La musique qui accompagne son entrée en scène est toute guillerette, mais elle contraste avec son apparition. Regard éteint, paupière tombante… C’est Droopy qui se présente devant nous. Sébastien Castro, c’est un sacré personnage. Quinze ans et une trentaine de pièces qu’il promène son regard de faon, sa barbe naissante et sa belle voix grave sur les scènes de France. Quinze ans et trente pièces qui ont construit et façonné le comédien et qui lui permettent enfin de se produire dans un one man show qui ne ressemble à aucun autre. Il a ainsi acquis un jeu d’une richesse et d’une finesse incomparables.
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Sébastien Castro a son monde à lui dans lequel il évolue et se comporte comme personne ne le ferait dans la vraie vie. A moins d’être un loser magnifique ou un naïf indécrottable. Toutes les mésaventures qui lui arrivent, banales au départ, il les distord, il les décale, il les déforme et il nous les restitue tellement triturées qu’on dirait des compressions à la César. Avec lui, on ne sait jamais où on en est. Est-il réellement aussi ingénu, aussi tolérant, aussi conciliant ? Cette voix onctueuse et rassurante est-elle au service d’ un pervers, d’un vicieux particulièrement machiavéliques ? Il manie avec un flegme déroutant (jubilatoire pour nous) le meilleur de l’humour anglais et le second degré. Il maîtrise à la perfection l’art du sketch gigogne. On croit qu’il a tordu le cou du lapin et il nous en sort un autre de son chapeau.
Je ne vous dirai rien de plus que les trois exemples de thèmes abordés qui sont donné dans « le contenu » ci-dessus. Ils sont déjà suffisamment explicites de l’univers dans lequel Sébastien Castro grenouille.
En revanche, je tiens à évoquer le tout dernier sketch, sorte d’apothéose offerte en bouquet final qui se résume en une parodie de boulevard ringarde et sur-jouée dans laquelle Sébastien Castro, à la manière d’un Arturo Brachetti débile et sur-vitaminé, campe tous les personnages à grand renfort d’effets spéciaux et de bruitages farfelus. Un véritable morceau de bravoure, une performance d’acteur qui nous font vivre un moment de folie d’une absolue drôlerie.
En tout cas, j’ai compris le juste sens du titre de ce seul en scène. Si Sébastien Castro nous présente Toutes ses condoléances, c’est pour s’excuser d’avance de nous faire mourir… de rire !
Petit Palais des Glaces
37, rue du Faubourg du Temple
75010 Paris
Tel : 01 48 03 11 36
Métro : République / Goncourt
One man show de Sébastien Castro
Mis en scène par Emmanuelle Tachoires
Avec la voix de Laurence Badie
Musique d’Hervé Devolder
Décors de Vincent Dizien, Kristoff Bonnet et Christian Poux
Costumes de Laure Becquignon
Auteur : Critikator
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