Rupture technologique

Publié le 18 juin 2013 par Toulouseweb
Un excellent exemple : le Clip-Air suisse.
Le salon du Bourget commence trčs fort : l’aviation civile occupe toute la place, avec les effets d’annonces d’Airbus, Boeing et Embraer. On retiendra, sans attendre l’heure d’un premier bilan, le démarrage spectaculaire des ventes d’avions régionaux brésiliens d’Embraer, de nombreux 737 MAX et A320/A321 NEO et, trčs remarquée, la décision de Doric Asset Finance d’acheter vingt A380.
Malgré des conditions météorologiques détestables, le grand rendez-vous du Bourget respecte ainsi les traditions. Mais l’agitation médiatique provoquée par les principaux avionneurs présente comme ŕ chaque fois un effet pervers, ŕ savoir qu’elle occulte une autre actualité, plus technique, plus discrčte. A commencer par la recherche plus ou moins heureuse de possibles ruptures technologiques, susceptibles de faire progresser davantage l’aviation civile, dans tous les sens du terme.
Au fond du hall 2, qui réunit quelques-unes des forces vives du tissus industriel français et européen, un exemple retient l’attention, le concept d’avion modulaire Clip-Air de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne. Il s’agit d’une aile volante qui peut emporter trois Ťcapsulesť de passagers ou de fret, chacune d’elles correspondant grosso modo ŕ un fuselage d’A320. Avec trois moteurs seulement (des CFM56), le Clip-Air afficherait une masse maximale au décollage de 205 tonnes et des coűts directs d’exploitation trčs inférieurs ŕ ceux des appareils actuels. Qui plus est, ce concept, ŕ terme, pourrait faciliter l’usage de biocarburants et męme d’une propulsion novatrice ŕ hydrogčne liquide.
Le concepteur du projet, Claudio Leonardi, précise que le Clip-Air présente des caractéristiques intermodales uniques en leur genre. L’embarquement des passagers pourrait se faire dans des gares ferroviaires et, sans rupture de charge chemin faisant, les modules seraient ensuite accrochés sous la voilure, prendraient la direction de leur destination, le processus inverse se faisant ŕ l’arrivée. Techniquement, scientifiquement, le Clip-Air est plausible et mériterait certainement un vrai suivi industriel.
En un premier temps, explique Claudio Bernardi, l’idée pourrait ętre validée par un démonstrateur, un modčle réduit de 6 mčtres de longueur doté de petits turboréacteurs. Actuellement, seule est réalisée une maquette de 1,20 mčtre, point d’attraction du hall 2 du Bourget.
Lausanne est aussi le berceau du Solar Impulse, ce qui permet de souligner la qualité et l’audace des travaux qui y sont menés. Un industriel témoignera-t-il d’un intéręt concret pour l’idée, les agences européennes de recherche se manifesteront-elles ? La réponse ŕ ces questions aura incontestablement valeur de test, sachant que l’aéronautique appelle plus que jamais de ses voeux de vraies ruptures technologiques.
Pierre Sparaco-AeroMorning