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Le voyage apprend la tolérance

Publié le 18 juin 2013 par Legraoully @LeGraoullyOff

Flag of France

Comme ils me font marrer jaune tous ces gens qui n’ont de cesse que de revendiquer leur appartenance à la France et de prôner la supériorité de la civilisation française tout en ne connaissant rien du pays, de ses habitants, de son histoire, de sa géographie ou de sa culture. La nationalité française imprimée sur leurs papiers leur suffit. Ces mêmes personnes n’hésitent pas une seconde à imputer aux étrangers (sans papiers ou issus de l’immigration, droit du sol ou non- cela importe peu car ils les mettent tous dans le même sac) tous les maux du pays à l’aide d’une dialectique vidée de tout bon sens. Là où le bât blesse c’est que certains des plus xénophobes, des plus obtus, sont eux-mêmes issus de l’immigration (italienne, espagnole, polonaise…). Ont-ils oubliés d’où ils viennent ? Ce qu’ont traversés leurs parents ? Les brimades à l’école ou plus tard dans les lieux publics ? L’instituteur qui te frotte la peau parce qu’il croit que sa couleur est dû à la crasse? Ce que je ne m’explique pas est qu’ils s’amusent à jouer les coqs tout en ignorant tout des idées, actions, combats ; honorables ou non ; artistiques ou scientifiques ; qui ont fait de la France ce qu’elle est devenue : une vieille pute douée mais en bout de course. Un fils d’immigré qui va voter FN, oui ça existe ! Et ça, ça me troue grave le cul !

Ce n’est que lorsque tu cherches à comprendre ce genre de personnes que tu vois que leur discours ne tient pas debout. Parce que si tu suis ce raisonnement, quelqu’un qui se revendique avec une ardeur, parfois terrifiante, français, et qui n’a jamais lu Rousseau ou Balzac, Zola ou Verlaine, n’a jamais vu un Renoir (Auguste ou Jean), ou qui préfère les hamburgers aux cuisses de grenouilles et la bière au pinard, ça me laisse songeur… Cette sorte de personne qui se fait tatouer la botte de l’Italie en tricolore sur l’épaule, ou qui fait pendre le drapeau espagnol pendant la coupe du monde de football, tout en reprochant aux algériens d’en faire autant ne revendique t-il pas également une appartenance, une fierté des origines autre que française ? Dans ce cas, pourquoi le reprocher aux autres ??

Que se passe-t-il donc dans la tête de ces gens ?

Vous savez, ceux qui appellent encore l’arabe « bougnoule » uniquement entre eux (il ne faudrait pas être taxé de raciste non plus !) comme pour se venger de s’être fait piquer leur autoradio branché sur NRJ un jour qu’ils visitaient de la famille en banlieue. Ceux-là mêmes qui ne connaissent de l’arabe que la caricature qu’en font les médias et qui préfèrent s’en tenir à ça plutôt que d’aller vers l’autre. Ceux qui leur imputent toutes sortes de crimes, vérifiés ou non (pour un Merah, des millions qui trinquent) alors qu’ils n’en ont jamais vu, ne connaissent rien des transports en communs, bien planqués dans leurs baraques de petit bourgeois de classe moyenne supérieure. Ceux qui critiquent les musulmans qui prient dans la rue et hurlent en même temps au scandale dès lors qu’on parle de construire une mosquée. Ceux là même qui déplorent le fait que l’on démolisse des églises alors même qu’ils n’y ont mis les pieds qu’une fois pour faire la plus belle erreur de leur vie et n’y sont plus jamais retournés.

Selon eux, c’est une question de culture, de religion. Quand tu les écoutes, t’as l’impression que tous leurs problèmes (même financiers car c’est bien connu que ce sont uniquement les arabes qui pointent à la CAF) seraient réglés si les arabes étaient catholiques et si leurs femmes ne se foutaient pas le hijab sur la tronche ou le niqab qui fait peur aux enfants. C’est bien connu, le chrétien est tolérant et ne fais pas de vagues. Et question enfant, il sait s’y prendre. Même sans donner un petit cours d’histoire du catholicisme, il y a juste à regarder les valeurs que prônent des abrutis du genre Civitas par exemple, pour se convaincre que la religion monothéiste (quelle qu’elle soit ; a été, est, et restera toujours UN problème mais pas LE problème). Mais bon, si le FN peut faire son beurre là-dessus (et la viande halal) et rameuter des électeurs, pourquoi pas ? C’est toujours mieux que d’avoir un véritable projet politique non ?

Mais une question : on est tous des êtres humains ou pas ?

Nous sommes français, italiens, espagnols, algériens, portugais, marocains, serbes, bretons, corses, ch’tis, basques… etc… Mais humains ? Non ! Car nos origines, l’endroit d’où l’on vient, ou celui de nos parents, nos différences, continuent de servir de prétexte pour nous éloigner les uns des autres. Chacun dans sa petite communauté fermée et les moutons seront bien gardés. Et on retrouve ce genre de défiances, de rivalités débiles à tous les niveaux. Que ce soit à l’échelle de la nation autant qu’à celle de la région, du département(les 54 roulent tous comme des quiches, les meusiens sont des bouseux, les vosgiens des consanguins…et j’en passe), et même de la ville. Et ça finit en baston après le derby de la saison.

Le pire, dans le vote FN, c’est qu’il résulte plus d’un ras-le-bol que d’une décision réfléchie basé sur la lecture d’un programme politique. Il y a, bien évidemment, les personnes dites intelligentes qui y croient dur comme fer à la politique d’exclusion mais ceux-là sont les meneurs pas les suiveurs. Les travailleurs, les vrais, en ont plein le cul voilà tout. Plein le cul de se faire prendre pour des cons, de se faire presser comme des citrons alors ils s’expriment comme ils peuvent, tout stériles de concepts et de mots qu’ils sont, qui de toute façon ne sont pas leur rayon car on leur a répété toute leur vie qu’ils n’étaient pas intelligents et qu’ils devaient aller bosser et faire vivre la famille. Plus personne pour les défendre (encore moins depuis que des cocos factices ont supprimé la faucille et le marteau du drapeau pour les remplacer par une étoile et inscrire en dessous gauche européenne). Oubliés pour de bon l’ouvrier et le paysan.

Vers qui se tourner quand tout va à vau-l’eau ? Vers ceux qui prétendent détenir la légitimité de faire couler le sang ou vers les eunuques qui se laisse dicter leurs conduites par ceux qui ont le blé ? Vers qui alors? La politique ? La religion ? Ou une autre connerie du genre ?

Malgré tout, le français n’a jamais amené de fasciste au pouvoir, même dans les années parmi les plus sombres de notre histoire. Bon, ok, deux victoires aux législatives (dont un département est collé à celui dans lequel je vis actuellement…) mais pas de quoi en faire un plat. J’entends sans cesse que le français est facho. Si c’était si vrai que ça, est-ce que ça ne ferait pas bien longtemps que la clique Le Pen serait au pouvoir ? Je trouve que c’est une petite touche d’espoir non négligeable.

« Je suis français et fier de l’être ! » disent tous les blaireaux qui ne savent rien du grand village globalisé que devient la planète. Les différences de cultures ne rapprochant pas la plupart des gens, autant les supprimer et homogénéiser tout ça. Si tout le monde parle anglais, achète Apple, et bouffe de la merde, c’est encore mieux.

J’avoue tout de même être chanceux de vivre dans un pays où tant de bons écrivains et autres artistes ont vu le jour ou sont passés vivre quelques temps pour y trouver l’inspiration de laquelle naquit tant d’œuvres importantes et différentes. J’aime la France (géographiquement et culturellement parlant) mais pas sa politique (comme celle de n’importe quel pays je crois). Mais même là, le je suis fier d’être français me hérisse mon poil d’imberbe. Surtout lorsque cette phrase émane des profondeurs incultes d’une masse molle. Il n’y a pas de quoi en être fier autant qu’il n’y a aucune raison d’en avoir honte. On ne choisit pas où l’on nait ni ce que les gens au pouvoir font du pays.

«T’es fier de quoi ? Il me semble que tu n’es ni Mirbeau, ni Rimbaud, même pas Cocteau…De quoi t’es fier ? Du travail d’autrui ? Parce que c’est français, tu penses vraiment que ça fait de toi un meilleur être humain que le voisin d’à côté? T’es fier d’être français hein ? Mais qu’est que tu connais du pays ? De sa culture ? De son histoire ? Toi, l’anthropopithèque élevé à la pop-culture américano-merdiquo-mac-do? La révolution française ça te parle ? Le quatorze juillet c’est juste le moment où tu regardes les chiens-chiens du gouvernement défiler et où tu peux tirer quelques feux d’artifices ? Rien de plus ? La déclaration des droits de l’homme et du citoyen, ça te parle ? »

Ce genre de phrases, je les balance un peu trop souvent. Particulièrement à des gens dont la réflexion ne s’est le plus souvent limité qu’à penser à ce qu’elles allaient se faire à manger pour le prochain repas. C’est vous dire l’inutilité de la manœuvre. Quand je tombe sur des personnes de cet acabit, je ne peux tout de même pas m’empêcher d’essayer de les faire réfléchir. Je pense que ça me plait, même si la mauvaise foi de certains me rebute et que j’ai une tendance irrépressible à abuser du sarcasme. C’est encore pire si j’ai un peu trop éclusé. Là je me fais shaman. Je rentre en transe et plus personne ne comprend rien. Ce qui n’a pour effet en général que de m’attirer les foudres de mes interlocuteurs ou de ne plus être invité nulle part. C’est juste que j’ai vraiment du mal à comprendre certaines personnes. Et j’ai encore plus de mal à être tolérant envers l’intolérance. Mon côté Voltaire sans doute…

Toutes ces conneries m’énervent tellement que je ressens le besoin impérieux d’étouffer dans l’œuf et avec une certaine violence l’argumentation inexistante de ces idées nauséabondes. Et c’est quand même fou de voir le nombre de gens qui ne se pensent pas xénophobes (surement dû à une utilisation trop rare, voire inexistante, du dictionnaire) mais qui tiennent des discours plus que limites. Putain de merde ! Je ne le dirais jamais assez : notre seul ennemi doit être l’état, le pouvoir, et les quelques institutions dont le seul but est de tous nous enterrer (à nos frais bien évidemment). Car eux seuls nous ramènent à cet état de larve servile désolant qui fait monter en nous une colère plus que légitime. Nous nous devons de diriger cette colère contre ceux qui la mérite. Nous nous devons d’être unis, surtout par les temps qui courent. Voilà un message clair, net, et sans une once de sarcasme.

Une seule chose à faire pour qui a du mal à jongler avec l’esprit, ou pour qui est renfermé, voyager. Le plus possible, toujours plus loin, car le voyage apprend la tolérance. Il  permet non seulement de voir du pays, rencontrer des personnes d’horizons très différents, mais aussi d’apprendre de nouvelles langues (dialectes), observer les différentes espèces animales qui y vivent en relative harmonie, et ainsi s’initier à la tolérance, l’indulgence et à la fraternité. La fraternité !? N’est-ce plus qu’un mot vidé de son sens et perdu à la fin des deux autres ? Parce que, je veux dire, on entend toujours parler de liberté et d’égalité à tout bout de champs, mais quid de la fraternité ?? Ça fait juste beau en dessous du bleu-blanc-rouge que certains chérissent tant ou bien ?

Un seul mot d’ordre : Voyage (et non pas vacances, car il y a une énorme différence) et tu deviendras peut-être, si tu t’ouvres suffisamment, un homme digne de cette appellation.


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