L’Islande a toujours été belle pour Sigur Rós . Même lorsqu’elle brûle.
Avec le départ du claviériste Kjartan Sveinsson, le groupe change quelque peu de direction. Oui, les envolées sont épiques, les sons dilués et la voix de Jónsi toujours aussi haut perchée. Mais dès Brenninsteinn, qui ouvre l’album, on sent le choc. L’Islande brûle, passée au lance-flamme, et sa population court, paniquée, dans tous les sens.
On est quand même loin d’un album métal. La prépondérance de la basse et des percussions est toutefois ce qui saute le plus rapidement aux oreilles. Mais le groupe réussit à embellir ce portrait désastreux. Des morceaux comme Stormur, Yfirbord ou Isjaki combinent la beauté glaciale du groupe tout en plaçant l’emphase sur la section rythmique, composée de Georg Holm (basse) et Orri Páll Dýrason (batterie).
Kveikur est la version post-apocalyptique de Sigur Rós. On sent que le groupe voulait s’éloigner du dernier album Valtari, qui nageait dans des eaux beaucoup trop connues pour lui. Les rythmes sont plus rapides et plus tranchés, les sonorités plus agressives et poignantes. Si vous aimiez écouter du Sigur Rós avant de vous endormir, oubliez ça avec Kveikur.
Ceux et celles qui ont toujours préféré Svefn-g-englar à Sæglópur seront définitivement déçus. Brenninsteinn, avec sa batterie destructrice et sa basse acide, donne (presque) envie de se battre et de pleurer en même temps. C’est lourd, dramatique, abyssal. Kveikur, Hryggjarsula et Ofbirta sont du même ton. Ces deux derniers titres sont d’ailleurs plus proches d’un Godspeed You! Black Emperor que d’un Sigur Rós conventionnel .
Un album à la fois lourd et léger qui montre qu’après presque 20 ans de carrière, ces Islandais savent comment se renouveler.