Une coutume, ne remontant guère toutefois qu’au début des années 50, veut que les édifices publics, mairies, commissariats, gendarmeries et même perceptions et centre des impôts, arborent, chaque 18 juin, le drapeau de la France à leur fronton.L’objectif des initiateurs était de commémorer le fameux appel à la résistance du Grand Général de Londres. Il y a cependant jolie lurette quela source de cet usage s’est perdue dans les limbes de la modernité obligatoire qui fait rage de nos jours. Peu se souviennent également pourquoi le lundi de Pâques est férié ainsi que le jour de l’Ascension, le lundi de Pentecôtes ou le 15 août. Ce ne sont plus désormais que jours bienvenus pour partir en "week-end" sur les routes. Peut-être le 25 décembre, jour de Noël dans la religion chrétienne, réveille-t-il encore quelques consciences ! Mais on n’ajoute plus guère la crèche au pied du sapin. La place est réservée aux cadeaux ! Ce n’est là que juste retour des choses puisque cette fête fut jadis empruntée au paganisme par les pères de l’Église pour cause de solstice. Ces réminiscences préhistoriques montrent toutefois combien est profond l’ancrage de la nature humaine dans ses origines rurales. Et ce en dépit même de l’acharnement de notre modernité contemporaine à faire table rase du passé ! Et effet, si les fêtes religieuses passent à la trappe avec la déchristianisation de la société, elles ne sont pas les seules à disparaître du panthéon du citoyen. Qui sait encore pourquoi le Préfet dépose une gerbe au pied du monument aux morts le 8 mai ou le 11 novembre ? Qui sait encore qu’un certain 6 juin 1944, des cohortes de jeunes gars en bonne santé et sains d’esprit traversèrent la mer de la Manche malgré une météo épouvantable, se jetèrent à l’eau sur les plages de Normandie et périrent sous les tirs de barrage des occupants retranchés dans leurs blockhaus ? Deux dates conservent malgré tout dans l’inconscient collectif un certain sens. Le 1er mai, affecté à la célébration du "travail" et au défilé des syndicats dans les rues de Paris et le 14 juillet qui veut rappeler la prise de la Bastille. La fameuse Révolution étant sensée libérer le croquant de la tyrannie de la noblesse. Le peuple sort les flonflons et les feux d’artifices. On danse jusqu’aux aurores, on boit, on rit. Mais là encore, on oublie. Le "peuple" devint-il vraiment plus libre depuis ? On guillotina les riches mais les pauvres restèrent pauvres. Si on ne peut vivre dans le passé, on ne peut vivre sans passé. Sauf à errer dans l’irréel et sans but, prisonnier de l’immédiat. Alors gardons au cœur au moins l’esprit de cet appel du 18 juin. L’esprit de la Résistance. Mais c’est bien là vaine parole de vieux bougon !
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