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Rappeur, chanteur, producteur, J.Cole fait parti de cette génération « rap Pitchfork » menée par Kendrick Lamar, ces mecs qui ont tout compris à la musique et qui n’hésitent plus à aller chercher leur inspiration ailleurs que dans le strict carcan hiphop. Pour les non-érudits, on rappellera que J.Cole a été le premier artiste signé chez Roc Nation, le nouveau label de Jay-Z, en 2009, gravissant les échelons l’un après l’autre jusqu’à son « rookie album » deux ans plus tard, Cole World: The Sideline Story. Un disque plus qu’honnête laissant prévoir un joli avenir pour le gars de Caroline du Nord.
L’heure est à la confirmation avec le « sophomore », le deuxième opus, souvent le plus difficile à faire comme le veut la légende. Cette fois encore, il s’occupe de tout, à la production comme à l’interprétation. Mis à part une co-production de NO I.D et une autre d’Elite, le garçon fait tout comme un grand. Et il faut noter qu’il le fait plutôt bien. Pas d’abus de facilité dans le sampling, des instrumentalisations plus que correctes, la recherche d’une ambiance commune tout du long, rien à redire, c’est du bon travail. Rien d’exceptionnel mais pour le rappeur qu’il est, c’est déjà bien au-dessus de la moyenne des autres MC’s qui se lancent derrière les consoles.
Pareil niveau technique et lyrics, c’est solide. J.Cole sait rapper et sait surtout sur quoi il doit rapper. Des instrus lentes, quelque peu chill, mettant en valeur sa façon d’articuler ses phases, ses mots, ses phrases.
Le problème dans tout ça, c’est que, justement, il se connait trop bien et ne prend aucun risque. On aimerait le voir sortir de son cocon tout doux et offrir une alternative à ce qu’il nous a déjà servi sur mixtapes et sur son premier opus. C’est trop linéaire, trop attendu, pas assez surprenant et on décroche assez vite malheureusement.
L’homogénéité ici sert son revers de la médaille. Tout se ressemble trop et pour quiconque prête plus d’attention à la production qu’aux textes, l’album peut s’avérer très très trèèès long.
Il y a quand même de bons moments qui sortent de la léthargie, tel que cette merveilleuse idée de sampler le duo pop Cults pour le très réussi She Knows ou lorsque J.Cole laisse place à ses invités, Kendrick Lamar et TLC (oui oui le groupe R&B!) respectivement sur Forbidden Fruit et Crooked Smile. Et c’est révélateur du souci principal: c’est lorsqu’il aère et ouvre son album que le disque prend tout de suite une autre ampleur.
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J.Cole – She Knows
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J.Cole – Forbidden Fruit (feat. Kendrick Lamar)
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Born Sinner n’est clairement pas un mauvais album, il a de très bonnes qualités, de bonnes idées comme le texte de Let Nas Down en hommage au rappeur de QB, mais il manque de profondeur, il manque ce petit quelque chose qui font passer un opus de « bon » à « très bon ». On ne va pas se mentir, face aux mastodontes qui se présentent en même temps (Kanye) ou qui arrivent bientôt (Jay-Z, Schoolboy Q), sa durée de vie risque d’être très limitée.
Mais saluons quand même l’intégrité du bonhomme qui ne travestit pas sa musique, qui ne cherche pas à faire ce qu’il ne maitrise peut être pas encore. Il en faut des gars comme lui dans le rap, qui font avancer leur mouvement sans faire de vagues mais avec l’envie et l’amour du maillot. Et rien que pour ça, on sera encore là pour le prochain album.
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Tracklist: 1. Villuminati 5:09
2. Kerney Sermon (skit) 0:49
3. Land of the Snakes 4:11
4. Power Trip (feat. Miguel) 4:01
5. Mo Money (interlude) 1:21
6. Trouble 4:18
7. Runaway 5:15
8. She Knows 4:58
9. Rich Niggaz 4:38
10. Where's Jermaine (skit) 0:38
11. Forbidden Fruit (feat. Kendrick Lamar) 4:31
12. Chaining Day 4:45
13. Ain't That Some Shit 2:28
14. Crooked Smile (feat. TLC) 4:38
15. Let Nas Down 4:35
16. Born Sinner (feat. James Fauntelroy) 3:29
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