Europe/USA: Bush supporter de "L'Europe de la défense"

Publié le 23 avril 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

SELECTION RELATIO SUR LE NOUVEL OBSERVATEUR: UNE EXCLUSIVITE DE VINCENT JAUVERT

Exclusif: le plaidoyer de Bush pour l'Europe de la Défense

On en parlait beaucoup dans les cercles spécialisés. Mais on ne l'avait jamais vu.

Du coup, certains doutaient de son existence.

Au cours du sommet de l'Otan, à Bucarest, début avril, George Bush a prononcé un discours -confidentiel- devant ses homologues dans lequel, assurait-on à Paris et à Berlin, il avait défendu, de manière tout à fait exceptionnelle pour un président américain, l'Europe de la Défense.

Mais, alors que la plupart des chefs d'Etat présents à ce sommet ont fait connaître le texte de leur propre discours, la Maison Blanche ne l'a pas rendu rendu public.

Si bien qu'au cours de ces dernières semaines on s'est demandé si les allégations de Paris et de Berlin étaient fondées et si Bush avait bien fait ce plaidoyer pour la défense européenne.

Je me suis procuré le texte du discours (dans le cadre de la préparation d'un article sur Sarkozy et l'Otan à paraître demain dans le Nouvel Observateur).

Et, effectivement, Bush a bien prononcé les paroles historiques qu'on lui prête, et qui, en fait, ont été écrites conjointement par Jean-David Levitte, le conseiller diplomatique de Sarkozy, et Steve Hadley, son homologue auprès de Bush.

Il s'agit d'un revirement à 180° de la position traditionelle de la Maison Blanche vis-à-vis de l'Europe de la Défense, considérée jusqu'alors comme une machine française à détruire l'Otan.  

Le rapprochement spectaculaire de Sarkozy vers l'Alliance Atlantique (dans les conditions discutables que je décris dans l'article de demain) a évidemment permis la rédaction d'un tel discours.

Ainsi, bien sûr, que l'enlisement de l'armée américaine en Irak et en Afghanistan, où Washington a désespérement besoin des alliés européens.

Reste à savoir pourquoi la Maison Blanche n'a pas voulu faire connaître ce texte, et si les belles paroles de Bush se traduiront dans les faits, après son départ de la Maison Blanche.

Voici en tous cas, et en exclusivité, le passage concernant la défense européenne.

Extraits du discours de Bush au sommet de l'Otan

"...les nombreux défis auxquels nous faisons face à l'aube du 21ème siècle exigent une Otan forte et une Union Européenne forte. Les nations alliées, y compris la France, ont travaillé ensemble pour transformer l'Otan face aux nouveaux défis de sécurité en élargissant sa composition, en construisant des partenariats et en lançant des opérations loin des rives de l'Otan.

J'accueille favorablement l'intention du président Sarkozy de rendre à la France tout son rôle dans cette Otan transformée, et qu'elle assume ainsi sa place dans toutes les structures de l'Otan. Ceci renforcera l'Otan et notre capacité à faire face aux défis communs. Notre avenir est ensemble.

En même temps, l'Union Européenne doit être un acteur fort et efficace sur la scène internationale - y compris sur les questions de sécurité. Face aux défis de sécurité d'aujourd'hui, il est de la plus haute importance que les nations européennes développent des capacités suffisamment robustes et flexibles pour participer tant à des opérations de l'Otan que de l'Union Européenne.

Comme je l'ai dit, l'Amérique soutient une Europe forte car nous avons besoin d'un partenaire fort pour faire progresser la liberté dans le monde. Une Europe plus forte contribue à la sécurité et à la stabilité européenne et mondiale. C'est pourquoi les États-Unis encouragent leurs amis et alliés à mobiliser les ressources et à prendre les mesures nécessaires pour renforcer leurs capacités de défense.

Nous devons aussi reconnaître que les opérations du 21ème siècle doivent inclure un large éventail d'activités civiles et militaires - des activités où l'Otan et l'Union Européenne ont des forces différentes. Ces deux grandes institutions doivent être des partenaires stratégiques, capables de travailler efficacement ensemble pour défendre nos valeurs communes et nos intérêts communs. Nous avons vu cela dans les Balkans et en Afghanistan, où l'Otan et l'Union Européenne sont engagées dans un effort conjoint. C'est pourquoi je soutiens fermement la coopération la plus étroite possible entre l'Otan et l'Union Européenne, afin que nous puissions apporter toutes capacités civiles et militaires pour faire face aux défis auxquels fait face notre communauté transatlantique."