Alors que mon premier livre va bientôt paraître, reprenant mon récit vers Saint-Jacques (attendez encore un peu, nous fignolons les derniers détails...), et que je m'apprête à lire l'autre livre traitant du chemin de Compostelle, le fameux "Immortelle randonnée" de Rufin qui bat des records de vente aux éditions Guérin (ce n'est d'ailleurs pas forcément une mauvaise nouvelle pour mon modeste ouvrage; le sujet est porteur!), je vous conseille ici deux livres qui traitent également du voyage à pied, selon des rythmes et des paysages propres à leurs auteurs, ce qui en fait tout l'intérêt et la saveur.
Le premier, Remonter la Marne, de Jean-Claude Kauffmann aux éditions Fayard, je l'ai lu lors de mon voyage au Japon, avant et après ma longue marche sur Shikoku. Dans ce récit, l'ancien journaliste raconte sa remontée paisible de la Marne, de son confluent avec la Seine à sa source. Au rythme moyen de 10 kilomètres par jour mais en trimabllant un sac de 30 kilos, il prend son temps, s'arrête chez des amis et des rencontres, prend le temps de goûter à l'ambiance décalée et pourtant attachante de la France "laissée de côté" qu'il parcourt. Une France de l'est, qui à part son vin pétillant ne possède semble t il plus guère de richesses ni d'emplois, mais qui continue à vivre, de son côté et hors des cadres institutionnels et médiatiques. C'est bien écrit, très intéressant et me donne très envie d'aller à la rencontre de ces régions, ce que je vais faire sans doute lors de mon prochain voyage à pied, sur la Via Francigena, qui passe aussi dans ces coins là.
Le second est plus exotique, enfin si l'on veut. L'auteur, Pierre Cherruau, également journaliste (décidément il n'y a qu'eux pour écrire des livres de ce genre!), ancien correspondant Afrique du Monde, y conte son voyage en courant de Dakar à Paris. Cette fois, nous avons bien à faire à un coureur, mais au-delà de son amour réel pour la course à pied, et bien qu'il ne décrive pas si en détail que cela les conditions de son voyage (il semble faire des étapes d'une vingtaine de kilomètres, souvent accompagné par des amis, mais n'évoque par les questions matérielles du type sac et logistique), c'est bien son regard connaisseur, sensible et d'une grande acuité sur l'Afrique que nous Pierre Cherruau fait partager. Pour le coup je ne connais pas du tout cette partie du continent (j'en suis au moment sénégalais de son récit) mais je retrouve tout de même certaines situations typiques de l'Afrique et un regard de vrai voyageur.
Tout près, ou très loin, le voyage semble ne demander que deux bonnes paires de jambes, pour s'élancer à la rencontre du monde, à notre rythme. Ces beaux récits y invitent encore une fois, ainsi qu'à la lecture, bien tranquille au coin du feu ou sur une chaise longue, en rêvant aux prochaines échappées.