduction, Franck est-il dans la recherche de sensations extrêmes en prenant tous les risques ou, proie consentante, ne peut-il se dérober à une mort trop séduisante? (d'ici à dire qu'il la provoque...) Elliptique, peut-être un peu trop (au service de l'esthétique épurée du film), le récit va, pas à pas, factuellement, dans le sens de l'inéluctable, ces plans du parking dans l'obscurité, que viennent éclairer parfois des phares de voiture, vont se multiplier... La marche vers le noir est en marche...
Présenté au dernier festival de Cannes dans la section Un Certain regard, le film a obtenu le prix de la mise en scène (à juste titre) et la Queer palm.

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Mots-clés : cinéactuel, cinéma français, Alain Guiraudie, L'inconnu du lac