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Elephant : "Gainsbourg était le premier à savoir faire sonner le français sur de la pop" (Interview)

Publié le 17 juin 2013 par Swann

A Toulouse, enfin la chaleur est revenue. Cette chaleur lourde et sèche qui tombe sur les épaules quand on sort de chez soi. Il est 17h30, j’arrive à la Dynamo, salle où se produiront ce soir Elephant et leur groupe. Comme beaucoup de petites salles de grandes villes, l’antichambre est recouverte d’affiche des concerts passés et à venir. On m’accueille gentiment, le groupe est en train de répéter « les voyages ». Ils ont un souci technique qu’ils ne parviennent pas à résoudre, et qui les empêche d’être tout à fait à l’aise au chant. Toutefois, attentifs à la première partie qui n’a pas pu encore faire ses balances, ils préfèrent arrêter. Ils se restaurent un peu, une salade pour l’un, une banane pour l’autre. Se présentant à moi, ils s’excusent de devoir ranger le matériel et de me faire attendre. Ils ne vont pas tant tarder que cela.

Après avoir tenté de trouver dans le quartier une pédale de piano qui leur manquait, nous nous installons à la terrasse d’un café. Lisa et François (L & F ant !) ont l’air contents de pouvoir s’être promenés et de faire une pause : « d’habitude, on ne sort même pas de la salle, ça fait du bien ». C’est le 4ème concert avec leur nouvelle formation, mais en duo, ils ont déjà « joué dans toutes sortes de salles, devant 1500 personnes ou 20, c’est toujours un plaisir ». Ils viennent de faire Taratata  « une super expérience, une consécration ! » (Guillaume, « solution man », leur régisseur-ingénieur du son suggère que l’émission s’arrête à cause d’eux : les producteurs « se sont dit qu’ils ne pourront faire mieux »). Ils viennent aussi d’apprendre qu’ils vont faire la première partie de Patrick Bruel à Bercy : « tu te rends compte, me dit Lisa plus qu’heureuse de la nouvelle, Bercy, la plus grande salle de France, après c’est le Stade de France ! »

Rencontrés au fonds de l’hiver 2007, c’est en 2009 que débute véritablement l’aventure musicale, avant, « c’était comme une maturation ». François, violoniste, sera plus sur la musique, Lisa, comédienne, s’occupera plus des paroles, même si c’est un peu réducteur de le présenter ainsi, et Lisa précise : « je vais l’embêter sur ce qu’il fait, et François vient faire pareil sur ce que je fais, on part plus d’une idée ». Mis à part une chanson en anglais, « venue d’une blague », le groupe chante en français : « quand on parle là, c’est en français m’explique François, c’est donc naturel qu’on chante en français aussi ». Entre autres références, ils assument celle faite à Gainsbourg, « le premier à avoir su faire sonner le français sur de la pop », et se rappellent quelques clins d’œil à l’homme à tête de chou dans leur album : « Melody Nelson sur “Lisa” ou la Mustang ». Au-delà de tout, ils entendent servir leurs chansons sans entrer dans des facilités de voix comme d’autres groupes pop peuvent faire : « parfois en fonction des propos des chansons, c’est la voix de Lisa qui est mise en avant, mais la volonté d’Elephant, c’est qu’il y ait deux voix qui n’en font qu’une. » La chanson qui les suit depuis longtemps, c’est « Lisa ». Entre l’EP et l’album, deux versions très différentes. « C’est la seule qu’on ait gardée. C’était une manière de l’intégrer au disque. C’est comme dans un film dont on fait la suite. Quand tu le reprends trois ans après, l’acteur principal a changé. Il a vieilli, il a plus de barbe ». Cette volonté de servir leurs chansons, on la retrouve dans leur clip. Fort de ses études de cinéma, c’est Lisa qui prend les rênes, même si, comme dans les chansons, c’est un travail qu’ils font ensemble. « On a été très bien entouré. Souvent, on a plein d’idée, on fait chier tout le monde pendant un mois, mais au final on y arrive toujours ! »

A Toulouse enfin, on sent la chaleur s’estomper peu à peu tout en laissant son empreinte dans le macadam. Elephant quitte la terrasse du café. François d’abord veut tenter de régler un problème technique qui le tracasse. La discussion s’éloigne alors vers d’autres horizons avec Lisa son régisseur et son bassiste : la Pologne, le milieu jazz parisien, et les couleurs de la ville. Lisa ensuite va se préparer pour le concert qu’ils vont donner ce soir. Un dernier au revoir, un dernier merci, et une belle rencontre.

Charles L.


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