Doux Jésus

Publié le 17 juin 2013 par Anosenfants

Plus que 10 jours et ce sera mon dernier séjour à l'Atelier de Laurence Cossé. J'appréhende ce moment de chute libre comme si on allait m'enlever les gardes-boue. J'ai tellement appris, tellement pris, j'ai peur d'oublier combien j'ai aimé ça.

Je bloque un peu avec mon histoire de Jésus et je dois absolument la terminer avant le dernier cours. J'en suis à la moitié, quand il a sa crise existentielle et qu'il n'arrive pas à être un homme... Mais qu'est-ce que j'en sais, moi, de ce que ça représente "l'affaire homme"... En fait, je n'arrive pas à le sortir de son marasme. Je me demande ce que je pourrais bien inventer pour qu'il sorte de son ivresse des profondeurs...

"Il avait choisi l’isolement et traversait le désert sans apprécier le voyage. Il était aride, étouffant et rien ne germait. Il avait l’impression de visiter une série d’appartements vides. Il n’était plus chez lui nulle part. Il continuait d’avancer, indifférent aux signes,  hébété par sa propre ivresse, animé d’une détermination sans envie. Il avançait pour ne pas se fixer, car il craignait de s’engluer lui-même dans sa maladie. Il appelait de ses vœux le changement et il aurait pactisé avec le diable s’il avait eu la certitude qu’un déclic était possible. N’avait-il pas signé d’ailleurs, sans le savoir, une sorte de lettre d’engagement ? Qu’était-ce au juste cet isolement si ce n’est une fuite en avant ? Il reniait ses amis, sa famille et tout ce qu’il avait construit. Tout cela était vain, mais il n’était pas prêt à entendre qu’il avait besoin des autres. Il lui semblait plus simple de mettre un bon coup de hache et de penser que l’aventure était ailleurs. Alors il s’acharnait à avancer sans voir, et revenait, chaque soir, la tête basse. 

Petit à petit, pourtant, une faille dans son abnégation laissait percer un peu de lumière, comme une humilité qui le ramenait pas à pas vers le sens et la beauté. Le voyage n’est pas toujours celui que l’on croit et il commençait à percevoir qu’il ne s’agissait pas de fuir les autres, mais de traverser son propre désert pour y trouver un souffle nouveau. Alors, il se mit à multiplier les efforts, laborieusement, comme s’il avait enfin attrapé par terre un fil qu’il déroulait méthodiquement pour rejoindre la lumière. Il devenait le voyage. Il découvrait de nouveaux possibles, et surtout redécouvrait ce qu’il était vraiment. Ce « moi » non conditionné, délesté de toutes ses artifices, malmené, essoré, étiré, avait fini par lâcher. Dépossédé de tout ses rôles, il ne restait plus que l’humain, tout le reste, il le comprenait dès lors, n’était qu'une poignée de sable entre ses doigts. Ici, au milieu du désert tout devenait alors possible, neuf. Comprenant qu’il s’agissait peut-être là de sa chance et du sens à saisir."

Bon qu'en pensez-vous ? ça suffit cette lueur d'espoir pour passer à l'étape de la résurrection, ou il va falloir encore lui trouver une nouvelle épreuve à franchir ? Toutes les contributions sont les bienvenues.